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Liban - Crise des déchets

Le courant du Futur, par solidarité avec les habitants, s’oppose à la décharge de Terbol

À Zghorta, un spectacle que les Libanais espéraient avoir aboli de leur existence.

La région du Liban-Nord a connu une journée chaude hier. Le caza de Minié-Denniyé a été le théâtre d’escarmouches entre les opposants à la réouverture de la décharge de Terbol, d’une part, et les chauffeurs de camions qui versaient les déchets dans la décharge et les forces de l’ordre, d’autre part. Résultat : le courant du Futur fait marche arrière pour la seconde fois. Dans la nuit de mardi à mercredi, on apprenait qu’un accord avait été conclu en vue de l’ouverture de la décharge de Terbol, ce à quoi les habitants de Minié-Denniyé s’opposent farouchement. Comme conséquence, le coordinateur du courant du Futur à Denniyé, Nazem Hayek, annonçait tard hier dans une vidéo diffusée sur son compte Facebook que le courant du Futur, le Premier ministre Saad Hariri et le secrétaire général du parti Ahmad Hariri s’opposent tous à l’ouverture de la décharge de Terbol. « Ce projet ne passera pas », a déclaré M. Hayek. Rappelons sur ce plan que vendredi dernier, les quatre cazas de Minieh-Denniyeh, Zghorta, Bécharré et Koura étaient parvenus à un accord sur la création d’une décharge à Terbol, mais le Premier ministre avait fait marche arrière, appelant le ministre de l’Environnement, Fady Jreissati, à suspendre l’opération d’aménagement de la décharge menée par son ministère.



(Lire aussi : Le débat s’envenime à l’approche de la saturation de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé)



Depuis que l’autorisation de la réouverture de la décharge a été signée par la ministre de l’Intérieur Raya el-Hassan, des manifestants ont coupé l’autoroute côtière entre Minieh et Abdé pour protester contre cette décision. D’autres ont manifesté devant le Sérail de Tripoli. Plus tard dans l’après-midi, des habitants de Kfar Chellane ont coupé, à l’aide de pneus enflammés, la route entre Denniyé et Tripoli, déviant la circulation. À Alma, localité du député Jean Obeid limitrophe de Terbol, les habitants ont interdit aux camions transportant les déchets en provenance de Zghorta de poursuivre leur chemin et de déverser les ordures dans la décharge. Dans la matinée d’hier, les autorités locales à Zghorta, Sir Denniyé et Bakhoun avaient réussi à déverser des déchets dans la décharge, mais en raison de l’opposition farouche des habitants de Terbol et des régions voisines, ils n’ont plus envoyé de camions.

Parallèlement, à Zghorta, un sit-in a eu lieu hier à midi comme prévu. Alors que les organisateurs s’attendaient à une participation massive, environ une centaine de personnes se sont rassemblées au rond-point al-Akbé pour réclamer une solution à la crise des déchets qui s’est aggravée dans les quatre cazas. Les organisateurs et les participants s’attendaient également à la participation des députés Michel Moawad et Tony Frangié qui soutiennent cette mobilisation, mais les deux parlementaires se sont finalement contentés d’envoyer des représentants. À midi et demi, le sit-in ne comptait plus qu’un nombre restreint de personnes. Un habitant de Zghorta, profondément inspiré peut-être par le slogan « Journée de colère zghortiote », a tiré en l’air pour exprimer son mécontentement face à la situation, faisant ainsi fuir les protestataires.



(Lire aussi : Crise des déchets au Liban-Nord : le gouvernement "traîne les pieds", dénonce HRW)



Retour à la case départ
Contacté par L’Orient-Le Jour, Chaker Noun, conseiller auprès du ministre de l’Environnement Fady Jreissati, a assuré qu’ « un parking temporaire devait être aménagé à Terbol pour recevoir les déchets des quatre cazas pendant une durée de quatre mois au cours de laquelle chaque caza est appelé à trouver la solution convenable au traitement de ses déchets ». M. Noun s’empresse de rappeler que la situation est urgente et qu’il faut absolument trouver une issue aux déchets empilés dans les rues et dans les quartiers résidentiels. « Une décharge à el-Fouar aurait été la meilleure solution parce que le projet qui y était envisagé consistait à transformer une ancienne carrière en une décharge sanitaire d’urgence, mais les habitants se sont opposés au projet », a-t-il révélé. Répondant aux parties qui dénoncent l’absence d’étude d’impact environnemental (EIE) pour ce projet, M. Noun a expliqué que la création d’un dépotoir temporaire couramment appelé « parking » ne nécessite pas une EIE, mais un rapport d’évaluation (assessment). L’aménagement d’une décharge à Terbol ne risque-t-il pas de polluer les nappes phréatiques et l’eau qui alimente la région et la ville de Tripoli ? « Des nappes phréatiques, il y en a partout au Liban. Mais la décharge sanitaire sera dotée d’une membrane protectrice qui empêchera l’infiltration des lixiviats (liquide émanant des déchets fortement pollué) dans l’eau souterraine », a-t-il répondu.

