« Flytographer », un service de photos spécialisé en lunes de miel

Pourquoi ne pas prolonger aussi en images de qualité la suite naturelle de la magie de la robe blanche, de la pièce montée et des poses étudiées avec parents et amis ? Le prolongement du mariage étant la lune de miel, il a paru évident, aux temps des réseaux sociaux surtout, qu’elle méritait mieux qu’un selfie pris à la hâte par un des deux conjoints ou par un/e passant/e qui gentiment propose de photographier le couple. De là est venue à Nicole Smith l’idée de créer un service en ligne de photographes professionnels que l’on peut solliciter dans tous les recoins de la planète. Elle trouve une niche qu’elle baptise Flytographer.com (Photographe volant) et la lance il y a six ans. Opérant à partir du Canada, ce service connecte tout genre de voyageurs en vacances – et là où ils se trouvent – avec des photographes sur place, accrédités pour ce travail. La branche spécialisée pour « nouveaux mariés » a de suite connu une grande popularité. À leur intention, ont été créées des connexions dans les lieux classiques, dépaysants ou exotiques très prisés pour la lune de miel, parmi lesquels Paris, Rome, l’île de Santorini en Grèce, la côte Amalfitaine et Bali. Ces quelques destinations font partie des 250 villes couvertes par ce site, qui met à la disposition de ses clients plus de 500 photographes professionnels. Il couvre donc tous les continents (à part l’Antarctique), de Reykjavik à Milwaukee, en passant par Shanghai, et jouit d’une logistique bien huilée : une fois le rendez-vous convenu, le client reçoit un « Shoot Scoop » confirmant sa demande et indiquant le lieu de rencontre avec le photographe. Quelques jours après la prise de vue, les intéressés reçoivent, toujours par courrier électronique, un lien qui leur permettra de télécharger leurs photos en haute résolution.

Du « prêt-à-photographier »
« Ce n’était pas chose courante que de réserver un photographe pendant un déplacement à travers le monde, explique Nicole Smith. Pour ramener un souvenir réussi d’un voyage, nous avons constaté que c’était un plus de pouvoir capturer l’esprit d’un lieu, ce qui ne peut pas se faire sans l’œil d’un tiers. » Cette innovatrice de la conservation des moments exceptionnels avait vu juste. En six ans, son entreprise en ligne a réalisé plus de 20 000 clichés. Selon le temps requis et le nombre de cadres choisis, le coût de la photo varie entre 250 et 650 dollars. Récemment, elle a fait partie de la liste Mashable (qui honore les meilleurs services communautaires sur la toile), désignant les huit femmes qui ont plafonné dans le secteur de l’industrie du voyage. Elle a, par la même occasion, donné naissance à un métier, le « photographe volant », qui répond à l’actuelle obsession générale d’archiver ses moindres faits et gestes. Et, bien entendu, de les partager.

Selon les témoignages de plusieurs couples affichés sur le site, les photographes spécialisés en lune de miel offrent un autre avantage : connaissant bien les lieux où ils opèrent, ils peuvent devenir de précieux guides, aidant leurs clients à prendre la pose idéale dans des spots inédits, hors des circuits traditionnels. Les amoureux découvrent ainsi la culture régionale et vivent parallèlement une véritable aventure touristique.

Pour d’autres, « confier leur représentation à des professionnels au lieu de se soucier eux-mêmes de fignoler leur album de lune de miel est très relaxant et permet de vivre en temps réel un véritable tête-à-tête en amoureux », peut-on lire le site.

Quoique cherchant avant tout à forger des souvenirs personnels de leur voyage de nocec, plusieurs nouveaux mariés ont confié que l’existence des réseaux sociaux a joué un grand rôle dans leur désir d’être fixés sur pellicule par des caméras professionnelles. Notamment pour s’afficher sur Instagram sous leur meilleur jour.

Et cette expérience ne s’arrête pas là. Une fois de retour à leur vie normale, les nouveaux époux gardent en mémoire et devant les yeux les inoubliables instantanés de leur lune de miel. En outre, ils n’hésitent désormais pas à engager des Flytographers lorsque, par exemple, ils se retrouvent à l’étranger pour des réunions de famille, d’amis et autres occasions spéciales. Dans ce contexte, s’est ainsi développée une spécialisation inédite en matière de photographie, celle de noter visuellement sur commande, et, le plus parfaitement possible, les impressions de voyage d’un nouveau genre de voyageurs, issus de l’ère de la Perfect Picture. En quelque sorte, un retour partiel au concept du grand Henri Cartier-Bresson qui considérait « l’appareil photo comme un carnet de croquis ». Mais s’il était pour lui un « instrument d’intuition et de spontanéité », plus de cinquante ans plus tard, il a viré vers le prêt-à-photographier.

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