Le président Donald Trump lors d'une réunion au Bureau ovale, à la Maison Blanche, le 20 juin 2019. AFP / MANDEL NGAN
Quelques heures après que l'Iran eut annoncé avoir abattu un drone américain qui se trouvait selon lui dans son espace aérien, le président Trump a réagi d’une manière quelque peu confuse. Après s’être fendu d’un tweet laconique et menaçant, "L'Iran a fait une énorme erreur !", le locataire de la Maison Blanche a évoqué, depuis le Bureau ovale, l'hypothèse d'une erreur humaine. "J'ai le sentiment que c'était une erreur faite par quelqu'un qui n'aurait pas dû (prendre cette décision)", a déclaré M. Trump. "J'ai du mal à croire que cela était délibéré", a-t-il ajouté. Interrogé sur une éventuelle réponse américaine au drone abattu, il est resté évasif: "Vous verrez", a-t-il simplement répondu.
Le Pentagone avait confirmé, quelques heures plus tôt que les forces iraniennes avaient abattu un drone de surveillance de l'US Navy.
Selon les Etats-Unis, qui ont dénoncé "une attaque injustifiée", le drone de surveillance abattu par l'Iran se trouvait "dans l'espace aérien international". L'Iran soutient que le drone se trouvait dans son espace aérien, et a prévenu que la violation de ses frontières constituait une "ligne rouge".
Jeudi matin, les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont annoncé qu'un drone Global Hawk (du fabricant américain Northrop Grumman), a été abattu à 04h05 (23h35 GMT mercredi) par un "missile" au dessus de la mer d'Oman "après avoir violé l'espace aérien iranien". Il avait décollé mercredi 19h44 GMT d'une base américaine sur "la rive sud du golfe Persique", "éteint tous ses dispositifs de reconnaissance", passé le détroit d'Ormuz et mis le cap vers l'est en direction du port iranien de Chabahar, ont-ils affirmé. Selon les Gardiens, l'appareil a été abattu au retour de sa mission, dans la zone côtière près de Bandar-é Jask (Sud).
"Ligne rouge"
La violation des frontières iraniennes est la "ligne rouge" à ne pas franchir, a prévenu le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens cité par l'agence de presse iranienne Tasnim. "C'est un message clair, net et précis: les défenseurs des frontières (...) ripostent à toutes les agressions étrangères et notre réaction est, et sera, catégorique et absolue", a-t-il déclaré. "Les frontières représentent notre ligne rouge", a affirmé le général. "Nous déclarons que nous ne cherchons pas la guerre mais nous sommes prêts à répondre à toute déclaration de guerre", a-t-il ajouté, avant de marteler : "L'ennemi ne pourra jamais fouler le sol iranien".
"Nous protestons contre toutes les démarches provocatrices qui portent atteinte à l'intégrité territoriale de notre pays", a, pour sa part, déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne Abbas Moussavi, avertissant que "la responsabilité des conséquences éventuelles de ces actions incombera entièrement aux agresseurs". Aucune image de l'appareil détruit n'a été publiée par les médias iraniens.
"Les informations iraniennes selon lesquelles l'engin aérien survolait l'Iran sont fausses", a rétorqué l'état-major américain. Selon le commandement central des forces américaines, le drone a été abattu par un missile sol-air iranien au-dessus du détroit d'Ormuz, point de passage stratégique pour l'approvisionnement mondial de pétrole.
L'armée américaine a intensifié mercredi ses accusations contre l'Iran, qu'elle tient responsable de l'attaque des deux tankers touchés par des explosions le 13 juin en mer d'Oman. Les Etats-Unis ont imputé ces attaques, qui n'ont pas été revendiquées, à l'Iran. L'un des deux navires attaqués le 13 juin a été touché par une mine-ventouse "semblable à celles utilisées par l'Iran", a assuré l'US Navy. Téhéran a démenti toute implication et laissé entendre que les attaques du 13 juin pourraient être un coup monté des Etats-Unis pour justifier le recours à la force contre l'Iran.
(Lire aussi : Détroit d'Ormuz : déséquilibre des forces et guérilla navale)
"Catastrophe"
Face aux craintes d'un embrasement après la multiplication des incidents ou attaques dans la région du Golfe et l'exacerbation des tensions, la Russie a mis en garde contre un éventuel recours des Etats-Unis à la force contre l'Iran, alors que d'autres pays occidentaux ont appelé à la retenue.
"Les Etats-Unis disent qu'ils n'excluent pas un recours à la force (...). Cela serait une catastrophe pour la région", a déclaré le président russe Vladimir Poutine.
La veille, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a estimé que "le risque de guerre dans le Golfe" n'était "pas écarté".
Selon Paris, le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, a effectué mercredi une visite éclair en Iran en vue "de contribuer à une désescalade des tensions". Celles-ci ne cessent de monter depuis que le président américain a décidé en mai 2018 de retirer son pays de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, et de rétablir de lourdes sanctions contre Téhéran.
Les Etats-Unis viennent de renforcer davantage leur dispositif militaire au Moyen-Orient après l'annonce par l'Iran que ses réserves d'uranium faiblement enrichi passeraient bientôt au-dessus de la limite prévue par l'accord de Vienne.
Jeudi, les cours du pétrole semblent réagir aux dernières tensions; peu après 12h00 GMT, le baril WTI pour livraison en juillet est monté de 3,42% 55,60 dollars, celui de Brent pour livraison en août a grimpé de 2,78% à 63,54 dollars.
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Si les États Unis accusent c’est qu’ils ont des preuves et que c’est vrai. Si les États Unis réfutent des accusations “oh c’est sûrement les méchants qui testent” Ah le monde, quelle parodie. Le drone en question a sûrement violer l’espace aérien iranien tout comme des centaines si ce n’est des milliers d’autres nous ne sommes guère au courant. Que croyez-vous? Que les États Unis se font des ennemis et qu’ils ne les surveillent pas? Ne les infiltrent pas? Ne leurs font pas de coup bas? Ils feront tout ce qu’ils jugent nécessaires pour arriver à leurs fins et les Iraniens en feront de même.
22 h 19, le 20 juin 2019