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Lifestyle - Mode

Jennifer Chamandi, une certaine science de l’élégance

Jennifer Chamandi. Photo DR

Sa fraîcheur d’abord. Un faux air de Victoria Beckham, le sourire en plus. Jennifer Chamandi dégage une bonne humeur contagieuse qui transparaît jusque dans les chaussures qu’elle crée sous son label éponyme depuis deux ans et demi : l’âge de ses filles jumelles qu’elle a couvées en même temps que son projet. Triple accouchement en quelque sorte, et une nouvelle page dans une vie commencée dans la finance, entre un diplôme à la LSE et un début de carrière prometteur chez Merill Lynch.

La jeune femme confie avoir toujours aimé à égalité les mathématiques et les chaussures. L’escarpin – le talon aiguille – est pour elle non seulement un accessoire qui modifie l’attitude de la femme en confortant son pouvoir de séduction, mais un défi passionnant au niveau de la conception. Jennifer Chamandi, qui puise son inspiration aux géométries et palettes de Kandinsky et Fernand Léger, est avant tout une dessinatrice née. Parallèlement à ses études et stages en finance et en économie, elle suit des cours intensifs entre Central Saint Martins et London’s Cordwainers College pour apprendre les secrets de fabrication d’un soulier féminin. L’idée fait son chemin et le rêve est trop grand pour ne pas aboutir. Son premier concept consiste à prendre le mot « aiguille » au pied de la lettre en ajoutant au talon un chas par lequel passe la bride. L’avantage de faire passer la bride par le talon est à la fois pratique et esthétique : le pied est maintenu et le fâcheux effet visuel d’une jambe « coupée » au niveau de la cheville est contourné. La créatrice prend contact avec des fabricants en Italie trouvés sur internet pour les convaincre de réaliser ses modèles. Elle concentre sa recherche sur Milan après avoir constaté, étant basée à Londres, que plusieurs vols quotidiens desservaient les deux villes. L’entreprise approchée ne lui répond pas, mais elle a le sentiment que c’est là que se produira le résultat qu’elle attend. Elle finit par comprendre que l’artisan approché pratique mal l’anglais et décide à cet effet de prendre des cours d’italien. Forte de cette nouvelle langue, elle revient à la charge avec une lettre émouvante, « existentielle », dit-elle, et convainc son correspondant. Ce sera le début d’une collaboration heureuse, si heureuse que l’escarpin phare sorti des ateliers milanais porte le nom du maître artisan qui lui a permis de voir le jour : Lorenzo.

Jennifer Chamandi travaille seule, longtemps. Au four et au moulin, elle réussit à faire placer ses créations sur les sites Net-a-porter, Farfetch et Browns, des entreprises d’e-commerce qui brassent des milliers d’articles au quotidien et sur les sites desquelles elle parvient à se distinguer. Son concept est simple, modèles basiques, lignes épurées, élégance indissociable du confort (« On n’est plus à une époque où il faut souffrir pour être belle. Personne ne consent à souffrir pour quoi que ce soit », dit-elle). Mais la magie prend et la créatrice apprend à son tour à déléguer, accepte avec de plus en plus de plaisir que d’autres l’aident à élargir son spectre d’action et de vente. Elle écoute clientes et amies, comprend leurs attentes, talons plats par-ci, talons épais par-là, son ADN mute et évolue avec l’art de vivre.

La marque Jennifer Chamandi, déjà proposée à Harrods Londres, Level Shoes Dubaï, Bergdorf Goodman et Neiman Marcus New York, Los Angeles et Miami ainsi qu’On Pedder Hong Kong et Singapour, fait une entrée remarquée au Liban depuis hier, accueillie par un événement tout en glamour chez Aïshti centre-ville. « Dans mon adolescence, au Liban, je passais souvent chez Aïshti rien que pour observer les modèles de chaussures et la manière dont ils étaient exposés, et je me disais qu’un jour mes propres chaussures seraient là. C’est un rêve qui devient réalité », sourit la jeune femme qui voit dans cette présence une véritable consécration, couronnée par l’enthousiasme de l’équipe de vente heureuse et fière de véhiculer une grande marque d’origine libanaise.

Jennifer Chamandi crée deux collections par an, toutes placées sous le concept Eye of the needle, soit le chas de l’aiguille. Ce procédé complexe a bien mérité son brevet : sans une approche scientifique de sa construction, le talon ainsi percé serait fragilisé, or il est d’une solidité à toute épreuve. Au raffinement et à la simplicité, il reste à ajouter l’énergie positive que véhicule la marque. Les objets, on le sait, s’imprègnent de l’humeur de celui qui les conçoit et les fabrique. À tous les niveaux de cette chaîne, beaucoup d’entente et d’amour conduisent à la conception de chaque modèle de chaussure et se retrouvent en bonus au fond de la boîte.


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