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À La Une - conflit

L'Arabie saoudite sous la menace des drones des rebelles yéménites

Les houthis ont-ils acquis une nouvelle capacité militaire ? Pourquoi la défense aérienne saoudienne est fragile ? L'Iran est-il impliqué ? Des experts répondent.

Des partisans des rebelles yéménites houthis lors d'une manifestation le 28 juin 2019 à Sanaa. AFP / Mohammed HUWAIS

Les rebelle houthis du Yémen, considérés comme proches de l'Iran, ont intensifié leurs attaques de drones et missiles sur des villes d'Arabie saoudite, mettant au jour des vulnérabilités militaires du royaume au moment où la tension grandit entre Téhéran et Washington.

Neuf civils ont été blessés mardi dans une attaque menée par des houthis contre un aéroport civil dans le sud de l'Arabie saoudite, selon la coalition militaire dirigée par Riyad. Les rebelles ont revendiqué "une vaste opération prenant pour cible des avions militaires à l'aéroport international d'Abha" avec des drones.

Les rebelles ont-ils acquis une nouvelle capacité militaire ?

La hausse des attaques de drones contre des installations aéroportuaires, des usines de dessalement et d'autres infrastructures saoudiennes fait suite à l'usage par les houthis de missiles balistiques.

Les Etats-Unis et leur allié saoudien étant parvenus à enrayer les circuits de contrebande de missiles, les drones sont apparus, selon les experts, comme une alternative relativement peu coûteuse et même plus efficace du point de vue rebelle. Non seulement les houthis ont recours à des drones volant à basse altitude et donc difficiles à détecter, mais ils ont également tiré récemment des missiles de croisière contre des installations saoudiennes, aéroports ou station électrique, ce qui constitue une progression majeure de leur puissance militaire.

Leur chef Abdel Malek al-Houthi affirme que ses forces ont la capacité d'atteindre des cibles "importantes et stratégiques" en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, membre clé de la coalition anti-rebelles.

Enfin, les rebelles déploient de plus en plus d'engins explosifs improvisés en mer Rouge, ce qui représente un "danger pour la navigation commerciale", selon un rapport d'experts de l'ONU publié en 2018.



(Lire aussi : Dans le sud du Yémen, la présence émiratie contestée)



Pourquoi la défense aérienne saoudienne est fragile ?

La multiplication des attaques de drones jettent une lumière crue sur les systèmes de défense de l'Arabie saoudite qui a dépensé des centaines de milliards de dollars en avions de combat et autres équipements militaires lourds.

"Les attaques des houthis sur le sol saoudien ont exposé des failles dans les systèmes de défense antimissile et antiaérien" de Riyad, dit Becca Wasser, analyste politique de la RAND Corporation, think tank basé aux Etats-Unis. Même si l'armée de l'air est "l'une des meilleures branches" des forces armées saoudiennes, les frappes des rebelles yéménites lui font subir "une énorme pression", souligne Mme Wasser. Et "si les membres de la défense antiaérienne savent se servir des batteries de missiles Patriot, (...) ils utilisent un système antimissile qui n'a jamais été conçu pour repousser des drones", ajoute-t-elle. De fait, le système américain Patriot semble avoir été peu efficace pour intercepter les engins lancés du Yémen.



(Lire aussi : Golfe, Irak, Yémen, Arabie saoudite... La région sur un baril de poudre)



Pourquoi ces attaques ?

Les attaques des rebelles surviennent au moment où les tensions régionales s'accroissent. Le 20 juin, l'Iran a abattu un drone américain qui se trouvait selon lui dans son espace aérien -Washington assure qu'il volait au-dessus des eaux internationales. Quelques jours plus tôt, les Etats-Unis ont accusé l'Iran d'avoir attaqué deux pétroliers en mer d'Oman, au sud-est du détroit d'Ormuz, un corridor vital reliant les États riches en énergie du Moyen-Orient au marché mondial. Téhéran a nié être impliqué.

Par ailleurs, les frappes des houthis répondent à une série de raids aériens de la coalition conduite par l'Arabie saoudite sur la province yéménite de Hajjah (nord) et la capitale Sanaa, qui sont aux mains de la rébellion.

"Les houthis ciblent délibérément des infrastructures clés qui, si elles sont endommagées ou détruites, auront un impact négatif sur les civils", explique l'analyste de la RAND Corporation.
Cette tactique "vise à mettre sous pression le gouvernement saoudien en forçant la population à subir le coût de la guerre au Yémen", estime Becca Wasser.

Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes au Yémen, dont de nombreux civils, depuis le début de l'intervention de la coalition menée par Riyad en 2015, selon les organisations humanitaires. Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d'assistance, d'après l'ONU.



(Lire aussi : Détroit d'Ormuz : déséquilibre des forces et guérilla navale)



L'Iran est-il impliqué ?

Riyad et Washington accusent Téhéran de fournir aux houthis l'expertise, les plans et l'entraînement pour mettre leurs drones au point.

L'Iran assure ne pas armer les rebelles yéménites mais des experts de l'ONU, dans un rapport publié l'an dernier, affirment avoir identifié "des débris de missiles, du matériel militaire et des véhicules militaires aériens sans pilote d'origine iranienne". Selon leur rapport, le drone rebelle de type Qasef-1 est "virtuellement identique dans sa conception, sa taille et ses capacités à celles du modèle Ababil-T", fabriqué par l'industrie iranienne. Ces experts rejettent les affirmations des rebelles selon lesquelles ils fabriqueraient leurs drones eux-mêmes.



Pour mémoire
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Les drones des Houthis ou bien les drones iraniens des Houthis?

LeRougeEtLeNoir

12 h 50, le 04 juillet 2019

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Commentaires (1)

  • Les drones des Houthis ou bien les drones iraniens des Houthis?

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 50, le 04 juillet 2019

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