Une affiche accrochée dans un village du Liban-Sud et montrant Imad Moghniyé, responsable militaire du Hezbollah tué en 2008 à Damas, et le fondateur de la république islamique d'Iran, l'ayatollah Khomeyni, accompagnés du hashtag "Notre père qui es aux cieux", début de la plus connue des prières chrétiennes, provoque un tollé depuis mardi soir, poussant le Hezbollah à réagir mercredi après avoir été contacté par le Centre catholique d'information.
L'affiche polémique montrant Imad Moghniyé et l'ayatollah Khomeyni, à Nabatiyé. Photo tirée de Twitter
Peu après la diffusion de photos de cette affiche sur les réseaux sociaux, le Centre catholique d'Information, qui s'était notamment montré particulièrement virulent dans l'affaire Mashrou' Leila, a rapidement contacté la direction du parti chiite et le ministre d'Etat pour les Affaires du Parlement, Mahmoud Comati (Hezbollah). Autant le ministre que la direction du Hezb ont assuré au père Abdo Abou Kasm, président du CCI, que le parti chiite n'était pas du tout impliqué dans cette affaire. Ils ont affirmé que les affiches avaient été accrochées par un habitant de la localité de Charqiyé, sur initiative personnelle, et que le parti "respecte tous les symboles sacrés, chrétiens ou autres".
Contacté par ailleurs par des médias locaux pour réagir à cette affaire, le Hezbollah a condamné "toute insulte aux religions du livre" et affirmé être intervenu pour que l'affiche soit retirée.
Mercredi, le "Notre père qui es aux cieux" a été remplacé sur l'affiche par le hashtag "Mon nom est Palestine".
(Lire aussi : « Il y a une volonté politique de diviser les communautés »)
"Que vont faire les extrémistes ?"
Sur les réseaux sociaux, la photo a provoqué de nombreuses réactions et a été partagée de nombreuses fois, autant par des internautes rendant hommage aux deux dirigeants figurant sur l'affiche que par d'autres condamnant l'utilisation de la première phrase du Notre Père.
Le médecin et professeur à l'Université Saint Joseph Antoine Courban, après s'être interrogé sur la véracité de la photo, se demande "ce que vont faire les extrémistes qui sont partis en croisade contre Mashrou' Leila"
حقيقة واقعيّة؟ سيناريو أجهزة مختصّة؟ فوتوشوب؟
— Antoine Courban (@Acourban) August 21, 2019
هاشتاغ #أبانا_الذي_في_السماوات على هذه الصورة للخميني وعماد مغنيّة.
ماذا سيفعل دواعش لبنان الذين شنّوا حرب صليبيّة على #مشروع_ليلي؟ pic.twitter.com/pwjwuTCguz
"Une fois de de plus, le Hezbollah porte atteinte aux symboles chrétiens et utilise une expression sacrée sur la photo de terroristes des gardiens de la révolution", écrit pour sa part cet internaute.
من جديد ينتهك حزب الله الحرمات الدينية للمسيحيين ويستخدم احدى العبارات المقدسة لوضعها على صورة ارهابيين من الحرس الثوري الإيراني.#أبانا_الذي_في_السَّماوات pic.twitter.com/I7FGbVNTvQ
— طوني بولس (@TonyBouloss) August 21, 2019
Au Liban, les atteintes aux symboles religieux sont condamnables et les utilisations ou détournements de symboles religieux sont régulièrement condamnés par les autorités religieuses, comme cela a été notamment le cas dernièrement avec l'affaire Mashrou' Leila. Fin juillet, ce groupe de rock alternatif libanais s'était retrouvé au centre d'une polémique acerbe, entre liberté d'expression et respect des symboles religieux, à cause d'une phrase d'une de leurs anciennes chansons mentionnant "au nom du père et du fils", et d'un article, partagé il y a plusieurs années par le chanteur du groupe, illustré par une icône de la vierge dont le visage avait été remplacé par celui de la chanteuse Madonna. Après que certains membres du groupe ont comparu devant la procureure du Mont-Liban, Ghada Aoun, et se sont excusés, et alors que leurs détracteurs se montraient toujours plus violents, notamment sur les réseaux sociaux, le Festival International de Byblos avait annoncé l'annulation du concert prévu début août.
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commentaires (16)
Ils se ressemblent comme père et fils ....
Eleni Caridopoulou
18 h 00, le 22 août 2019