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À La Une - environnement

Une invasion de poissons-lions menace les eaux du Liban-Sud

D'après les environnementalistes, l'expansion dramatique du nombre de poissons-lions en Méditerranée est due à l'élargissement du canal de Suez et au réchauffement climatique, selon un reportage de l'agence Reuters. 

Un pêcheur libanais ayant harponné un poisson-lion (aussi appelé rascasse volante), à Sarafand, au Liban-Sud, le 20 juin 2019. Photo REUTERS/Ali Hashisho

Cela fait trente ans que Hassan Younès, un pêcheur libanais dont le témoignage a été rapporté par l'agence Reuters, plonge dans la mer qui borde son village natal de Sarafand au Liban-Sud et, jamais auparavant, la disparition des espèces locales et leur remplacement par des rascasses volantes, aussi appelées poissons-lions, n'a été aussi évidente que cette année. 

L'ère à laquelle il remontait de ses plongées des caisses de homards, oursins et rougets est bien révolue. Il peut désormais se considérer heureux s'il trouve un bar. Le littoral libanais grouille par contre de rascasses volantes, un poisson venimeux originaire de la mer Rouge et de la région indo-pacifique, qui mange d'autres poissons, des crustacés, voire même des poissons de sa propre espèce. 

D'après les environnementalistes et biologistes marins, c'est l'expansion et l'approfondissement, en 2015, du Canal de Suez, reliant la mer Rouge à la Méditerranée, et le réchauffement climatique, qui augmente la température de l'eau de mer, qui sont à l'origine de la migration des poissons-lions dans les eaux méditerranéennes. Cette expansion rapide menace autant les récifs de coraux que la faune marine locale, selon les experts cités par Reuters.

Les premières apparitions de la rascasse en Méditerranée remontent à 1991, et au Liban-Sud en 2012. Depuis, elle a rapidement envahi la région, indique le biologiste Jason Hall-Spencer à l'agence. Il précise que les poissons-lions peuvent pondre jusqu'à 2 millions d’œufs par an, qui survivent aux courants océaniques. Cette année l'expansion a pris "des proportions semblables à une épidémie de peste" dans les eaux de la Méditerranée orientale, affirme-t-il. 



"Génocide"
"La mer n'est plus la même que celle avec laquelle nous avons grandi", raconte Hassan Younes, lors d'une sortie en mer. "Il nous arrive désormais régulièrement de sortir pêcher et de rentrer les mains vides. Nous ne gagnons plus assez pour couvrir les coûts du carburant", regrette-t-il. Atallah Siblini, spécialisé dans la pêche au harpon, précise avoir vu pour la première fois des rascasses volantes le long des côtes libanaises il y a trois ans, des apparitions alors assez rares. "Maintenant, on en voit 30 à 50 à la fois, au même endroit. Ils effraient les autres poissons, notamment les bars, dont dépend notre subsistance, affirme-t-il. Ils mangent tout, c'est comme un génocide". 

Pour les environnementalistes travaillant sur les écosystèmes marins du Liban, déjà mis à rude épreuve par des décennies de surpêche, de pollution et d'urbanisation, la subsistance des pécheurs et la survie de ces écosystèmes dépend de la consommation des poissons-lions.  "Cette espèce mange beaucoup et se reproduit toute l'année, elle perturbe donc très rapidement les équilibres écologiques locaux", explique à Reuters Jina Talj, une environnementaliste qui a récemment lancé une campagne encourageant à manger les rascasses volantes. "Mais heureusement, ce poisson est délicieux", précise-t-elle. Jusqu'à présent, ce sont principalement les pêcheurs qui en consomment, mais l'environnementaliste espère que la campagne, lancée via son ONG "Diaries of the Ocean", aura un impact sur d'autres consommateurs et gourmets. Elle regrette que son organisation, bien que reconnue par le gouvernement, ne soit pas financée. "Le plus gros problème auquel nous devons faire face, c'est le manque de connaissances concernant la mer. Comment pouvons-nous espérer la sauver si nous ne savons pas ce qui s'y trouve", déclare-t-elle. 

Jason Hall-Spencer qui se félicite également du bon goût de la chair des rascasses, appelle, lui, à la création de "verrous d'eau salée" dans le canal de Suez, des zones d'eau très salée qui mettraient un terme aux déplacements des espèces d'une mer à l'autre. 

Pour mémoire
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Cela fait trente ans que Hassan Younès, un pêcheur libanais dont le témoignage a été rapporté par l'agence Reuters, plonge dans la mer qui borde son village natal de Sarafand au Liban-Sud et, jamais auparavant, la disparition des espèces locales et leur remplacement par des rascasses volantes, aussi appelées poissons-lions, n'a été aussi évidente que cette année. L'ère à...
commentaires (6)

La rascasse est un excellent poisson de méditérannée qui vit généralement sur les fonds rocheux. Il agrémente la bouillabaisse à Marseille. Une chair bien blanche et goûteuse. Par contre la rascasse volante, je ne connais pas !

Georges Abou-Jamra

21 h 03, le 10 juillet 2019

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Commentaires (6)

  • La rascasse est un excellent poisson de méditérannée qui vit généralement sur les fonds rocheux. Il agrémente la bouillabaisse à Marseille. Une chair bien blanche et goûteuse. Par contre la rascasse volante, je ne connais pas !

    Georges Abou-Jamra

    21 h 03, le 10 juillet 2019

  • CONSOMMABLE ET DELICIEUX. BON POUR LES GOURMETS. BONNE CHOSE.

    ECLAIR

    19 h 10, le 10 juillet 2019

  • Dans les années 30 et 40, je voyais parfois 5 ou 6 filets (jaroufi) déployés le long de la côté entre Maameltein et Sarba au sud de la baie de Jounieh. Les clients et les badauds attendaient l'accostage pour regarder des kilos de poissons de tous les genres de la Méditerranée orientale : Les sultan-ibrahim (les rouget-barbets), les mérous de sable (lo'oz ramleh), les mérous de roche (lo'oz sakhri), les "marmour", les "mallifa" les "sfirni", les raies, les fritures... La nuit, une quinzaine de barques à rames, une lampe "Luxe" fixée au bout pout pêcher les sardines éblouis par la lumière... Tout cela a complètement disparu avec le béton, la pollution, les déchets, le plastique... Jadis, on disait la Mer Morte en Palestine, aujourd'hui peut-on dire la Grande Mer Morte de la Méditérranée.

    Annie

    17 h 18, le 10 juillet 2019

  • Alors si c'est bon , pourquoi se faire un drame , simplement essayons de manger ces poissons-lions. Bon pour le moral .

    Antoine Sabbagha

    16 h 29, le 10 juillet 2019

  • Est-ce comestible? si oui, alors pourquoi pas, sinon, alors il faut mettre un autre poisson qui le mange et on s'en debarrasse ecologiquement.

    Eddy

    15 h 41, le 10 juillet 2019

  • Nouvelle cuisine ! Il y a là tout ce qu'il faut pour se débarrasser de notre cuisine traditionnelle !

    Chucri Abboud

    14 h 10, le 10 juillet 2019

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