Plusieurs employés arabes, principalement des Libanais, ont été sauvagement agressés samedi au Kazakhstan par des collègues locaux travaillant au sein d’une compagnie d’ingénierie, CCC.
Samedi, vers 11h, des employés de la compagnie en question, située dans la région de Tengiz qui regorge de ressources en hydrocarbures, ont manifesté leur colère, à la suite de la diffusion d’une photo sur laquelle apparaît un ingénieur libanais, Élie Daoud, en compagnie d’une collègue kazakhe. La photo, montrant la pointe d’un talkie-walkie qui arrive au niveau de la bouche de la jeune femme, a été jugée suggestive et a donc heurté les sentiments des employés locaux. Ces derniers ont alors agressé en nombre des collègues arabes, notamment libanais, pour se venger.
Élie Daoud a, alors, publié sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle il présente ses excuses à ses collègues et au peuple kazakh. Mais il aurait été licencié par son employeur et devrait être expulsé du pays. Sur des images d’une grande violence publiées sur les réseaux sociaux et qui n’ont pas pu être vérifiées, on peut voir des employés de la compagnie, dont certains sont masqués, violemment battre plusieurs personnes isolées. Ces personnes apparaissent ensuite ensanglantées, suppliant leurs agresseurs d’arrêter. Des agents de sécurité locaux apparaissent également dans d’autres vidéos tentant d’éloigner la foule et de protéger les victimes. Le nombre exact de Libanais attaqués n’a toujours pas pu être déterminé. De même que la nationalité des autres victimes.
Tensions latentes entre employés locaux et étrangers
Selon la chaîne LBCI, ce déchaînement de violence après la publication de la photo en question refléterait des tensions latentes entre les employés locaux et les étrangers, notamment libanais, probablement en raison de différences de salaires et de conditions de travail. Face à cet incident, le Premier ministre, Saad Hariri, a chargé le secrétaire général du Haut Comité de secours, le général Mohammad Kheir, d’établir les contacts nécessaires afin de s’enquérir des circonstances des événements et de « faciliter le rapatriement du ressortissant libanais » expulsé. « Nous allons suivre cette affaire de près et jusqu’au bout », a promis le général Kheir, dans des propos rapportés par la LBCI.
Samedi soir, le ministère des Affaires étrangères a annoncé via son bureau de presse que l’ambassade du Liban au Kazakhstan « suit les conséquences de l’incident qui a eu lieu dans le complexe appartenant à la compagnie CCC et qui a fait plusieurs blessés de différentes nationalités, notamment libanaise ». Le palais Bustros a également souligné qu’il était en contact avec le ministère kazakh des Affaires étrangères, la société CCC et les Libanais (victimes de l’agression) afin d’assurer leur sécurité et d’obtenir les documents nécessaires à leur rapatriement. La diplomatie libanaise a enfin fait savoir qu’elle assurera le suivi de l’affaire, à travers sa mission au Kazakhstan, pour « mettre au jour les circonstances de l’incident et s’enquérir des résultats de l’enquête, de façon à préserver la sécurité et les intérêts des Libanais travaillant au Kazakhstan ».
Le ministre de la Défense, Élias Bou Saab, a pour sa part indiqué avoir contacté son homologue kazakh et lui avoir demandé de « prendre toutes les mesures nécessaires à la protection des ressortissants libanais » dans son pays. M. Bou Saab a en outre annoncé que tous les Libanais blessés sont sortis d’hôpital et ne souffraient pas de blessures graves. Il a confirmé qu’ils se trouvaient à présent en sécurité.