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Nos Lecteurs ont la Parole - Karim S. REBEIZ

Vive la différence

Dans une société saine et juste, l’homme est censé vivre libre tant que cette liberté ne porte pas un préjudice mental ou physique à autrui. Spécifiquement, le droit à la différence est une forme fondamentale de la liberté dont est censé jouir l’homme dès sa plus tendre enfance. Le droit à la différence implique aussi le droit d’exprimer respectueusement sa véritable pensée sur un sujet donné. La liberté d’expression n’a pas d’équivoque ou de demi-teinte. En d’autres termes, soit il y a liberté d’expression, soit il n’y a pas liberté d’expression. Il n’existe pas d’autres alternatives. Une semi-liberté d’expression ne serait autre qu’un faux-semblant, un stratagème lugubre pour étouffer les voix discordantes. En usant d’une métaphore, une femme est soit enceinte, soit elle n’est pas enceinte. Il n’existe pas de femmes qui peuvent être à demi-enceintes.

Malheureusement, la semi-liberté d’expression est de rigueur dans certaines cultures. Dans ce contexte, le droit à la différence serait une notion futile. En effet, il y aura toujours des sujets tabous, notamment en ce qui concerne le droit d’exprimer franchement son avis sur une certaine religion. En donnant libre cours à nos pensées, l’on risque d’engendrer une polémique qui risque de dégénérer en violence aveugle et absurde.

Cette contrainte à la liberté est due principalement à la pression sociétale sous forme de normes sacrées. Cependant, force est de constater qu’il serait absurde d’obliger quelqu’un à épouser les mêmes principes que les nôtres, même si les valeurs ont été préalablement définies par la majorité de la société.

Aussi, les contraintes imposées à la liberté d’expression engendrent une forme d’hypocrisie de masse. Les personnes ayant des opinions divergentes se verront contraintes de simuler pour paraître acceptable aux yeux de la société, même si les apparences externes sont en contradiction frappante avec leurs croyances internes. En cas de non-conformité, ces personnes vivraient en marge de la société. Pire, elles risqueraient la lapidation morale, voire physique dans certains pays.

Cette contrainte engendre une frustration interne qui peut éventuellement s’extérioriser de façon violente.

Alors que faut-il faire alors pour changer la société et promouvoir le droit à la différence ? Naturellement, des lois peuvent être promulguées pour garantir la liberté d’expression et ainsi le droit à la différence. Cependant, toutes les lois du monde seraient vaines si les mentalités ne changent pas au sein d’une société enfermée par des opinions préconçues. De prime abord, il serait nécessaire d’apprendre à la nouvelle génération à exprimer ses pensées de façon élégante et respectueuse. Il serait aussi nécessaire d’inculquer aux jeunes l’art de désapprouver une idée sans pour autant rejeter la personne qui exprime une idée contraire à leurs convictions. Il serait fondamentalement nocif, et aussi foncièrement grossier, de rejeter une personne simplement car elle exprime une idée qui ne correspond pas à nos attentes.

En évitant d’évoquer certains sujets et en censurant notre conversation, on empêche non seulement l’homme de s’approcher de la vérité suprême, mais aussi d’apprendre à dialoguer. Indéniablement, il y a une élégance et une richesse immense à savoir écouter autrui et à apprendre de nouvelles choses. C’est en dialoguant de façon saine et constructive que l’on évolue mentalement, socialement et psychiquement. C’est en dialoguant que nous apprenons de nouvelles choses surprenantes et enrichissantes sur nous, sur les autres, et sur les choses. C’est surtout en dialoguant que nous arrivons, enfin, à nous défaire de certaines idées préconçues qui nous ont été inculqués dès notre plus jeune âge par une société biaisée.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Dans une société saine et juste, l’homme est censé vivre libre tant que cette liberté ne porte pas un préjudice mental ou physique à autrui. Spécifiquement, le droit à la différence est une forme fondamentale de la liberté dont est censé jouir l’homme dès sa plus tendre enfance. Le droit à la différence implique aussi le droit d’exprimer respectueusement sa véritable pensée...

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