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Liban - Polémique

Plusieurs sit-in au Liban-Nord, contre « la dénaturation du drapeau national turc »

L’ambassadeur libanais convoqué à Ankara par le ministère turc des Affaires étrangères.

Hier, à Tripoli, des représentants de la communauté sunnite arboraient les drapeaux libanais et turcs, signe des liens forts qui unissent les deux pays. Photo Association libano-turque

Silence radio hier à Beyrouth et à Ankara, au lendemain de la convocation jeudi de l’ambassadeur du Liban en Turquie Ghassan Mouallem par le ministère turc des Affaires étrangères. Cette convocation est intervenue après qu’une banderole hostile à Ankara, où l’on voit le drapeau turc avec une tête de mort et l’inscription « vous dégagez », eut été accrochée à l’entrée de l’ambassade de Turquie à Rabieh. Une allusion aux propos tenus la semaine dernière par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait enjoint aux soldats israéliens se trouvant à la frontière avec le Liban de « dégager ». Une banderole dénoncée également hier dans la rue sunnite, dans le cadre de sit-in organisés au Liban-Nord, notamment à Tripoli, après la prière du vendredi.

L’agence de presse turque Anadolu indique que la Turquie a exprimé au diplomate sa « préoccupation » après cette « provocation », ainsi que son inquiétude quant à la sécurité de son ambassade au Liban, demandant aux autorités libanaises de prendre les mesures de sécurité nécessaires, afin de protéger l’ensemble des intérêts turcs au Liban, dont l’ambassade de Turquie.

Sollicité par L’Orient-Le Jour, l’ambassadeur de Turquie au Liban, Hakan Cakil, n’a pas souhaité s’exprimer. Il a juste fait savoir que la situation ne s’était pas davantage détériorée entre le Liban et la Turquie. De leur côté, l’ambassadeur du Liban en Turquie, Ghassan Mouallem, et le directeur des affaires politiques au ministère des Affaires étrangères, Ghadi Khoury, étaient injoignables. Dans la journée, cinq avocats – Mohammad Jaafil, Jihad Abou Ammo, Wissam Halabi, Firas Chreitah et Noureddine Baalbaki – ont présenté une note d’information au bureau du procureur général près la Cour de cassation contre le militant du Courant patriotique libre (CPL), Tony Orian, qu’ils accusent d’avoir accroché la banderole devant l’ambassade turque, pour « atteinte aux relations du Liban avec un pays ami ». Les avocats ont joint à cette note un CD et plusieurs photos.


(Lire aussi : Centenaire du Grand Liban : Ankara accuse Aoun de "révisionnisme politique")



« Aucune partie n’a le droit de se prononcer unilatéralement sur l’histoire »

Cette dénonciation intervient au moment où la rue sunnite (citoyens, députés, chefs religieux) poursuit ses mouvements de protestation contre les propos du président Michel Aoun et contre ce qu’elle qualifie de « dénaturation du symbole national turc ».

Le week-end dernier, le président Aoun avait déclaré, dans un discours prononcé pour le lancement des célébrations du centenaire du Grand Liban, que toutes « les tentatives de libération du joug ottoman s’étaient heurtées à de la violence, aux combats et dissensions confessionnelles ». « Le terrorisme d’État des Ottomans envers les Libanais, surtout lors de la Première Guerre mondiale, a fait des centaines de milliers de victimes, tuées soit par la famine, soit encore par la servitude ou la conscription », avait-il ajouté.

À Tripoli hier, mais aussi à Minié et Denniyé, après les condamnations de l’ancien mufti de la république, Mohammad Rachid Kabbani, de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora et de l’ancien ministre Achraf Rifi, des citoyens parmi lesquels des représentants de la communauté d’origine turkmène (estimée à 40 000 habitants au Akkar, à Denniyé et à Tripoli) ont manifesté après la prière du vendredi. « Il est inadmissible que le chef de l’État porte ainsi atteinte à la communauté sunnite », affirme à L’Orient-Le Jour le responsable de l’Association libano-turque basée à Tripoli, Khaled Tadmori.

Cet expert en histoire ottomane, également membre du conseil municipal de la capitale du Nord, rappelle que les Libanais n’ont jamais été capables de s’entendre sur un livre d’histoire unifié. « Dans ce cadre, martèle-t-il, aucune partie n’a aujourd’hui le droit de se prononcer de manière unilatérale sur l’histoire du pays. » « Le président Aoun a porté atteinte à la Turquie et salué la France. Alors que nous estimons que c’est tout le contraire », ajoute-t-il, énumérant les projets de développement réalisés par l’Empire ottoman au Liban, depuis la voie ferrée jusqu’aux sérails, en passant par les hôpitaux, les ports et les écoles. M. Tadmori rappelle pour l’occasion « les relations étroites entre Libanais et Turcs, souvent familiales, et de nombreuses familles du Nord sont originaires de Turquie ; elles portent encore le nom de villes de Turquie ».

