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Santé - Étude

Dans les pays riches, le cancer tue deux fois plus que les maladies cardio-vasculaires

L’incidence du cancer n’est pas en train d’augmenter dans les pays postindustriels, ce sont les maladies cardio-vasculaires qui diminuent, ces pays ayant développé un système de prévention poussé de ces maladies.

Dans les pays à revenu élevé, un système de prévention très poussé des maladies cardio-vasculaires a été mis en place au cours des deux dernières décennies, préconisant un retour majeur à une vie plus active, au contrôle de l’alimentation avec réduction des sucres et des graisses ainsi qu’à la lutte contre le tabagisme. Cela a contribué à un contrôle, voire à un déclin des maladies cardio-vasculaires dans ces pays. Photo Bigstock

Une transition épidémiologique est en train d’être constatée dans les pays à revenu élevé où les décès causés par les maladies cardio-vasculaires (MCV) cèdent la place à ceux dus au cancer. Telles sont les conclusions d’une nouvelle étude parue en deux parties dans la revue scientifique The Lancet et présentée la semaine dernière au congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC).

Baptisé « Étude épidémiologique prospective des régions urbaines et rurales » (Prospective Urban and Rural Epidemiologic-PURE), ce travail présente dans une première partie des informations sur l’incidence des maladies communes, le taux d’hospitalisation et de décès qui y sont liés, et se penche dans une secondee partie sur les facteurs de risques cardio-vasculaires modifiables. L’étude porte sur 162 534 adultes d’âge moyen, suivis sur une période de neuf ans et demi, entre 2005 et 2016, dans vingt et un pays à revenu faible, moyen et élevé. Les pays sélectionnés sont : le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan, la Tanzanie et le Zimbabwe (pays à faible revenu) ; l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Chine, la Colombie, l’Iran, la Malaisie, la Palestine, les Philippines, la Pologne, la Turquie et l’Afrique du Sud (pays à revenu moyen) ; et le Canada, l’Arabie saoudite, la Suède et les Émirats arabes unis (pays à haut revenu).

Il en ressort que les maladies cardio-vasculaires restent à l’échelle mondiale la première cause de mortalité chez les adultes d’âge moyen avec 40 % des cas de décès, sauf dans les pays à revenu élevé où le cancer prend le dessus, causant deux fois plus de décès que les MCV. Selon ce travail, en 2017, les maladies cardio-vasculaires ont été à l’origine de 40 % des décès dans le monde contre 26 % dus au cancer. De plus, les gens des pays pauvres sont en moyenne 2,5 fois plus susceptibles de mourir d’une maladie cardiaque que ceux des pays riches. Toujours selon l’étude, le cancer, la pneumonie et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO, maladie principalement liée au tabagisme) sont plus fréquents dans les pays à revenu faible que dans ceux à haut revenu.



(Pour mémoire : Cancer au Liban : les chiffres de l’OMS, une arithmétique morbide à examiner avec précaution)



Maladies métaboliques, principale cause des MCV
« Le monde assiste à une nouvelle transition épidémiologique au niveau des maladies non transmissibles, les maladies cardio-vasculaires n’étant plus la principale cause de décès dans les pays à revenu élevé », a déclaré Gilles Deganais, professeur émérite à l’Université Laval, au Québec, coauteur des deux publications. « Comme le taux des MCV continue de baisser, le cancer pourrait devenir, dans quelques décennies, la principale cause de décès dans le monde. »

Concernant les facteurs de risque modifiables, la seconde partie de l’étude s’est penchée sur quatorze d’entre eux incluant les facteurs métaboliques (diabète, obésité abdominale, hypercholestérolémie et hypertension), comportementaux (tabagisme, sédentarité…), socioéconomiques (niveau d’éducation, pauvreté…) et psychosociaux, ainsi que l’environnement (pollution…). Il s’est avéré que l’ensemble de ces facteurs sont responsables de 70 % des cas de maladies cardio-vasculaires à l’échelle mondiale. Les maladies métaboliques sont en tête de liste de ces facteurs, causant 41,2 % des MCV, sachant que dans ce groupe, l’hypertension reste la principale cause de ces maladies comptant 22,3 % des cas. Ces facteurs de risque métaboliques ont joué un rôle plus important dans les maladies cardio-vasculaires dans les pays à haut revenu que dans ceux à faible revenu.



