Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Zarif / Sanctions

L’espoir de discussions USA-Iran est-il parti en fumée ?

Le ministre iranien des Affaires étrangères est le principal architecte de l’accord sur le nucléaire de 2015 et fait figure de « modéré » du régime des mollahs.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif? s'exprimant devant le Council on Foreign Relations à New York, le 23 avril 2018. Don Emmert/AFP

Alors que les Américains ont répété à plusieurs reprises être partants pour des pourparlers avec l’Iran afin de désamorcer l’escalade dans la région, pourquoi ont-ils « éliminé » le principal négociateur ? Les États-Unis ont en effet officiellement imposé mercredi soir, comme ils l’avaient prévu, des sanctions contre le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, accentuant encore davantage la « pression maximale » de l’administration américaine vis-à-vis de la République islamique. « Zarif est le visage du régime qui répand à l’étranger la propagande et les campagnes de désinformation favorables au programme nucléaire de Téhéran, à ses missiles balistiques et à ses réseaux terroristes », a déclaré un haut responsable de l’administration américaine ayant requis l’anonymat.

Ces mesures avaient été annoncées dès le mois de juin, après que Washington eut sanctionné la tête du régime des mollahs : le guide suprême Ali Khamenei. Le président Donald Trump avait alors prévenu que M. Zarif subirait « bientôt » le même sort.Elles ont néanmoins tardé à se mettre en place, laissant ainsi espérer qu’une brèche s’ouvre entre les deux protagonistes. M. Zarif s’était même rendu à New York, il y a deux semaines, afin d’assister à une réunion des Nations unies et avait accordé une interview à la chaîne américaine NBC News. En vain. Les sanctions prévoient le gel de tous les actifs que M. Zarif posséderait aux États-Unis et interdit toute transaction avec lui, a précisé le département du Trésor américain dans un communiqué. Washington cherchera aussi à empêcher les voyages du chef de la diplomatie iranienne à l’étranger. Il pourra néanmoins participer aux activités de l’ONU à New York.De nombreuses voix, parmi les plus haut placées, se sont élevées aux États-Unis contre cette décision de l’administration Trump. « Le fait de sanctionner des diplomates affaiblit la diplomatie », a ainsi tweeté le sénateur républicain Rand Paul, qui avait tenté d’entamer une médiation avec l’Iran. L’Union européenne (UE) a, quant à elle, exprimé son « regret » face à la décision américaine et affirmé qu’elle continuera de travailler avec M. Zarif.

Ces sanctions ont été imposées en pleine période de tensions entre Washington et Téhéran sur de nombreux dossiers (nucléaire, missiles balistiques, politique régionale de l’Iran), qui ont redoublé d’intensité depuis le mois de mai dernier. L’une des dernières « provocations » que se livrent les deux protagonistes a été l’envoi de 500 soldats américains en Arabie saoudite, grand allié de l’Oncle Sam dans la région.


(Lire aussi : Selon Téhéran, Washington a rejeté une proposition de dialogue)



Visage modéré

La réaction de M. Zarif ne s’est pas fait attendre. « La raison pour laquelle les États-Unis m’ont désigné, c’est que je suis le “premier porte-parole de l’Iran dans le monde” », a-t-il tweeté mercredi soir. « La vérité est-elle si douloureuse ? (…) Merci de me considérer comme une menace si énorme pour votre agenda », a-t-il ajouté. Ces sanctions ne semblent par ailleurs pas l’inquiéter. Cela « n’a aucun effet sur moi ou ma famille, car je n’ai aucune propriété ni aucun intérêt en dehors de l’Iran », a-t-il ajouté dans son tweet. Ces sanctions n’ont également aucune conséquence sur le fonctionnement de l’État iranien ou sa politique régionale, balistique ou même nucléaire. Ces dernières étant sous le commandement exclusif du guide suprême iranien et des gardiens de la révolution. « Washington sait pertinemment que M. Zarif ne possède pas d’actifs importants en dehors de l’Iran (...). Les principaux acteurs de l’administration Trump utilisent les sanctions comme un outil de pression économique pour créer des résultats politiques », explique Esfandyar Batmanghelidj, spécialiste de l’Iran et fondateur du site Bourse and Bazar qui suit de près l’économie iranienne. « Dans ce cas, sanctionner Zarif revient à rendre plus difficile pour Trump, ou tout futur président américain, d’entamer des négociations avec l’Iran. »

Les sanctions contre M. Zarif sont symboliques à bien des égards. Elles visent l’interlocuteur le plus à même de mener des discussions avec les États-Unis pour tenter de calmer le jeu dans la région, alors que les provocations de chaque côté deviennent de plus en plus nombreuses, laissant augmenter le risque d’erreurs de calcul de la part de l’un des deux acteurs qui précipiterait la région dans un conflit incontrôlable.

