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À La Une - Témoignage

La "grande joie" des proches des enfants de jihadistes français rapatriés de Syrie

Après ces rapatriements au compte-goutte, les familles des autres enfants dénoncent "un cas par cas insupportable" pour les leurs.

Des enfants regardant les ruines d'un immeuble visé par un bombardement aérien en Syrie. Photo d'illustration AFP/AMER ALHAMWE

"C'est une grande joie" : les proches de deux des douze enfants de jihadistes rapatriés de Syrie lundi en France se réjouissent de les voir "récupérer les années perdues, à l'école, avec une vie normale".

"C'est une grande joie pour nous, nous tenons à remercier l'Etat français", explique Karim*, 37 ans, dans le bureau de son avocate Sophie Mazas à Montpellier (sud). Ses neveux, Leïla*, une fillette de 10 ans née en France d'une première union de sa mère, et Hicham*, petit garçon de 3 ans, faisaient partie du groupe.

Contrairement aux dix autres arrivés en France, Leïla et Hicham ne sont pas orphelins : leur mère, la sœur de Karim, a donné l'autorisation pour leur rapatriement alors qu'ils se trouvaient dans un camp au nord de la Syrie, a précisé devant la presse Me Mazas, présidente de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) dans sa région. Les enfants "vivent depuis deux ans sous des tentes, avec des maladies, des températures extrêmes", assure Karim. L'avocate montre des photos des deux enfants portant, selon elle, des traces de caillassage sur leur visage. Sur l'un des clichés, Leïla porte un voile, "pour éviter d'être à nouveau caillassée dans le camp", assure Me Mazas. Elle sourit, mais "son regard est vide, n'exprime plus rien", commente l'avocate.


"Papa, il faut que je rentre"

Hicham est né en Syrie mais Leïla va pouvoir revoir son père, Adam*, resté en France et séparé de la mère au moment du départ de cette dernière en Syrie. "Elle va récupérer les années perdues, à l'école, avec une vie normale, comme avant" confie-t-il mardi soir à l'AFP. "J'espère la revoir le plus vite possible... ce n'est pas facile depuis quatre ans. J'avais peur qu'elle ne revienne pas ", se souvient-il, les yeux embués. Il montre des dessins que Leïla lui envoyait via l'application WhatsApp et fait écouter plusieurs messages audio. "Papa, il faut que je rentre", peut-on entendre à plusieurs reprises. "Je t'aime. Vous me manquez beaucoup".

C'est Me Mazas qui a informé Adam, lundi matin, du retour de sa fille en France. "J'ai pleuré. Je remercie l'Etat français de penser aux enfants", dit-il simplement. Sa fille avait six ans quand elle a été emmenée en Syrie. "Les parents de mon ex-femme m'ont prévenu de son départ quelques jours après. Je n'étais pas d'accord pour que ma fille aille chez des assassins! J'ai porté plainte pour enlèvement d'enfant, j'ai relancé, en vain", affirme-t-il.

Après ces rapatriements au compte-goutte, les familles des autres enfants dénoncent "un cas par cas insupportable" pour les leurs. Après le retour de cinq premiers orphelins en mars, Paris a rapatrié lundi douze gamins, dont dix orphelins et les deux neveux de Karim. Selon les familles et leurs avocats, une centaine de mères et environ 200 enfants français, aux trois quarts âgés de moins de 5 ans, survivent "dans des conditions sanitaires déplorables" dans les camps syriens, où sont détenues par les combattants kurdes des centaines de familles étrangères qui avaient suivi l'Etat islamique (EI) dont le dernier bastion est tombé en mars.

A l-Hol, le plus grand camp, la situation sanitaire est "critique", a affirmé fin mai l'ONG Médecins sans frontières (MSF). Fin avril, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) y recensait 286 morts depuis le début de l'année, victimes notamment de déshydratation et de diarrhées aigües.

Paris continue de refuser catégoriquement tout rapatriement des adultes, hommes et femmes, estimant qu'ils doivent être jugés "là où ils ont commis des crimes". Onze Français détenus en Syrie ont été transférés en Irak et condamnés à mort ces dernières semaines.


* Les prénoms ont été modifiés



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