(Pour mémoire : L'espérance de vie des Européens, en hausse mais menacée par l'obésité)



Système de prévention poussé
Comment interpréter les résultats de cette étude ? Le Dr Salim Adib, épidémiologiste et professeur de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth, rappelle que « le cancer est une maladie gériatrique ». « Plus on vieillit, plus il y a un dérèglement au niveau de la division cellulaire, poursuit-il à L’Orient-Le Jour. Nos ancêtres mouraient de cancer. À partir des années 1970 toutefois, les maladies cardio-vasculaires se sont imposées face au cancer. Ces maladies d’urbanisation et de la civilisation moderne sont liées au nouveau style de vie qui est apparu, marqué par une alimentation riche en calories et en matières grasses, le tabagisme et l’absence d’activité physique. À partir des années 1970 donc, les taux de morbidité (incidence de la maladie) et de mortalité des maladies cardio-vasculaires s’est élevé de façon importante partout dans le monde, même dans les pays pauvres. Cette tendance se poursuit dans tous les pays qui sont en train d’entrer dans la modernité. »

Parallèlement, « dans les pays postindustriels, un système de prévention très poussé des MCV a été mis en place au cours des deux dernières décennies », ajoute le Dr Adib. « Ce système de prévention préconise un retour majeur à une vie plus active, au contrôle de l’alimentation avec réduction des sucres et des graisses ainsi qu’à la lutte contre le tabagisme qui, d’ailleurs, est en train de disparaître en Europe et en Amérique du Nord, souligne-t-il. Cela a contribué à un contrôle, voire à un déclin des maladies cardio-vasculaires. Donc, l’incidence du cancer n’a pas encore dépassé celle des maladies cardio-vasculaires qu’aux extrémités de la vie où il est en général le plus fréquent. Néanmoins, la fréquence des MCV commence à décliner en Amérique du Nord et en Europe occidentale. »

Quid du Liban ? « Malheureusement, les MCV et le cancer continuent d’augmenter, d’une part parce que nous sommes exposés à des facteurs de risque incroyables comme la pollution, d’autre part en raison du style de vie, déplore le Dr Adib. Sans oublier que le tabagisme est à son plus fort degré. Donc, nous avons des modèles qui ressemblent à ceux qui prédominaient dans les années 1990 et 2000, avec environ 40 % des décès qui sont dus aux maladies cardio-vasculaires (infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral). Le cancer vient en deuxième rang avec un taux de mortalité d’environ 20 %. Nous ne disposons pas de chiffres adéquats, mais rien n’indique non plus que les décès dus aux maladies cardio-vasculaires diminuent. Le contraire est vrai. Il y a de plus en plus de diabétiques, d’obésité et de tabagisme, ce qui entraîne nécessairement des accidents beaucoup plus sérieux. Donc, dans les pays riches, le cancer n’est pas en train d’augmenter, ce sont les maladies cardio-vasculaires qui diminuent. La proportion des décès par cancer est en train lentement de retourner à sa prédominance des années 1950 et 1960 dans les pays postindustriels qui ont réalisé l’importance de changer leur mode de vie. »



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commentaires (2)

Et dans les pays du tiers-monde on meurt de toutes ces maladies en vrac, en même temps et on meurt aussi pour des idées, mais pas de mort lente et jamais avant son heure.

Tina Chamoun

19 h 28, le 15 septembre 2019

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Commentaires (2)

  • Et dans les pays du tiers-monde on meurt de toutes ces maladies en vrac, en même temps et on meurt aussi pour des idées, mais pas de mort lente et jamais avant son heure.

    Tina Chamoun

    19 h 28, le 15 septembre 2019

  • Je crois fermement à la maladie prédestinée, on nait avec ses cancers et ils se développent en vous jusqu'à se révéler, sauf si vous avez pu les détecter à temps ce qui vous fera une rallonge de vie. On mourra toujours de quelque chose , de toute façon.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 44, le 15 septembre 2019

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