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À La Une - diplomatie

Nucléaire iranien : un conseiller de Macron rencontre Rohani, nouvelles menaces de Trump

"Aucune négociation n'est possible sous la pression", déclare le ministre iranien des AE, exhortant "les Européens" à "résoudre [le] problème" causé par la sortie des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien. 

Le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, reçu le 10 juillet 2019 par le président iranien Hassan Rohani. AFP PHOTO / HO / IRANIAN PRESIDENCY

Le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron a rencontré mercredi le président iranien Hassan Rohani à l'issue d'une journée de discussions à Téhéran pour tenter de préserver l'accord sur le nucléaire iranien et d'apaiser les tensions entre l'Iran et Washington.

Mais comme pour compliquer la mission du Français Emmanuel Bonne, le président américain Donald Trump a accusé l'Iran d'enrichir de l'uranium "depuis longtemps en secret" et a promis sur Twitter que les sanctions de son pays contre Téhéran allaient "bientôt être durcies, considérablement".

Fragilisé depuis que Washington l'a dénoncé unilatéralement en mai 2018, l'accord sur le nucléaire iranien est encore davantage menacé par les annonces de Téhéran, qui, en riposte au retrait américain, a commencé à s'affranchir progressivement de certains de ses engagements. Conséquence, les réserves d'uranium enrichi iraniennes ont dépassé au début du mois la limite imposée par l'accord de Vienne conclu en 2015 (300 kg).

"Aucune négociation n'est possible sous la pression", a déclaré le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif avant sa rencontre avec M. Bonne, exhortant "les Européens" à "résoudre (le) problème" causé par la sortie des Etats-Unis de l'accord.

Ce retrait prive la République islamique des bénéfices qu'elle escomptait de ce pacte, conclu avec l'Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie, et par lequel Téhéran a accepté de brider son programme nucléaire en échange d'un allègement des sanctions internationales. Téhéran exige des Etats encore parties à l'accord qu'ils prennent enfin les mesures qu'il réclame pour que soient garantis ses intérêts.



(Lire aussi : Paris peut-il jouer les intermédiaires entre Washington et Téhéran ?)



"Porte ouverte à la diplomatie"
L'Iran exclut par ailleurs catégoriquement de renégocier l'accord comme le souhaite M. Trump, et dit refuser le moindre contact avec les Etats-Unis tant que ceux-ci n'ont pas annulé les sanctions imposées depuis août 2018.

A Téhéran, M. Bonne a remis un message écrit du président français à son homologue iranien, a indiqué le bureau de M. Rohani. Lors de la rencontre, M. Rohani a déclaré que l'Iran avait "toujours laissé la porte ouverte à la diplomatie et au dialogue", que l'objectif restait "la mise en oeuvre intégrale" de l'accord, a ajouté la présidence iranienne. Il a ajouté que l'Iran attendait des autres parties qu'elles "appliquent totalement leurs engagements".

M. Bonne avait auparavant rencontré le contre-amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, ainsi que le ministre des Affaires étrangères M. Zarif et son adjoint Abbas Araghchi.

Sa mission est "d'essayer d'ouvrir l'espace de discussion pour éviter une escalade non contrôlée, voire même un accident", avait indiqué mardi le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, alors que l'exacerbation des tensions entre Téhéran et Washington fait craindre un embrasement dans la région du Golfe.

L'Iran a annoncé lundi produire de l'uranium enrichi à au moins 4,5%, soit au-delà du maximum autorisé par l'accord (3,67%) et a menacé de prendre de nouvelles mesures dans "60 jours" si ses demandes ne sont toujours pas satisfaites. A 4,5%, le taux d'enrichissement est encore loin des 90% qui permettraient d'envisager la production d'une bombe atomique.



(Lire aussi : Téhéran augmente le degré d’enrichissement de son uranium)


"Dépassements légers"
Mais compte tenu des suspicions passées de la communauté internationale, les dernières annonces de Téhéran suscitent l'inquiétude à l'étranger, même si l'Iran, qui a toujours démenti vouloir la bombe atomique, s'est engagé à ne jamais chercher à acquérir cette arme.

Dans un communiqué commun, Berlin, Londres, Paris et l'Union européenne ont relevé mardi la volonté iranienne de "rester dans le cadre" de l'accord. Mais les Européens ont appelé l'Iran à "agir en conséquence en revenant sur ces activités et en se conformant de nouveau pleinement et sans délai" aux termes du pacte. M. Le Drian a néanmoins qualifié de "dépassements légers" les manquements de l'Iran à ses engagements. "Ce ne sont pas des dépassements de rupture", a-t-il dit.

Une réunion extraordinaire de l'AIEA à Vienne a permis mercredi aux Européens parties à ce texte de rappeler leur volonté de voir Téhéran respecter à la lettre ses obligations. L'ambassadrice américaine, Jackie Wolcott, a, elle, accusé Téhéran de se livrer à une tentative d'"extorsion nucléaire". "Il est tristement ironique que cette réunion ait été organisée à la demande des Etats-Unis, le régime à l'origine de la situation actuelle", a pour sa part jugé l'ambassadeur d'Iran, Kazem Gharib Abadi. Une "bizarrerie" également relevée par le représentant russe, Mikhaïl Oulianov, pour qui "en premier lieu, les Etats-Unis doivent abandonner leurs tentatives d'imposer un embargo pétrolier à Téhéran".

En sortant de l'accord de Vienne, Washington a rétabli des sanctions punitives plongeant l'Iran dans une violente récession et lui faisant perdre un par un les acheteurs de son pétrole.



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