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Liban

Assaad Namroud, le dernier conducteur de train

À l’époque où Assaad Namroud a commencé à travailler à la Société du chemin de fer Damas-Hama et Prolongement (DHP), Rayak était la ville du chemin de fer par excellence. C’est dans cette localité de la Békaa que l’on réparait tous les trains qui desservaient la région… jusqu’à Istanbul.

Plus de 1 500 personnes travaillaient à la DHP de Rayak, des directeurs du chemins de fer, mais surtout des techniciens employés pour faire tourner la forgerie et les ateliers de réparation.

Assaad Namroud, 92 ans, a commencé comme simple cheminot, tout comme son père. Puis, par ambition, il a décidé de présenter l’examen nécessaire pour devenir conducteur de train.

« Mon père m’a dit “Tu es trop jeune, peut-être tu seras recalé”. Mais comme je travaillais déjà à Rayak, je connaissais les trains comme le fond de ma poche et leur méthode de fonctionnement par cœur. C’était un ingénieur français qui m’avait fait passer l’examen un jour avant mon 24e anniversaire », se souvient-il.

Se rappelant de ses années passées au travail, il confie, un brin de fierté dans la voix : « Mon train était le plus beau, j’en prenais soin, son cuivre brillait sous le soleil quand il entrait en gare. Tout le monde le remarquait quand j’arrivais. »

Grâce à son travail, Assaad Namroud a pu construire une maison, se marier, acheter une voiture et élever six enfants.

« Le plus pénible, c’était le tunnel de Dahr el-Baïdar. Je n’oublierai jamais la sensation de chaleur qui m’envahissait. Il y avait le feu qui montait des rails et la vapeur chaude dégagée par la cheminée. Cela ne finissait pas », dit-il.

Assaad Namroud se souvient aussi comment il plongeait en apnée pour réparer ou nettoyer les réservoirs d’eau qui servaient, entre autres, à alimenter les trains à Rayak. « Le jour où je plongeais dans un réservoir, j’avais droit à deux jours de congé parce que cela me fatiguait », affirme-t-il.

« Je me rappelle aussi qu’en Syrie, il y avait très régulièrement des coups d’État. Souvent en arrivant ou en quittant Damas, j’avais peur parce que des soldats étaient déployés. Un jour, j’ai eu très peur en rentrant à Rayak et j’appréhendais mon retour à Damas. À quelques heures de mon départ pour la capitale syrienne, la direction a décidé de suspendre les voyages, le temps que la situation se calme. C’était quand Hosni el-Zaïm a accédé au pouvoir » par un coup d’État en mars 1949, se souvient-t-il.

Assaad Namroud a été le dernier chauffeur à conduire le train de Beyrouth à Rayak en 1976. « La guerre venait d’éclater, et il nous était de plus en plus difficile de circuler en train. Un soir, je suis rentré dans mon train à Rayak pour être informé que la direction suspendait le travail jusqu’à nouvel ordre », raconte-t-il. Quelques mois plus tard, l’immense atelier de Rayak a été occupé par l’armée syrienne et son train n’a plus jamais sifflé.


À l’époque où Assaad Namroud a commencé à travailler à la Société du chemin de fer Damas-Hama et Prolongement (DHP), Rayak était la ville du chemin de fer par excellence. C’est dans cette localité de la Békaa que l’on réparait tous les trains qui desservaient la région… jusqu’à Istanbul. Plus de 1 500 personnes travaillaient à la DHP de Rayak, des directeurs du...

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