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Liban - Éclairage

Pour Aïn el-Tiné, la délimitation des frontières avec Israël est un dossier éminemment « chiite »

Le président du Parlement Nabih Berry. Photo d’archives Reuters

Le dossier de la délimitation des frontières terrestre et maritime avec Israël, que gère depuis le début le président du Parlement Nabih Berry, restera aux mains de ce dernier qui continuera à parrainer le processus des pourparlers indirects engagés avec l’État hébreu, via une médiation américaine.

C’est ce qu’affirment les visiteurs de Aïn el-Tiné qui se sont dépêchés hier de démentir les rumeurs selon lesquelles ce dossier sera désormais confié au gouvernement. Ces rumeurs, poursuivent les sources proches de M. Berry, ont commencé à circuler après la récente visite du Premier ministre Saad Hariri aux États-Unis. Elles seraient destinées à brouiller la relation entre ce dernier et M. Berry, surtout après que le chef du gouvernement eut évoqué depuis Washington la solidité du front politique qui regroupe MM. Hariri, Berry, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt et le chef des Forces libanaises Samir Geagea. M. Hariri avait clairement indiqué à ce propos que si l’une des composantes de ce front était touchée, les autres le seraient tout autant.

Dans les milieux haririens, on explique les tentatives visant à propager un climat de discorde par une volonté de faire du parasitage autour de la visite de M. Hariri à Washington, où il a eu des entretiens qualifiés de fructueux et de positifs, les responsables américains ayant renouvelé leur soutien au gouvernement et exprimé leur volonté de poursuivre leurs aides au pays du Cèdre. Ils ont réitéré par la même occasion leur attachement à la stabilité du Liban qui reste aux yeux de l’administration américaine une ligne rouge à ne pas franchir. M. Hariri a également reçu des assurances sur la volonté des États-Unis de poursuivre leur soutien à l’armée qui est garante de la sécurité et de la stabilité du pays. Les interlocuteurs du chef du gouvernement à Washington se sont également engagés à poursuivre leur médiation en vue du règlement du litige frontalier entre le Liban et Israël.

Dans les milieux de Aïn el-Tiné, on insiste cependant : en dépit de sa portée nationale, le dossier de la délimitation des frontières terrestre et maritime entre les deux pays est un dossier « chiite » par excellence, comprendre qu’il reste du ressort de cette communauté, le Hezbollah ayant délégué la responsabilité de sa gestion à M. Berry qui reste l’interlocuteur privilégié des pourparlers en cours.

Côté américain, la médiation sera désormais confiée au nouveau sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient David Schenker, qui remplace à ce poste David Satterfield. C’est donc avec M. Schenker, attendu au Liban le 13 septembre prochain, que M. Berry poursuivra les échanges, soulignent les sources pour couper court aux rumeurs.

De source proche du Hezbollah, on indique que M. Berry a été officiellement chargé de gérer ce dossier lors d’une réunion à Baabda à laquelle ont pris part, outre le président de la République Michel Aoun, le Premier ministre et le président du Parlement. Les trois responsables sont convenus ensemble d’une feuille de route définissant la position libanaise qui avait à l’époque été remise à l’ambassadrice des États-Unis, Elizabeth Richard.

Dans cette feuille de route, le Liban exprime son souhait de confier l’opération de délimitation aux Nations unies, seule instance susceptible de garantir un tel processus et généralement désignée pour trancher toutes sortes de conflits frontaliers dans le monde.

Le Liban a insisté également sur le principe de la concomitance des deux volets, terrestre et maritime, deux opérations qu’il considère comme indivisibles et qui doivent aller de pair. La partie libanaise a souhaité par ailleurs que les États-Unis puissent apporter les garanties nécessaires de sorte à s’assurer que l’État hébreu s’en tienne aux termes de la délimitation que le Liban aura préalablement approuvée.

La désignation de M. Berry, chargé d’orchestrer le processus des pourparlers en amont, a été avalisée par le Hezbollah, plus précisément par son secrétaire général Hassan Nasrallah, auprès duquel le président de la Chambre a obtenu le feu vert et le soutien total. Nasrallah a également donné son aval à la feuille de route présentée par le Liban. Pour le parti chiite, seul Nabih Berry est à même de mener ce dossier à bon port et personne d’autre, rappelle-t-on dans les milieux proche du Hezbollah.