Saluant de plus la décision d’Ankara d’autoriser les Libanais à se rendre en Turquie sans visa, « ce qui pousse chaque année plus d’un million et demi de citoyens à se rendre en Turquie », et notant que de plus en plus de Libanais vont étudier en Turquie, il se demande « si les récents incidents n’ont pas pour objectif de saper les excellentes relations entre les deux nations ». « Pourquoi nul n’a été arrêté pour dénaturation du drapeau turc », demande-t-il. Et d’estimer que « cette campagne orchestrée contre la Turquie est louche ». Elle a lieu au lendemain de la visite au Liban du ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu. « Une visite particulièrement réussie, la première depuis 8 ans, durant laquelle le ministre a été bien accueilli par tous. »


(Lire aussi : Ankara prié de « réparer la faute commise » envers Aoun)


Réparer la faute

Après le discours de Michel Aoun, le ministère turc des Affaires étrangères avait accusé le chef de l’État libanais de « révisionnisme politique », lui reprochant d’avoir « ignoré tous les événements qui ont eu lieu depuis la colonisation » occidentale de la région et « essaie de faire porter à l’administration ottomane la responsabilité des catastrophes d’aujourd’hui ».

Deux jours plus tard, l’ambassadeur de Turquie à Beyrouth avait été convoqué par le ministère des Affaires étrangères afin de s’expliquer sur les critiques de la diplomatie turque à l’encontre du chef de l’État libanais. Le ministère avait demandé officiellement à Ankara de « réparer la faute » qu’il lui reproche d’avoir commise. La demande avait été confiée à l’ambassadeur de Turquie qui avait été reçu par le directeur des affaires politiques, Ghadi Khoury. Ce dernier lui avait demandé des explications au sujet de la réaction « inamicale » d’Ankara au discours présidentiel.



Pour mémoire
Silence radio hier à Beyrouth et à Ankara, au lendemain de la convocation jeudi de l’ambassadeur du Liban en Turquie Ghassan Mouallem par le ministère turc des Affaires étrangères. Cette convocation est intervenue après qu’une banderole hostile à Ankara, où l’on voit le drapeau turc avec une tête de mort et l’inscription « vous dégagez », eut été accrochée à...
commentaires (6)

I'identité arabe s'est construite contre la Turquie. Nul ne peut effacer cette vérité historique.

Jean abou Fayez

11 h 03, le 08 septembre 2019

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Commentaires (6)

  • I'identité arabe s'est construite contre la Turquie. Nul ne peut effacer cette vérité historique.

    Jean abou Fayez

    11 h 03, le 08 septembre 2019

  • Quoi qu'ils disent certains, sunnites ou pas, la vérité ne changera pas. Ce ne sont pas les turcs qui vont faire la loi au Liban. Je répète. La vérité sur les crimes "ottomaniques" et ses génocides ne changera pas. C'est une évidence et le devoir de mémoire sera respectée. C'est normal et c'est l'histoire écrite et reconnue par tous, excepté par des malintentionnes.

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 13, le 08 septembre 2019

  • UNE CENTAINE DE MANIPULÉS.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    19 h 40, le 07 septembre 2019

  • La Turquie a colonisé le Liban. La France l'a aussi colonisé en mettant le liban sous mandat. Les sunnites ont profité de la colimisation turque en raison des privilèges que ces derniers leur accordaient. La France a été très partiale avec les chrétiens en les chouchoutant au grand max. Maintenant écoutez cette vérité, qu'en était il des chiites , les laisser pour compte par ces 2 puissances coloniales ? Non, l'Iran ni l'empire perse n'ont JAMAIS colonisé le Liban , colonisation voulant dire présence militaire physique du colonisateur. Alors les compatriotes libanais, calmez vous, il y a toujours pire dans la vie.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 09, le 07 septembre 2019

  • Après avoir été victimes de la répression la plus féroce suivie de la famine la plus atrcoce , les chrétiens libanais , arméniens , grecs etc ont aujourd'hui non seulement le droit à la mémoire , mais aussi le devoir de mémoire . On ne se réconcilie pas en cachant ses griefs ! On ne peut pas effacer le souvenir de nos aieux , souvenir toujours vivant en chacun de nous ! Les autorités de cette belle et majestueuse Turquie devraient d'abord et avant tout le comprendre et accepter la réconciliation véritable que nous lui avons toujours proposée . On reste sans voix devant ce déchaînement de nos amis sunnites du Nord , comme s'ils étaient satisfaits par les atrocités commises , et comme s'ils en voulaient encore plus pour satisfaire leur soif ! Les nations se basent sur la solidarité nationale d'abord et avant tout , hélas !

    Chucri Abboud

    14 h 48, le 07 septembre 2019

  • Dans ce pays, on se chamaille pour les Saoudiens, pour les Iraniens, pour les Syriens, pour les Qataris, pour les Français, manquait plus que ça, se chamailler pour les Turcs! Gibrane, réveille-toi, ils sont devenus fous! "Pitié pour la nation divisée et dont chaque partie revendique pour elle-même le nom de nation"...

    otayek rene

    14 h 44, le 07 septembre 2019

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