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Moyen Orient et Monde - Nucléaire

Pas de sortie de crise en vue entre Washington et Téhéran

Malgré une volonté commune de ne pas entrer en guerre, les conditions de la détente ne semblent pas réunies entre Américains et Iraniens.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo s’exprimant lors d’une conférence de presse conjointe avec le président salvadorien, Nayib Bukele, à la Maison présidentielle de San Salvador, le 21 juillet 2019. Reuters/Jose Cabezas

Objectif détente ? Si les Américains et les Iraniens ont répété à maintes reprises qu’ils étaient disponibles pour des pourparlers, leurs exigences préalables semblent rendre impossible tout dialogue pour le moment.

Côté iranien, aucune discussion ne sera possible tant que les sanctions économiques, imposées par Washington suite à sa sortie de l’accord nucléaire de 2015, ne seront pas assouplies ou levées. Cela n’empêche pas Téhéran d’ouvrir la porte à une sortie de crise. Lors de sa dernière visite à New York, il y a une dizaine de jours, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif avait dit que les missiles balistiques pouvaient être sujets à négociation en échange d’un arrêt du soutien militaire américain envers l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Des conditions certes irréalisables, mais le symbole est là. C’est la première fois qu’un officiel iranien parle ainsi de ce qui est aujourd’hui considéré comme la colonne vertébrale et la seule défense de l’Iran.

Ces engins sont d’ailleurs revenus sur le devant de la scène à la suite d’un nouvel essai, en début de semaine, de missile balistique de moyenne portée. Bien que cet essai « ne représentait pas une menace pour les navires ni pour les bases américaines dans la région », tel que l’a affirmé la correspondante de la chaîne CNN du Pentagone, Barbara Starr, citant un responsable américain ayant souhaité garder l’anonymat, il entre dans le cadre des avertissements que Washington et Téhéran s’adressent depuis maintenant plusieurs semaines. Les tensions américano-iraniennes ont redoublé d’intensité dans plusieurs dossiers (nucléaire, missiles balistiques, politique régionale de l’Iran), laissant craindre un conflit de grande ampleur au Moyen-Orient.

Face à cette situation, les États-Unis semblent indécis. La stratégie américaine vis-à-vis de l’Iran paraît toujours aussi floue, alternant entre des propositions de négociations de la main droite, et des sanctions et provocations de la main gauche. « Il y a une volonté claire de la part des Américains de sortir de l’escalade avec Téhéran », explique François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran de 2001 à 2005, contacté par L’Orient-Le Jour. « Donald Trump ne veut pas d’une aggravation de la crise pendant sa campagne électorale. Il veut un accord dans lequel il puisse avoir une posture avantageuse, mais les Iraniens ne veulent pas lui faire ce cadeau-là », ajoute-t-il.


(Lire aussi : Donald Trump à court d'options face à l'Iran)



Stratégie illisible

L’administration Trump a déclaré de nombreuses fois qu’elle ne voulait pas la guerre, mais beaucoup en son sein, notamment le conseiller américain à la Sécurité nationale John Bolton et le secrétaire d’État Mike Pompeo, en tant que faucons et/ou va-t-en guerre aguerris, sont partisans d’un changement de régime, voire d’une guerre avec l’Iran. « Toutes les tentatives de prise de contacts sont complètement bousculées notamment avec la politique des tweets incohérents de Trump qui brouille toutes les cartes », ajoute François Nicoullaud, qui estime que « la politique américaine vis-à-vis de l’Iran est illisible, sauf dans ses grandes lignes : à savoir l’augmentation de la pression économique et faire en sorte que la République islamique craque », ajoute-t-il.

C’est dans cette perspective que le chef de la diplomatie américaine a déclaré jeudi dans une interview accordée à Bloomberg TV qu’il était prêt à se rendre à Téhéran si nécessaire et même à s’adresser directement aux Iraniens par une apparition à la télévision d’État. M. Zarif « vient ici, il vient à New York, il se déplace en voiture dans la plus merveilleuse ville des États-Unis (…) il parle aux médias, il parle au public américain, il peut diffuser la propagande iranienne sur les ondes américaines », a poursuivi M. Pompeo, ajoutant qu’il aimerait, s’il allait à Téhéran, « avoir la chance d’aller non pas faire de la propagande mais dire la vérité à la population iranienne sur ce qu’ont fait leurs gouvernants et qui désormais fait souffrir l’Iran ».