Plus tôt dans la journée, M. Jreissati avait déclaré au cours d’une conférence de presse que « partout où ils essayent de trouver des solutions en choisissant un site pour une décharge, il y a des opposants ». « Nous devons choisir entre l’intérêt de la majorité et celui de la minorité. Nous devons trouver les sites les moins nocifs. Nous ne braderons pas les intérêts du peuple à qui nous demandons de nous laisser une chance. Les déchets ne peuvent pas être un sujet de polémique entre les leaders politiques », a enchaîné M. Jreissati, dénonçant « les nouveaux héros de l’environnement ». Abondant dans le même sens, le ministre des Travaux publics, Youssef Fenianos (Marada), a relevé sur son compte Twitter qu’il « n’est pas concevable face à une contestation par-ci et un intérêt par-là de laisser les déchets de quatre cazas entre les habitations et parmi la population ». « La mission des leaders et des responsables est d’assurer l’intérêt des gens et non pas d’exécuter leur volonté », a ajouté M. Fenianos.



(Lire aussi : Jreissati : Pas de solution à la crise des déchets sans tri à la source)



Une solution en vue à Zghorta
Georges Wehbé, membre du comité chargé de suivre ce dossier à Terbol, a mis en garde contre le caractère « temporaire » de la décharge envisagée par l’État dans la localité. « Beaucoup de décharges qui étaient censées être des solutions temporaires et provisoires ont fini par durer de longues années », a-t-il dit à L’OLJ. De son côté, le président du conseil municipal de Zghorta, Antonio Frangié, dit comprendre la colère et la prise de position des habitants de Terbol, surtout à l’heure où les Libanais ont perdu confiance en l’État, mais « il faut opter pour une solution urgente, le temps d’aménager des centres de traitement des déchets ». Sur un autre plan, M. Frangié a estimé que la déclaration faite par Ahmad Hariri n’était pas officielle et que, légalement, la décision de la réouverture de la décharge était toujours en vigueur. « Nous espérons que la donne changera, encore une fois, d’ici à demain, et que le Premier ministre tranchera en faveur du maintien de la décision émise mardi soir par la ministre Hassan », a affirmé M. Frangié à L’OLJ.

Toujours selon lui, une solution sérieuse est envisagée à Zghorta pour le traitement des déchets grâce à l’aménagement d’un centre de tri dans la ville. M. Frangié insiste sur le caractère sérieux de cette initiative : « Le hangar a déjà été choisi par la municipalité, et des hommes d’affaires de Zghorta et du caza sont prêts à financer le projet ». Pour les responsables zghortiotes ainsi que pour les habitants de la ville, la priorité est de nettoyer les rues et les quartiers résidentiels des déchets.



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La région du Liban-Nord a connu une journée chaude hier. Le caza de Minié-Denniyé a été le théâtre d’escarmouches entre les opposants à la réouverture de la décharge de Terbol, d’une part, et les chauffeurs de camions qui versaient les déchets dans la décharge et les forces de l’ordre, d’autre part. Résultat : le courant du Futur fait marche arrière pour la seconde...

commentaires (3)

JE REPETE QUE TERBOL EST UNE REGION OU DES LES ANNEES SOIXANTE ON A DETECTE LA PRESENCE DE NAPPES DE PETROLE, ET CA DORT DEPUIS ! LA CHOISIR POUR DEPOTOIR EST UN PEU PLUS QU,ETRANGE.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 21, le 16 août 2019

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Commentaires (3)

  • JE REPETE QUE TERBOL EST UNE REGION OU DES LES ANNEES SOIXANTE ON A DETECTE LA PRESENCE DE NAPPES DE PETROLE, ET CA DORT DEPUIS ! LA CHOISIR POUR DEPOTOIR EST UN PEU PLUS QU,ETRANGE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 21, le 16 août 2019

  • Quatre ans après 2015, nous y voilà encore, ici et là-bas. C'est triste. Et pourtant, on voudrait encore y croire.

    PPZZ58

    16 h 27, le 15 août 2019

  • La problématique des déchets a trois variables: 1) la quantité de déchets générées par les habitants, 2) les laisser dans les rues ou les dégager, et 3) les jeter dans les ravins ou les brûler dans des incinérateurs ou les déposer dans des décharges. Qu’est ce quelle a donc avoir la politique dans tout ça et que veut dire au juste “être avec ou contre les habitants” alors que tous ces partis et politiciens sont représentés au parlement, au gouvernement, et aux municipalités? Il y a dans tout ça un manque de vision, un manque d’argent, et de l’incompétence. On peut comprendre que les grandes villes n’aient pas de places pour des incinérateurs et des décharges, mais en montagne?

    Zovighian Michel

    08 h 09, le 15 août 2019

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