Nabih Berry attend pour l’heure la visite de David Schenker pour prendre connaissance de la position de l’administration américaine à ce sujet. Après avoir transmis aux responsables libanais un message positif de la part des Israéliens, son prédécesseur David Satterfield, qui faisait la navette entre Beyrouth et Tel-Aviv, était retourné à Beyrouth une dernière fois pour transmettre le refus de l’État hébreu du parrainage du processus par les Nations unies comme l’exigeait la partie libanaise. Israël a également refusé le principe de la concomitance des deux volets terrestre et maritime, ainsi que le délai de six mois imparti pour la finalisation de la délimitation.

Il reste à voir si le nouvel émissaire américain réussira à relancer ce dossier en prenant en considération les requêtes formulées par le Liban et s’il sera à même de contrer la politique d’obstruction pratiquée par Israël.

Les informations en provenance de Washington font état d’une volonté ferme de la part du président Donald Trump d’en finir avec ce dossier au plus tôt, d’autant que le Liban est invité par la suite à entamer le même processus avec son voisin syrien pour délimiter la frontière du côté est et mettre un terme aux opérations de contrebande et d’infiltration d’armes.

Le dossier de la délimitation des frontières terrestre et maritime avec Israël, que gère depuis le début le président du Parlement Nabih Berry, restera aux mains de ce dernier qui continuera à parrainer le processus des pourparlers indirects engagés avec l’État hébreu, via une médiation américaine. C’est ce qu’affirment les visiteurs de Aïn el-Tiné qui se sont dépêchés hier...

commentaires (15)

le fait de confier ce dossier a Mr Berry veut dire qu'il n'y aura pas solution a ce probleme.C'est la meme chose avec le dossier de la fameuse strategie de defense qui est confie au President Aoun.

EL KHALIL ABDALLAH

13 h 17, le 23 août 2019

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Commentaires (15)

  • le fait de confier ce dossier a Mr Berry veut dire qu'il n'y aura pas solution a ce probleme.C'est la meme chose avec le dossier de la fameuse strategie de defense qui est confie au President Aoun.

    EL KHALIL ABDALLAH

    13 h 17, le 23 août 2019

  • Cher Nabih Berry, Aucune région du Liban n'est éminemment chiite, maronite, sunnite, orthodoxe, druze ou catholique. Toutes les régions sont éminemment libanaises. Le religion est à Dieu et la Patrie est à tous.

    Un Libanais

    18 h 02, le 22 août 2019

  • Je ne savais pas que le sud est une question chiite et pas libanaise? Mais le sud du Liban appartient à qui? Au Liban , la Syrie , l'Iran ou aux chiites de quelle nationalité ? Vraiment je suis perplexe comme si la Sicille (en Italie ) n'est pas Italienne....

    Eleni Caridopoulou

    17 h 13, le 22 août 2019

  • On ne se gratte le mieux qu'avec ses propres ongles. Ceux qui ont le mieux subit la barbarie sioniste ne sont que les chiites. Publiez moi c'est un minimum de fair play.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 20, le 22 août 2019

  • Mais c'est quoi ce Pays? Etre Libanais c'est quoi en fin de compte? Faudrait peut etre creer un CONFEDERATION reunissant des cantons pour les 18 Communautes Relgieues reconnus au Liban? Misere....quelle decheance!

    IMB a SPO

    16 h 00, le 22 août 2019

  • le dossier de la délimitation des frontières terrestre et maritime entre les deux pays est un dossier « chiite » par excellence, comprendre qu’il reste du ressort de cette communauté, le Hezbollah ayant délégué la responsabilité de sa gestion à M. Berry qui reste l’interlocuteur privilégié des pourparlers en cours. VOILA LE LIBAN QUE LE PRESIDENT AOUN ET SON GENDRE NOUS ONT FAIT ARRIVER: HB DECIDE ET ON SE TAIT LA RELIGION CHIITE DEVEINT RESPONSABLE DE TOUT MEME DE LA GUERRE. IL N Y AURA PAS DE NEGOCIATIONS REUSSIENT CAR SI ILS ARRIVENT A OBTENIR TOUT CE QU'ILS VEULENT TERRITOIRES ET MARITIMES CELA VOUDRA DIRE LA FIN DE LA RAISON D'ETRE DES MILICES DU HEZBOLLAH DONC DANS LA PRATIQUE DE LA MAINMISE IRANIENNE SUR LE PAYS VOILA LA VRAI RAISON DE CET PHRASE: NOUS NE VOULONS PAS REUSSIR LA NEGOCIATION ET VOULONS LAISSER PLANER LE DANGER D'UNE GUERRE AVEC ISRAEL POUR MAINTENIR NOTRE MAIN MISE SUR LE PAYS MERCI PRESIDENT AOUN, GENDRE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET TOUS LES MOUTONS QUI ONT VOTES POUR EUX

