« Les Cactus » de Bibi Zogbé

Très jeune, en ouvrant les yeux sur le monde de l’art, Nabil Nahas se souvient qu’hormis les toiles de sa tante Yvette Achkar, celles de Bibi Zogbé avaient été les premières à le fasciner alors qu’il les découvrait sur les murs de sa famille. S’il n’avait que dix ans à l’époque et ne commençait qu’à talocher ses premiers tableaux, il rêvait déjà de devenir, sur les pas de l’artiste libanaise, un « peintre de fleurs internationalement connu ». Bien des années plus tard, de retour au Liban après des études aux États-Unis, il se rend chez un parent qui vendait des toiles, dont celle des Cactus, une huile sur toile de 80 x 100 cm. C’est la première de Zogbé qu’il acquerra. Ce qui l’a fait, selon ses mots, « tomber amoureux de cette toile », c’est d’abord son sujet qui le ramène à la tendre enfance dans la montagne libanaise où il se piquait les doigts à vouloir cueillir les fleurs qui coloraient les cactus parsemés partout. Nostalgie mise à part, Nabil Nahas considère Bibi Zogbé comme « l’une des sommités de l’art libanais », peintre d’une grande modernité, révolutionnaire dans son approche à la composition et à la couleur, mais aussi et surtout pour ses images infiniment stylisées. Ce qui le pousse à en glaner les tableaux dès qu’il en a l’occasion. Et surtout, ce qui confirme au passage sa conviction que les plus grand maîtres de la peinture libanaise – Huguette Caland, Saloua Raouda Choucair, sa tante Yvette Achkar ou encore Bibi Zogbé – sont des filles d’Ève !