Formé dans les universités américaines, parfaitement anglophone et excellent diplomate, notamment après avoir été ambassadeur de l’Iran aux Nations unies pendant plusieurs années, M. Zarif fait figure de modéré auprès du camp occidental. Il a notamment été l’architecte, côté iranien, de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont Washington s’est retiré le 8 mai 2018, et que les autres parties prenantes, notamment les Européens, essayent tant bien que mal de sauver. M. Zarif avait été nommé comme chef de la diplomatie iranienne pour faciliter les relations avec les Occidentaux et pour améliorer l’image du régime dans le monde. Sa popularité est conséquente en Iran et sa mise sous sanctions risque de l’accroître. Son habileté et son engagement diplomatique sont par ailleurs tels que le président iranien Hassan Rohani avait refusé, en février dernier, de le laisser démissionner. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de réagir aux sanctions contre son chef de la diplomatie, estimant que les mesures punitives américaines montrent que Washington a « peur » de M. Zarif.


(Lire aussi : Touché par les sanctions, l'Iran enlève des zéros au rial et renomme sa monnaie)



Des discussions, mais « pas avec Zarif »

Le président iranien, modéré, est l’un des personnages « centraux » du régime à ne pas (encore) subir de sanctions de la part des Américains. Le guide suprême, les Pasdaran, et maintenant le chef de la diplomatie iranienne en sont victimes. M. Rohani peut-il être le prochain sur la liste? Pour les analystes, l’hypothèse n’est pas à écarter. « Les sanctions à l’encontre de Rohani restent une possibilité car la stratégie de “pression maximale” consiste à créer un maximum d’obstacles à la diplomatie », estime Esfandyar Batmanghelidj. Pour l’instant, aucune mention de prochaines sanctions contre le président iranien n’est à l’ordre du jour.

La Maison-Blanche a toutefois insisté sur le fait qu’elle est toujours prête à discuter avec les responsables iraniens, mais pas avec M. Zarif. Les diplomates américains « ne le considèrent pas comme notre principal contact », a indiqué le responsable anonyme de l’administration Trump précédemment cité. « Si nous devons avoir un contact avec les Iraniens, nous voulons quelqu’un qui prenne des décisions ». Peut-être une façon pour l’administration Trump de dire que c’est avec M. Rohani qu’elle veut discuter. Mais une fois encore, et le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, l’a lui-même répété la semaine dernière, le « dernier mot » reviendra au guide suprême et non à M. Rohani.


Lire aussi

L'Iran accuse des pays voisins de rendre "impossible" tout dialogue

Pas de sortie de crise en vue entre Washington et Téhéran

Donald Trump à court d'options face à l'Iran

Comment l’Iran tente de vendre son pétrole, malgré les sanctions US

L’Iran serait-il prêt à mettre ses missiles balistiques sur la table des négociations ?

Trump affirme qu'il devient "plus difficile" pour lui de vouloir négocier avec l'Iran

Pourquoi les Iraniens jouent-ils avec le feu ?

Alors que les Américains ont répété à plusieurs reprises être partants pour des pourparlers avec l’Iran afin de désamorcer l’escalade dans la région, pourquoi ont-ils « éliminé » le principal négociateur ? Les États-Unis ont en effet officiellement imposé mercredi soir, comme ils l’avaient prévu, des sanctions contre le ministre iranien des Affaires étrangères,...

commentaires (4)

Tous les dictateurs du monde entier prient pour que le clown Trump perde les elections en 2020....mais eux,iquand pensent ils organiser des elections libres dansleurs pays?

HABIBI FRANCAIS

11 h 43, le 02 août 2019

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Tous les dictateurs du monde entier prient pour que le clown Trump perde les elections en 2020....mais eux,iquand pensent ils organiser des elections libres dansleurs pays?

    HABIBI FRANCAIS

    11 h 43, le 02 août 2019

  • Faudra se méfier à présent d'une chose très importante, savoir parler parfaitement l'anglais. Faudra se mefier aussi de savoir DIPLOMATIQUEMENT se défendre et défendre son avis contre le clown et sa horde de supporters. Ceux qui dans l'olj donnent un avis contraire à l'administration du clown , ils devraient se méfier de leur opinion, même si c'est fait en français. À certaines journalistes...hum...hum....je leur demanderai de s'attendre à ce que le clown et sa horde leur fondent dessus. Vivement 2020 pour voir ce clown reconduit à la tête ( lol) de l'amérique.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 44, le 02 août 2019

  • LES SANCTIONS CONTRE LE MINISTRE ZARIF SONT UNE MEGA GAFFE TRUMPIENNE. AVEC QUI DISCUTERONT LES AMERICAINS SI LES IRANIENS VONT DISCUTER ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 00, le 02 août 2019

  • La Maison-Blanche ? Non...!..."Maison-Noire" de par l'incroyable stupidité de son principal locataire actuel !!! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 28, le 02 août 2019

Retour en haut