Amer Élias Fakhoury, rentré au Liban il y a quelques jours par l’aéroport, est en détention provisoire sur ordre du commissaire du gouvernement près la cour militaire, le juge Peter Germanos. L’ancien chef militaire de l’Armée du Liban-Sud, en charge de la tristement célèbre prison de Khiam au Sud (durant l’occupation israélienne de la bande frontalière), comptait apparemment sur le fait qu’il y a prescription de ses crimes, pour lesquels il a été condamné par contumace à 15 ans de prison en 1996, pour collaboration avec Israël. Sachant que le code pénal au Liban stipule que pour les jugements par contumace, la prescription s’applique dès que le double de la durée de la peine est passée, limitant cependant cette durée à vingt ans au maximum.
Selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour, la détention de Amer Fakhoury et l’enquête effectuée actuellement par la Sûreté générale se font indépendamment de la prescription des crimes pour lesquels il a été jugé par le passé. Il s’agit en fait de vérifier si ses liens avec Israël ont persisté au-delà de l’époque de son engagement auprès de l’ALS, selon des sources bien informées. L’issue de l’enquête déterminera le sort du prévenu.
Amer Fakhoury, 56 ans, originaire du Liban-Sud, détenteur de la nationalité américaine et ayant quitté le Liban en 1998 pour les États-Unis via Israël, espérait de toute évidence que son retour au Liban se passerait dans le calme. Mais les souffrances qu’il a infligées font en sorte qu’il n’a pas été oublié. Son retour a provoqué un tollé autant dans la rue que sur les réseaux sociaux.
En effet, la prescription des crimes ne signifie pas qu’ils sont oubliés par les principales victimes. Déjà, suivant les informations de la chaîne LBC, plusieurs anciens détenus de Khiam ont déposé des plaintes contre Fakhoury auprès du parquet du Liban-Sud. Ces plaintes n’ont pas d’incidence directe sur l’action du tribunal militaire, auprès duquel il n’est pas possible de déposer plainte.
Plusieurs anciens détenus ont, en outre, effectué hier un sit-in devant le Palais de justice en vue d’exprimer leur refus « de toute indulgence envers les agents de l’occupant israélien et de toute couverture pour leurs crimes », exigeant que « l’agent Fakhoury soit arrêté et jugé ». Le retour de ce dernier a également été dénoncé par le Parti syrien national social (PSNS), qui a demandé « l’application de la loi à l’encontre des agents », et par la branche jeunesse du Parti socialiste progressiste, qui a considéré que « ne pas juger Fakhoury constitue une insulte à la mémoire des Libanais ».
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commentaires (11)
Il faudra lui faire revisiter Khiam pour que, si jamais il a un brin de conscience, il puisse entendre les cris de souffrance de ceux qu'il torturait. Rien que pour ça il mériterait de croupir ad vitam aeternam dans ces mêmes cellules!!!
Tina Chamoun
09 h 51, le 14 septembre 2019