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Culture - Exposition

De chardons et de pins, « l’intelligence de la nature » selon Nada Matta

Cette « nouvelle » artiste fait éclore sur des toiles de grand format des champs de fleurs sauvages ou d’ardentes pinèdes. Tout ce qui fait le paysage libanais en somme. Qu’elle reproduit, dans un style contemporain, à l’encre de Chine rehaussée de touches de couleurs vibrantes...

« Light Forest », encre de Chine et acrylique sur papier coton marouflé (170x100 cm ; 2019)

Du plus loin qu’elle s’en souvienne, Nada Matta a toujours dessiné. En particulier tout ce qui avait le pouvoir de l’émouvoir. À l’instar de la nature sauvage dont elle ressentait, toute petite déjà, « la vibration et la pure intelligence », ou encore de l’univers de la petite enfance, « cette phase de la vie où l’être est au plus près de sa vérité, de son authenticité… », soutient-elle.

Il était donc naturel qu’elle se dirige, après le bac, vers une formation artistique. Sauf qu’à peine diplômée de l’ATEP, une école d’art et de communication visuelle à Paris, la jeune femme se marie et fonde une famille nombreuse. Sept enfants au compteur! Lesquels vont évidement phagocyter son emploi du temps. Impossible, alors, pour cette « maman d’abord » de s’adonner tranquillement à sa passion pour l’art pictural. Même si elle continuait de croquer, par-ci par-là, « des moments du quotidien intensément vécus ».


Une sensibilité frémissante

À l’aube de la quarantaine, sa progéniture ayant grandi, Nada Matta prend un nouveau tournant dans sa vie. Après des années de mise en veilleuse, elle peut, enfin, se consacrer plus amplement à l’art. Et à la création. Elle commence par imaginer et illustrer un conte pour enfants intitulé Petite Pépite (éditions MeMo). Ce livre, qui est en fait une déclaration d’amour à sa fille trisomique, lui vaut de nombreux commentaires élogieux, notamment pour ses illustrations, ainsi que le prix Sorcière en 2017 – décerné conjointement par l’Association (française) des librairies spécialisées jeunesse et l’Association des bibliothécaires de France. « Cela m’a donné des ailes », confie cette artiste chez qui l’on devine, sous une extrême réserve, une sensibilité frémissante. Désormais confiante en ses possibilités, elle laisse libre cours à son talent, au tracé de sa plume, à son envie de traduire, à sa manière, l’émerveillement que lui procure le paysage libanais. En témoignent les toiles qu’elle expose, jusqu’au 17 septembre, chez Mission Art. Dans ce nouvel espace d’exposition situé à Mar Mikhaël, les 25 paysages à l’encre de Chine et techniques mixtes sur papier marouflé, qu’elle a composés au cours de ces derniers mois, expriment son indéniable réceptivité aux vibrations de la nature.


Intensité et délicatesse

Celles-ci s’expriment dans ses compositions ardentes, aux lignes et masses rythmées. Ainsi que dans l’ampleur et la vivacité de son geste, qui reste cependant maîtrisé. Et dont le tracé délicat sur papier donne naissance à de foisonnants champs d’herbes folles, de fleurs sauvages et de chardons… Ou encore à de vibrants arbres de pins qu’elle représente souvent en contre-plongée, troncs aux écorces écornées par le temps, mais à l’élan puissant vers le ciel…

À l’encre noire, rehaussée de couleurs vives à l’acrylique, ces paysages que Nada Matta décline inlassablement (dans divers formats allant des 50x70 cm aux 2x3 mètres) ont assurément de quoi séduire. En particulier, les amateurs d’une peinture libanaise à la fois contemporaine et stylisée, mais en même temps dégageant ce ne je sais quoi de nostalgique…


Mission Art

Rue d’Arménie, imm. Jabre, 1er étage. Face escaliers Vendôme. Horaires d’ouverture : de mardi à dimanche, de 16h à 20h. Jusqu’au 17 septembre.


Un nouvel espace dédié à l’art à Mar Mikhaël

L’art, décidément, ne craint pas la crise à Beyrouth ! Plus d’une galerie a ouvert ses portes, cette année, dans différents quartiers de la ville. Dont un nouvel espace à Mar Mikhaël, lancé par Toufic el-Zein (ex-éditeur, à la tête d’une agence de communication) et Ghiath Machnok (l’un des fondateurs de la maison des Arts à Damas, dans les années 80). Logé au premier étage d’un ancien immeuble de la rue d’Arménie – resté dans son jus –, et (quand même pompeusement) baptisé Mission Art, il est composé de deux appartements mitoyens qui instaurent une circulation inédite des visiteurs à travers les expositions qui y sont présentées. Avec des œuvres réparties entre les cimaises d’un premier studio/espace d’accrochage et, un peu plus loin, sur le même palier, une sorte d’appartement témoin, aménagé avec un mobilier et des objets design, Mission Art semble vouloir renouveler les codes de la visite en galerie. En y apportant un zeste de changement agrémenté d’un léger parfum de nostalgie sixties…


Pour mémoire

Elle est différente, c’est tout...

Du plus loin qu’elle s’en souvienne, Nada Matta a toujours dessiné. En particulier tout ce qui avait le pouvoir de l’émouvoir. À l’instar de la nature sauvage dont elle ressentait, toute petite déjà, « la vibration et la pure intelligence », ou encore de l’univers de la petite enfance, « cette phase de la vie où l’être est au plus près de sa vérité, de son...

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