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Culture - À l’affiche

« Il était une fois Hollywood », un conte moderne de Quentin Tarantino

Brad Pitt, Leonardo DiCaprio et Margot Robbie, un trio époustouflant. Photo DR

Avec un casting haut de gamme – Leonardo DiCaprio, Bratt Pitt et Margot Robbie –, le cinéaste, qui signe son 9e film, rend hommage au Hollywood des années 70. Encore une déclaration d’amour au cinéma, à travers trois portraits : celui d’une star sur le déclin, d’un cascadeur et d’une actrice prometteuse. Excellent de par sa reconstitution de Hollywood, mais par ailleurs lent et long, les avis de « L’OLJ » sont mitigés. Voici les « pour » et les « contre ».

POUR

Danny MALLAT

Il a seize ans lorsqu’il abandonne ses études en Californie pour travailler comme projectionniste dans un cinéma porno et vendeur dans un magasin de location de films. Il se familiarise avec la Nouvelle Vague française, les films d’arts martiaux tournés à Hong Kong, les westerns américains ainsi que les films d’horreur de série B. Ce parcours initiatique, qui annonçait la carrière de Quentin Tarantino, allait nourrir les 159 minutes de Once Upon A Time… In Hollywood.

Lors de la projection de son film à Cannes, le cinéaste déclarait qu’il s’agissait de « son œuvre la plus personnelle », la somme de ses huit longs-métrages précédents, tous marqués par une cinéphilie aiguë et une fascination parfois malsaine pour la violence.

Ce film, que Tarantino annonce (au grand désespoir de ses fans) comme étant son dernier, offre quelque chose de plus calme qu’à l’accoutumée. Le spectateur y suit les déboires d’un acteur en perdition et de sa doublure et attend quelque chose qui va exploser sans jamais arriver.

Mais comment ne pas s’incliner face à cet effort titanesque de reconstitution ? Avec une précision chirurgicale du Los Angeles de 1969 en général, et des années 70 en particulier, rien n’est laissé au hasard. Comme si on y était ! On survole le ciel californien dans des avions Pan Am aux fauteuils en skaï qui atterrissent dans les aéroports aux comptoirs laminés orange, où transitent des valises en tissu de toutes les couleurs. On traverse les plateaux où se tournaient les séries western, les drive-in, les célèbres salles de cinéma sur les grands boulevards (Sunset, Hollywood) aux enseignes tapageuses qui brillent de mille feux. On feuillette les comics books qui traînent et on sirote les drinks avec la cerise ou la feuille menthe en sus, sans oublier les sauteries dans le Manoir Playboy.

Comment ne pas s’incliner face à l’interprétation de tous les comédiens, Tarantino ayant toujours su bien s’entourer et diriger son équipe à la perfection. Leonardo DiCaprio merveilleusement pathétique et d’une incroyable justesse qui ne cesse de verser des larmes et de nous attendrir ; Brad Pitt qui se surpasse et Margot Robbie en Sharon Tate pétillante et lumineuse. Sans oublier le rôle prédominant d’un personnage désespérément présent : la télévision. Elle est le média dans Once Upon a Time... In Hollywood qui préfigure la chute du cinéma et prône l’émergence d’une contre-culture, celle qui ouvre la voie à un nouveau Hollywood où le streaming est une bête affamée.

Et surtout comment ne pas s’incliner face à un scénario, une fois de plus, de qualité. Une écriture qui permet de transformer ces deux longues heures a priori banales sur le plan scénaristique en un véritable plaisir de cinéma. Reste la décence ou le sens du professionnalisme (pour des raisons historiques) d’un Tarantino universellement connu pour être enclin à la violence et qui utilise le drame Tate-Polanski en toile de fond sans jamais le développer. Il était une fois à Hollywood est un film mélancolique sur l’inévitabilité du changement et la certitude que toutes les bonnes choses ont une fin.


(Pour mémoire : Sur la Croisette, le show de Quentin Tarantino)


CONTRE

Colette KHALAF

Le génie est épuisé. Il ne peut plus sortir de sa bouteille monts et merveilles. Quentin Tarantino, qui signe son neuvième film avec Once Upon a Time... In Hollywood, n’a pas créé l’émerveillement comme à son habitude. Pourtant à chacune de ses œuvres (très attendues d’ailleurs) on découvrait de nouvelles pépites, des joyaux inédits d’un monde cinématographique toujours renouvelé. Et même si les précédents reprenaient souvent des éléments de son univers – quoi de plus naturel puisqu’il a baigné dans la pop culture qu’il ne dénigre pas –, ses films avaient ce « touch » au label reconnaissable. Elles étaient des œuvres atypiques. Quentin Tarantino a bien sûr mûri et grandi en âge. Il n’est plus ce jeune cinéaste qui casse la baraque, se fout de tout et brise les codes immuables, inamovibles. Se rappeler l’extraordinaire Inglorious Basterds où il avait même réussi à détourner le cours de l’histoire par le biais du cinéma en assassinant Hitler.

Dans Once Upon a Time... In Hollywood, le réalisateur annonce pourtant la couleur avec un titre évocateur, rappel du film de Sergio Leone, Once Upon a Time in the West, un cinéaste qui l’a beaucoup inspiré avec ses westerns spaghettis. Il y a aussi toute la panoplie d’éléments qui constituent son univers, les séries des années 60 (Mannix, FBI…), la présence de Bruce Lee, lequel ne quitte jamais ses plateaux (rappelons également Kill Bill) et bien sûr toute cette famille d’acteurs qui le suivent partout comme Michael Madsen, Kurt Russel et Zoé Bell, sa cascadeuse préférée sans oublier son fétichisme pour les pieds qu’il ne manque pas de « parsemer ». Tout ce décorum matériel et humain constitue les repères, le « fond » de Tarantino. C’est bien sûr amusant et même très divertissant de les retrouver et de les décrypter. Sauf que, et c’est là où le bât blesse, c’est lorsque le metteur en scène pêche par la grossièreté gratuite. Comme cette scène où il ridiculise Bruce Lee ou encore celle où Sharon Tate entre dans la salle de cinéma pour voir la projection de son propre film.

Une scène longue et inutile. Il y en a d’autres répétitives décelables que le spectateur averti comprendra, mais attention spoilers !

Pour offrir à voir une œuvre néanmoins aboutie et solide, Quentin Tarantino a dû s’appuyer (ne lui dénions pas ce talent de « director ») sur un casting formé de Margot Robbie, Brad Pitt et Leonardo DiCaprio qui s’est bonifié avec le temps et va encore plus loin dans sa performance du film Django. Époustouflant Léo !

Comptant sur ce qu’il sait faire de mieux, à savoir reproduire son univers déjanté, le cinéaste s’est malheureusement plagié lui-même, ne créant aucune surprise. Il est certain que d’autres cinéastes, l’ont fait avant lui dans leur hommage à Hollywood.

Dans Mullholand Drive, David Lynch avait accumulé des références à Sunset Boulevard (un des plus grands films de tous les temps sur Hollywood), mais il avait su distiller ces repères subtilement. À l’instar d’une chasse au trésor. Alors que Tarantino nous les jette souvent à la face en puisant le plus souvent dans sa propre filmographie les références déjà usitées et flétries.

Avec un casting haut de gamme – Leonardo DiCaprio, Bratt Pitt et Margot Robbie –, le cinéaste, qui signe son 9e film, rend hommage au Hollywood des années 70. Encore une déclaration d’amour au cinéma, à travers trois portraits : celui d’une star sur le déclin, d’un cascadeur et d’une actrice prometteuse. Excellent de par sa reconstitution de Hollywood, mais par ailleurs...

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