L’ancien chef militaire de la milice libanaise pro-israélienne de l’Armée du Liban-Sud, Amer Élias Fakhoury, jadis en charge de la tristement célèbre prison de Khiam durant l’occupation israélienne de la bande frontalière et dont le retour au Liban il y a quelques jours a suscité l'indignation, a reconnu, lors de son interrogatoire conduit par la Sûreté générale, avoir collaboré avec Israël.
Dans un communiqué publié vendredi par la SG, M. Fakhoury a également admis avoir obtenu, après avoir fui le Liban vers Israël en 2000, la nationalité israélienne et un passeport israélien grâce auquel il a quitté le territoire israélien. Selon des informations de L'Orient-Le Jour, il est également détenteur de la nationalité américaine et aurait fui le territoire libanais en 1998 pour Israël, avant de se rendre aux Etats-Unis. La Sûreté générale a aussi confirmé que l'ancien responsable militaire de l'ALS a été déféré auprès du commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, le juge Peter Germanos, qui a ordonné sa détention provisoire.
Dans la soirée, l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle) a confirmé la détention d'un général de l'armée libanaise, E.Y., qui avait accompagné Amer Fakhoury au bureau de la SG à l'Aéroport international de Beyrouth, à son arrivée au Liban. Une information rapportée plus tôt dans la journée par la chaîne du Hezbollah al-Manar. Concernant la garde à vue de ce général libanais, le commandement de l'armée a affirmé suivre cette affaire afin qu'elle soit "résolue selon les usages juridiques appropriés". Le commandement de l'armée a par ailleurs tenu à clarifier les circonstances dans lesquelles une photo rassemblant le commandant en chef, le général Joseph Aoun, et Amer Fakhoury, et qui a été largement partagée et condamnée sur les réseaux sociaux, a été prise. "Cette photo a été prise en octobre 2017, lors d'une soirée organisée par l'ambassadeur libanais à Washington en l'honneur du général Joseph Aoun. Les invités, dont M. Fakhoury, ont pris des photos avec le général, sans que cela n'implique qu'ils se connaissent personnellement", précise l'armée.
La chaîne al-Manar a par ailleurs ajouté, selon des informations qu'elle disait avoir, que "certains au sein de l’État tentent d'expurger les dossiers de 60 agents". Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, n'a pas tardé à réagir à cette information. "Les Libanais en général, et les habitants de Marjeyoun en particulier, ne pardonneront pas à ceux qui se sont ingéniés à infliger ainsi qu'à leurs familles de nouvelles souffrances. Les informations sur les tentatives d'effacer les casiers judiciaires de 60 agents israéliens doivent être prises avec le plus grand sérieux et faire l'objet d'un suivi", a écrit M. Khalil sur son compte Twitter.
(Lire aussi : L’homme fort de Khiam sous l’occupation israélienne en détention provisoire)
Amer Fakhoury, 56 ans, originaire du Liban-Sud, avait été condamné par contumace à 15 ans de prison en 1996, pour collaboration avec Israël. Son retour au Liban a suscité une vague d'indignation et reposé la question de la prescription des crimes qu'il aurait commis.
Dans ce contexte, l'avocat Hassan Bazzi a annoncé vendredi avoir déposé une note d'information contre l’ancien responsable militaire de l'ALS pour déterminer qui sont les personnes impliquées dans son retour. Le document était signé par une trentaine d'avocats et plusieurs ex-détenus de la prison de Khiam.
"Nous avons déposé, des dizaines de collègues, plusieurs ex-détenus et moi-même, une note d'information à la justice contre le boucher et agent Amer Fakhoury, avant de présenter une étude approfondie portant sur ses crimes contre l'humanité et leur non-prescription", a écrit M. Bazzi sur son compte Twitter.
Selon des informations de la chaîne locale LBCI, plusieurs anciens détenus de Khiam ont déposé des plaintes contre Fakhoury auprès du parquet du Liban-Sud. Ces plaintes n’auront pas d’incidence directe sur l’action du Tribunal militaire, auprès duquel il n’est pas possible de déposer plainte.
De son côté, le Centre Khiam de réhabilitation pour les victimes de torture a réclamé un "procès public" de l'ancien responsable de l'ALS, ainsi qu'un amendement de la loi sur les sanctions pénales pour les cas avérés de torture.
Jeudi, plusieurs anciens détenus avaient effectué un sit-in devant le Palais de justice en vue d’exprimer leur refus "de toute indulgence envers les agents de l’occupant israélien et de toute couverture pour leurs crimes", exigeant que "l’agent Fakhoury soit arrêté et jugé".
"Pas une seule personne détenue à Khiam n'a été épargnée par la torture physique et psychologique", a accusé Abbas Kabalan, qui a été prisonnier à Khiam de 1987 à 1988. "Fakhoury avait l'habitude d'ordonner la torture des détenus", a-t-il affirmé à l'AFP, assurant que M. Fakhoury a lui-même participé au tabassage de prisonniers. Hilal Salmane, ancien détenu, a pour sa part accusé M. Fakhoury d'avoir ordonné en 1989 de jeter dans une cellule une bombe incendiaire, provoquant la mort de son frère.
Le retour de Amer Fakhoury a également été dénoncé par le Parti syrien national social (PSNS), qui a demandé "l’application de la loi à l’encontre des agents", ainsi que par la branche jeunesse du Parti socialiste progressiste, qui a considéré que "ne pas juger Fakhoury constitue une insulte à la mémoire des Libanais".
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commentaires (8)
POURQUOI PERSONNE NE SE POSE LA QUESTION DE SAVOIR POURQUOI EST IL RENTRE AU LIBAN MAINTENANT? Peut etre cela aidera beaucoup a comprendre sa presence et l'aide qu'il a eu pour rentrer sans probleme tout en sachant que cela se saurat evidement Qui dit qu'il n'a pas des informations extraordinaires a fournir maintenant? En attendant devant ces cris hysteriques de vengeance , je n'ai pas entendu une volonte de juger ou d'emprisonner tous ces Libanais et Palestiniends et syriens qui ont captures, tortures et tres souvent tues des Chretiens et d'autres Libanais de religions differentes ( ceetains peut etre croupissent encore dans des prisons apres 40 ans ) Quelque soit ce qu'il a fait,la justice decidera de son sort en suivant les lois Libanaises pas Iraniennes ET CELA TOUT LE MONDE DOIT LE COMPRENDRE SI IL Y A PRESCRIPTION, IL SERA ACQUITTE S'IL N Y A PAS DANS LA LOI PRESCRIPTION, IL SERA CONDAMNE PAR LA JUSTICE PAS PAR L'HYSTERIE COLLECTIVE D'UNE POPULATION QUI J'AIMERAI LE RAPPELER A JETER DU RIZ ET APPLAUDIT LES ISRAELEIENS LORS DE LEUR ENTREE AU SUD DU LIBAN EN 1982 POUR SE DEBARRASSER DES MILICES ARMEES PALESTINIENNES QUI MALTRAITAIENT LES LIBANAIS AU SUD LIBAN QUELQU'UN S'EN SOUVIENT-IL ENCORE?
LA VERITE
02 h 07, le 14 septembre 2019