Splendide Bruegel, dans la Vienne impériale

L’année 2019 marque le 450e anniversaire de la mort du peintre Pieter Bruegel l’ancien (circa 1525-1569), considéré comme le maître flamand incontournable du XVIe siècle. La Belgique organise, tout au long de l’année, une kyrielle d’événements en hommage à son peintre, comme les musées royaux des beaux-arts de Bruxelles qui possèdent la deuxième plus grande collection de tableaux.

Dans un large éventail d’activités, ces musées proposent, à travers un « Bruegel box », une immersion au cœur de l’œuvre du peintre où le spectateur se retrouvera, par une subtile projection HD des toiles sur les murs du sol au plafond, au milieu de différents personnages énigmatiques et ludiques habitant les toiles.Parallèlement et en avant-première, le Kunsthistorisches de Vienne a organisé une monographie exceptionnelle du peintre, ce prestigieux musée possédant, à lui seul, douze peintures du maître sur les quarante existantes, soit la plus grande collection réunie sous un même toit et amassée il y a quatre siècles par les Habsbourg.

Quelque 90 œuvres ont été rassemblées dont des gravures, des dessins et des toiles. On pouvait admirer 27 peintures sur les 40 existantes, le reste ne pouvant être déplacé puisque exécuté sur des panneaux de bois fragiles.

La confrontation avec cette œuvre est une invitation à la découverte par une contemplation persévérante. D’emblée, on rentre de plain-pied dans les salles du musée pour en ressortir difficilement, puisque envoûtés par les tableaux qui se contemplent, s’offrant au visiteur en d’innombrables mises en scène époustouflantes.

Cet art est associé au côté ludique de Jérôme Bosch, l’influence de ce dernier étant évidente sur l’œuvre de Bruegel qui va ensuite s’en éloigner, pour bâtir son style tellement personnel.

C’est pour lui une appétence de peindre le paysage ; il le révolutionne comme sa toile la plus célèbre Chasseurs dans la neige. Ses paysages seraient précurseurs de ce genre dans l’art occidental.

S’il s’éloigne complètement de l’idéalisation de la beauté antique, si chère aux artistes de la renaissance italienne qui ont excellé dans leurs regards respectifs, à travers un retour aux canons gréco-latins, c’est pour mieux consacrer son pinceau à des scènes villageoises où fourmillent les personnages, un sujet majeur de son œuvre qui nous laisse pantois. Ou encore dans des toiles où ses hommes sont pris dans la masse. En maître de l’art flamand, il assimile la petitesse humaine en la décrivant, retraçant son entourage avec un naturalisme extraordinaire dont les détails réunis forment un grand dictionnaire de l’image.

Pieter Bruegel l’ancien peint les saisons, il incorpore des proverbes dans ses toiles par des allégories, des actions humaines dérisoires ou quelquefois immorales. Il peint aussi les mendiants, les estropiés, les aveugles, la tour de Babel, le Christ, les jeux d’enfants, le triomphe de la mort…

Il y a dans cette œuvre ce je ne sais quoi de magnifique qui rutile dans sa représentation du quotidien et qui affecte les passions dans un face-à-face dynamique avec une diachronie iconographique qui ne peut être comprise puis résolue que par un déliement raisonné, un cogito dense et fertile.

Pour mémoire

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