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Nos Lecteurs ont la Parole - par Lina SINNO

Sur la pointe des pieds...

Plus l’on avance en âge, plus l’on voit, non sans peine, des chers à nos cœurs, qui ont jalonné nos existences ou avec qui l’on a parcouru un bout de chemin, nous lâcher tragiquement la main, tantôt brusquement ou alors tout doucement après un long combat avec une maladie, pour s’envoler vers des cieux que l’on espère plus cléments. Force est de constater que tous les matins, dans la page des faire-part du journal, moult personnes que l’on connaissait intimement ou ceux qu’on a perdus de vue sont en train de s’éteindre l’une après l’autre.

J’étais en train de discuter avec un médecin exerçant à Cleveland et il m’a avancé que le Liban est, per capita, l’un des pays au monde le plus atteint de cancer, tellement notre milieu ambiant est pollué et pesant, tellement la mer est devenue vecteur de toutes sortes de germes et de maladies, tellement fruits et légumes poussent dans des eaux troubles, tellement les produits laitiers, la viande, les œufs et volailles proviennent de sources douteuses et ne répondent plus aux normes d’hygiène.

(...) L’on ne peut se retenir d’éprouver beaucoup de nostalgie pour ces êtres-là, d’avoir un serrement au coeur, de la pluie dans les yeux pour ceux et celles qui ne sont plus. Mais le périple, même aux tournants les plus poignants, se doit de continuer ! Cela est toujours plus facile à dire, mais c’est sans aucun doute l’espoir, la pulsion de vie, les aubes magnifiques qui doivent l’emporter! Aller de l’avant, tête haute, plus lentement, plus tristement, avec un compagnon de route en moins, oui, mais sans ressasser de façon obsessionnelle le passé ni se faire constamment du mouron pour ce qui nous guette, mais vivre pleinement ce merveilleux présent qu’est le présent, au rythme de sa propre respiration façon yogi, boire son quotidien jusqu’à la lie, rire à gorge déployée, jouir à fond de chaque instant parce que celui qui vient de filer s’est déjà évanoui dans les bras du passé et que certes, « le passage attachant ne se lit pas deux fois... » « On voudrait revenir à la page où l’on aime, et « la page où l’on meurt est déjà sous vos doigts », dixit Lamartine parlant du livre de la vie.

Assumer ses responsabilités, traiter tout un chacun exactement comme l’on aimerait être traité, continuer à poser un regard innocent et curieux sur les êtres et les choses, rester perméable à la souffrance d’autrui, voir l’invisible à la manière de Saint-Exupéry, réaliser qu’il est temps de se convertir à une vraie religion, celle de l’amour, d’étaler ses vraies richesses, celles du cœur, de mettre en exergue l’ « être » au profit du « paraître », se nourrissant par ailleurs d’activités épanouissantes, cultivant des violons d’Ingres palpitants et enfin se faisant un point d’honneur de s’entourer toujours de personnes sincères, positives, généreuses, à la répartie facile et aux têtes bien faites !

Au fil des ans, l’oubli n’estompe jamais le chagrin, et le souvenir demeure plus qu’à jamais vibrant, mais l’on apprend, maturité aidant, à apprivoiser cette douleur, à vivre sereinement l’absence et à savoir composer avec elle... somme toute, à sublimer son deuil !

Tant que les personnes que vous affectionnez sont encore là, vivez-le comme une chance inouïe de les voir encore esquisser un sourire, de voir pétiller leurs yeux, de les voir vous concocter un plat, fleurir votre balcon ou même, s’il se trouve, monter sur un escabeau, changer la douille d’une lampe, et intimez-leur sans jamais vous lasser et avant qu’il ne soit trop tard, par le biais de gestes aimants, des paroles tendres, d’une écoute bienveillante et d’actes magnanimes à quel point ils sont précieux à vos yeux, à quel point vous les aimez, les chérissez !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Plus l’on avance en âge, plus l’on voit, non sans peine, des chers à nos cœurs, qui ont jalonné nos existences ou avec qui l’on a parcouru un bout de chemin, nous lâcher tragiquement la main, tantôt brusquement ou alors tout doucement après un long combat avec une maladie, pour s’envoler vers des cieux que l’on espère plus cléments. Force est de constater que tous les matins,...

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Merci Madame pour bel hommage à la vie.. envers et contre tout et tous

Claude Ghazal

09 h 35, le 14 août 2019

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Commentaires (1)

  • Merci Madame pour bel hommage à la vie.. envers et contre tout et tous

    Claude Ghazal

    09 h 35, le 14 août 2019

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