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À La Une - France

Des familles de femmes et enfants de jihadistes retenus en Syrie portent plainte contre Le Drian

Le ministère français des Affaires étrangères s'est défendu de toute inaction dans ce dossier, tout en soulignant que sa "priorité" était le retour des mineurs orphelins ou isolés.


Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le 19 août 2019 à Bormes-les-Mimosas, dans le Var, en France. GERARD JULIEN, AFP

Des familles de femmes et d'enfants de jihadistes français retenus dans des camps kurdes en Syrie ont porté plainte contre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour "omission de porter secours", mettant en cause l'inaction de Paris dans ce dossier sensible.

Ces plaintes, dont l'AFP a eu connaissance, ont été déposées en juillet et septembre en France auprès de la Cour de justice de la République (CJR) - seule instance habilitée à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.

Les plaignants, une dizaine de familles au total, reprochent au chef de la diplomatie française de refuser, de manière "pesée, volontaire et intentionnelle", de rapatrier ces femmes et enfants des camps kurdes de Syrie alors qu'ils sont "en situation de péril". "Depuis des mois, les Kurdes n'ont de cesse d'exhorter les États à prendre leurs responsabilités et rapatrier leurs ressortissants", observent les familles dans ces plaintes. Or, jusqu'ici, le gouvernement français n'a accepté de rapatrier des enfants de ces camps qu'au "cas par cas", insistent-elles.

Après des mois de tergiversations dans un contexte d'hostilité d'une opinion française marquée par la vague d'attentats jihadistes depuis 2015, Paris a procédé à plusieurs rapatriements depuis mars, notamment en juin celui de 12 enfants, majoritairement des orphelins.

Températures extrêmes aussi bien en été qu'en hiver, manque d'eau et de vivres, épidémies de tuberculose ou encore de choléra, absence de soins... Les plaignants décrivent des conditions qui empirent dans ces camps, comme le "climat d'insécurité".

Plus de 70.000 personnes - Syriens et Irakiens, mais aussi des Françaises, Belges ou Allemandes - sont en particulier entassées dans le camp d'al-Hol. Elles y ont été transférées après leur évacuation des territoires contrôlés par le groupe État islamique (EI) au fur et à mesure de l'avancée de la coalition arabo-kurde, conclue par la chute en mars de Baghouz. Au total, quelque 12.000 étrangers - 4.000 femmes et 8.000 enfants - se trouvent dans les camps du nord-est, selon les autorités kurdes.

"C'est un choix politique de ne pas sauver ces enfants et ces mères détenus arbitrairement", estime auprès de l'AFP l'un des trois avocats des plaignants Me Marie Dosé, affirmant qu'un Français de 12 ans était mort la semaine dernière dans le camp d'Al-Hol.

Multiples procédures
Sollicité par l'AFP, le ministère français des Affaires étrangères s'est défendu lundi de toute inaction dans ce dossier, tout en soulignant que sa "priorité" était le retour des mineurs orphelins ou isolés. "Les mineurs retenus dans le Nord-Est syrien se trouvent dans des camps placés sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes. Ils ne sont donc pas sous le contrôle effectif de la France", a fait valoir une porte-parole du ministère.

Depuis un an, des recours ont été lancés tous azimuts pour tenter de faire rapatrier ces personnes. Au début de l'année, les autorités françaises avaient préparé un plan de rapatriement global des jihadistes et de leurs familles, qui n'a toutefois jamais été mis en œuvre, selon des documents révélés par le journal Libération et consultés par l'AFP.

Début juillet, les trois avocats des plaignants avaient déjà déposé auprès du tribunal de Paris une dizaine de plaintes pour "détention arbitraire" et "séquestration", après le classement de plaintes initiales par le parquet de Paris en 2018. Les grands-parents de deux enfants se sont par ailleurs tournés en mai vers la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

En début d'année, plusieurs avocats ont aussi attaqué l'État devant le Comité des droits de l'enfant, organisme de l'ONU. Le Défenseur des Droits Jacques Toubon a de son côté appelé à faire cesser les "traitements inhumains" subis par les enfants de jihadistes et leurs mères dans les camps en Syrie.

Dans un courrier daté de mi-juin, le Premier ministre français Édouard Philippe a rejeté les critiques contre son gouvernement, assurant que la France respectait ses engagements internationaux.



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commentaires (5)

Ils ont voulu partir ils n'ont qu'à rester là où ils sont . Maintenant ils se rappellent qu'ils sont français , figli di buona donna ,come on dit en Italien.

Eleni Caridopoulou

21 h 06, le 16 septembre 2019

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Commentaires (5)

  • Ils ont voulu partir ils n'ont qu'à rester là où ils sont . Maintenant ils se rappellent qu'ils sont français , figli di buona donna ,come on dit en Italien.

    Eleni Caridopoulou

    21 h 06, le 16 septembre 2019

  • RAPATRIER DE FUTURS JIHADISTES EST UN DILEMME MAJEUR POUR LES ETATS CONCERNES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 35, le 16 septembre 2019

  • Ils ont quittés la France parce ce pays n'est pas le le leur .Ils s'y sentaient mal à l'aise , obligés de vivre en paix avec des Chrétiens et des Juifs , obligés de vivre sous une loi qui n'est pas la charia . Le Peuple français , dans sa grande majorité ne les supportent plus ! Ce sont eux qui ont déclenché les réflexes d'islamophobie dont ils sont les seuls à se plaindre . Qu'ils restent au milieu de l'Oumma . Et si ça ne leur plaît pas , alors Ciao les gars !

    yves gautron

    17 h 33, le 16 septembre 2019

  • Lorsqu'on commet un crime contre l'humanité POUR son pays on assume . A CELUI QUI VEUT ENTENDRE , SALUT .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 57, le 16 septembre 2019

  • lorsqu'on commet un crime contre son pays, on l'assume. Point final.

    Un Libanais

    16 h 04, le 16 septembre 2019

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