Emergency Room poursuit sa révolution à Mar Mikhaël

Équitable, respectueuse de l’environnement et de la diversité humaine, naturellement éthique, la jeune marque Emergency Room fondée par Éric Ritter accroche en ce mois de juin sa première enseigne à Mar Mikhaël, l’un des quartiers les plus créatifs de Beyrouth.

Comme son nom l’indique, la griffe est née d’un sentiment d’urgence. Elle apporte une belle réponse à l’industrie polluante et exclusive de la mode en recyclant des tissus de récupération et de fins de stocks et en se proposant à des adultes de tous âges, gabarits, genres, milieux et orientations sexuelles.

En conférant à son label ses propres initiales, le directeur artistique Éric Ritter se pose d’emblée en styliste engagé et joue les chiens fous dans le jeu de quilles bien aligné de la mode. Ce « millenial » fait partie d’une nouvelle génération de créateurs conscients et inquiets de la précarité de la planète. Il sait exactement ce qu’il coûte en eau, en ressources et en pollution chimique de continuer à produire une mode de masse. Il sait aussi qu’on pourra s’habiller encore longtemps, à peu de frais et avec beaucoup de glamour, avec les surplus textiles. Il sait surtout que l’avenir penche de plus en plus en faveur de la création plutôt que de l’industrie.

Dont acte. Après avoir commencé son parcours dans la grande couture, entre un passage chez Rabih Kayrouz et un autre chez Zuhair Murad, c’est dans le modeste atelier « Tara w’Kheit », créé par la fondation Safadi à Tripoli pour former des femmes sans revenus aux métiers de la couture et de la broderie, qu’Éric Ritter trouve véritablement sa voie. Les dédales du vieux souk de la ville n’ont plus de secrets pour le jeune styliste qui apprend à repérer, sur les cintres congestionnés et les étagères déformées sous le poids des rouleaux de tissu, les pépites dont il va réaliser, selon les quantités disponibles, des pièces uniques ou des séries limitées. Les draps de lit pour enfants, illustrés de mascottes – Titi, Goldolark ou les héros Marvel et Disney –, se transforment en chemises décalées. Les tissus d’ameublement, voire les tapis légers, les rideaux, les voilages, la passementerie sont détournés en jupes, vestes et manteaux. Professeur de style à l’école de mode l’Alba-La Cambre dont il est également l’assistant de la directrice, Ritter, qui a reçu ses bases à Esmod, jongle désormais en équilibriste chevronné entre volumes, textures et couleurs pour créer des collections inédites.

Désormais produits dans différents ateliers et coopératives à travers le Liban, les vêtements Emergency Room mettent en avant les artisans qui les ont réalisés. Ces mêmes artisans participent sur les réseaux sociaux au lobbying de la marque pour un changement radical dans l’industrie vestimentaire.

La collection été 2019 emprunte son vocabulaire à la décoration d’intérieur, réutilisant d’anciens rideaux, tapisseries et passementeries décoratives.

Avec une palette de couleurs vibrantes, vert citron, rose vif ou mauve, la collection est un mélange éclectique d’inspirations, entre kimonos asiatiques, trenchcoats, vestes espagnoles de matador, détails de la culture BDSM et techniques de couture classiques.

Tout aussi éclectique que les inspirations, le photo shoot met en scène toute une palette de personnalités différentes, chacune représentant un groupe social spécifique auquel s’identifier. La collection fait ainsi apparaître un tableau réaliste de Beyrouth : un métissage de cultures de rue nocturne qui raconte les histoires des uns et des autres. Les visages de cette campagne ont été habillés par Gabriella Kassab, maquillés par Lilia Laurel et saisis par l’objectif de Aly Saab.

En ce mois de juin 2019, un an après son lancement, Emergency Room s’établit en s’offrant un point de vente à Mar Mikhaël. Cette boutique permettra de découvrir, toucher, essayer et s’approprier au fil des livraisons une collection toujours renouvelée de pièces uniques.

Pour mémoire 

« Emergency Room », à (re)découvrir d’urgence !