    LA VERITE

    14 h 24, le 22 août 2019

  • On croit rêver! La délimitation des frontières, "une affaire éminemment chiite"!! Ainsi donc, le domaine régalien par excellence que sont la politique extérieure et le contrôle du territoire sont "délégués" à une communauté particulière (elle pourrait être maronite, sunnite ou druze, ça serait pareillement choquant...) Quel aveu d'impuissance de la part de l'Etat! Quel abandon de souveraineté!Jusqu'où le rabaissement de l'Etat et de ses institutions ira-t-il?

    otayek rene

    13 h 32, le 22 août 2019

  • Les frontières sont par définition des conventions artificielles et historiques basées sur le pouvoir du groupe le plus fort, il faut attendre que le fort devienne faible pour remettre en question la convention. On verra si le Danemark un jour va devoir céder.

    DAMMOUS Hanna

    12 h 05, le 22 août 2019

  • Le public se perd en conjectures ! En fait Berri prétend que le dossier doit rester entre ses mains et plutôt que passer aux mains du Gouvernement pour rassurer le Hezbollah . Car , et c'est là le point le plus délicat et le plus important : Délimiter les frontières avec l'ennemi risque de faire ricochet et d'aboutir à la reconnaissance officielle de l'entité israélienne qui n'a pas juridiquement aux yeux de l'ñEtat Libanais , droit à l'existence . La négotiation ne devrait pas déraper . Par conséquent elle doit rester sous le contrôle des Chiites . De plus , et c'est la le point le plus dangereux pour le Hezb , le tracé de la frontière , s'il est méticuleusement reconnu et respecté par l'entité sio niste , ôtera de jure au Hezbillah tout prétexte pour maintenir son droit à s'armer . Par le fait même , il devra rendre les armes , sans avoir le droit à négocier de contrepartie . Voilà pourquoi la visite de Hariri à Washington pour cette affaire risque de mettre le feu aux poudres dans nos affaires interieures . Et les américains ne sont pas des anges , ils peuveny être parfois aussi sournois que les israéliens .

    Chucri Abboud

    10 h 54, le 22 août 2019

  • La verite sort de la bouche de ce politicien...il n'y a plus de libanais..il y a des chiites..des sunnites ..des maronites...ect...alors arretez de parler du Liban en tant que pays...ce n'est qu'un ramassi d'individus sans aucun patriotisme..

    Houri Ziad

    10 h 33, le 22 août 2019

  • Le tracé de la frontière est-il devenu une affaire privée?

    Beauchard Jacques

    10 h 09, le 22 août 2019

  • L'essentiel est que ce dossier soit défendu de façon à préserver uniquement l'intérêt national du Liban. Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 53, le 22 août 2019

  • Cela est une première grave et dangereuse. Le dossier de la délimitation des frontières avec Israël une affaire Chiite? Elles sont ou les instances étatiques chargées de ces affaires? Le gouvernement? Le ministère des affaires étrangères? Le ministère de la défense? Il est ou alors le Bassil qui prétend vouloir rendre aux Chrétiens leurs droits alors qu'il n'est même pas apte a défendre ceux de ses propres prérogatives? Faut il lui rappeler que son ministère n'est pas une agence de voyage pour qu'il fasse campagne pour son exécrable personne auprès de la diaspora mais pour défendre les intérêts du pays? Il est ou son Président qui n'est bon qu'a défendre son gendre et couvrir les actions maléfiques du Hezbollah? C'est comme cela qu'il conçoivent la souveraineté du pays? C'est la dérive totale! Aoun et sa clique sont entrain de vendre le pays et de le conduire vers la catastrophe et la désintégration complète. C'est exactement ce que Bachar et le Hezbollah espère. le premier pour qu'un jour son rêve redevienne possible, avaler le Liban, le second pour le transformer en province Iranienne. Si nous ajoutons a cela le fait qu’Israël cherche aussi a nous rogner les ailes... Que va encore supporter le pays pour avoir un jour enfin la paix!

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 34, le 22 août 2019

  • DOSSIER CHIITE... PAS DOSSIER LIBANAIS ! VOILA QU,ON DONNE DES COULEURS COMMUNAUTAIRES A DES DOSSIERS DE POLITIQUE NATIONALE DU SEUL RESSORT DU GOUVERNEMENT DONC DU P.M. HARIRI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 30, le 22 août 2019

  • "la délimitation des frontières avec Israël est un dossier éminemment chiite" Pourquoi donc? cela concerne le Liban et n'a rien à voir avec une communauté religieuse quelconque!

    Yves Prevost

    07 h 02, le 22 août 2019

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