M. Pompeo a toutefois tenu un autre discours lors d’une interview accordée à la chaîne Fox News, dans laquelle il a appelé le Japon, la France, la Grande-Bretagne et d’autres pays à se joindre à la force maritime que les États-Unis souhaitent mettre en place pour assurer la liberté de circulation des pétroliers traversant le détroit d’Ormuz dans le Golfe, par lequel transite près d’un tiers du trafic pétrolier mondial journalier. De nombreux tankers y ont fait l’objet de sabotages et/ou d’attaques que les États-Unis et l’Arabie saoudite imputent à l’Iran, mais sans véritablement avoir réussi à prouver sa pleine culpabilité.



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Objectif détente ? Si les Américains et les Iraniens ont répété à maintes reprises qu’ils étaient disponibles pour des pourparlers, leurs exigences préalables semblent rendre impossible tout dialogue pour le moment.Côté iranien, aucune discussion ne sera possible tant que les sanctions économiques, imposées par Washington suite à sa sortie de l’accord nucléaire de 2015, ne...

commentaires (4)

Détente ? Hahahaha... L’absence de guerre imminente , ou la volonté d’en la faire = détente ?? Toutes les options sont sur la table. Mais là c’est Donald Trump aux commandes, pas un certain Obama.

LeRougeEtLeNoir

19 h 22, le 27 juillet 2019

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Commentaires (4)

  • Détente ? Hahahaha... L’absence de guerre imminente , ou la volonté d’en la faire = détente ?? Toutes les options sont sur la table. Mais là c’est Donald Trump aux commandes, pas un certain Obama.

    LeRougeEtLeNoir

    19 h 22, le 27 juillet 2019

  • DERNIERE NOUVELLE DE CNBC : THERE ARE SURPRISING SIGNS THAT TRUMP,S MAXIMUM PRESSURE ON IRAN COULD LEAD TO TALKS. PUBLISHED 4 HOURS AGO.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 37, le 27 juillet 2019

  • PAS DANS L,IMMEDIAT. MAIS LES DECLARATIONS REPETEES DE ROHANI EN LAISSE PREVOIR DANS UN PROCHE AVENIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 21, le 27 juillet 2019

  • A vous lire Mr Saïkali on a l'impression que vous parlez de 2 puissances égales en importance militaire , économique et financière . Quand vous renvoyez dos à dos les amerloques et les iraniens en terme d'intention de faire la guerre , de s'accuser mutuellement , de vouloir se faire des concessions , de vouloir se parler par les ondes médiatiques etc…. on a l'impression que c'est une partie qui se joue entre amerloque et russe ou même entre ces amerloques et chinois . Ce style est déjà perçu , par les fins analystes, comme un déséquilibre qui milite au profit du plus " faible" . En effet , avec quel pays au monde , actuellement, le clown qui se croit président est obligé de prendre des pincettes pour implorer de négocier ? Hier encore il a ramassé macron , après l'avoir fait avec ses alliés , tous ses alliés , quand on sait l'animosité qu'il y a entre les américains et leurs sbires arabo-sionistes et l'Iran NPR . Ce qui reviendrait à dire que dans cette négociation Iran/amerloque où ils se tiennent par la barbichette , des drones indétectables abattus , des missiles balistiques exhibés , des coups portés aux bensaouds , aux français , anglais et aux usurpateurs de terre au Yémen, l'Iran NPR n'est pas aussi allongé dans de beaux draps , comme les propagandes colportées ici et là veulent bien le faire admettre . D'autant plus que ce petit groupe de prédateurs n'arrivent pas à prouver de "culpabilité" iranienne .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 14, le 27 juillet 2019

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