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Lifestyle - Mode

Max Mara et les fantômes de Berlin

Max Mara croisière 2020. Photos DR

C’est au Neues Museum, sur l’île des musées de Berlin, qu’Ian Griffiths, le directeur artistique de Max Mara, a choisi de présenter la collection croisière 2020 de la marque. Le défilé coïncide avec le 30e anniversaire de la chute du mur qui a séparé Berlin en deux de 1961 à 1989. Un hommage à Marlene Dietrich s’est imposé au passage, et dans la foulée, à David Bowie omniprésent.

Fondée en 1951 par Achille Maramotti, pionnier du prêt-à-porter italien, Max Mara se divise depuis 2005 en une vingtaine de marques dont Sportmax, Weekend Maxa Mara, Marella et Marina Rinaldi. Fils et petit-fils de couturières chevronnées (la ligne Marina Rinaldi a été créée en hommage à sa grand-mère), Maramotti se passionne pour la mode en même temps qu’il poursuit ses études de droit. À vingt ans, il fait ses armes chez un fabricant d’imperméables suisse. L’après-guerre lui inspire l’idée de créer du prêt-à-porter abordable et de qualité pour la population féminine d’une société appauvrie mais qui ne renonce pas à l’élégance. Les lignes sont classiques, les éléments basiques, l’esprit est à la mode durable. C’est un manteau lancé par Maramotti pour l’automne-hiver 1981, dessiné par Anne-Marie Berretta, qui inscrit la marque dans le registre du désir. En cachemire et laine grattée camel, ce vêtement innove avec une stature ample, des manches kimono et un boutonnage masculin. Facilitant le mouvement, il répond aux besoins d’une femme nouvelle à laquelle s’ouvrent enfin de plus en plus de postes de responsabilité. Ce manteau, le 101 801, devient le cheval de bataille de la marque. Isabella Rossellini, Glenn Glose et la reine d’Espagne contribuent à en faire une icône qui perdure jusqu’aujourd’hui. Visionnaire, Achille Maramotti collectionne art contemporain et art ancien dès 1950. Il diversifie ses affaires tant dans la banque que dans le parmesan. Il décède en 2005 à l’âge de 78 ans. Ses enfants Luigi Ignazio et Maria Ludiovica lui succèdent.

Depuis 2009, c’est le Britannique Ian Griffiths qui tient les rênes de la maison. Ex-punk, le « directeur artistique le plus respecté d’Italie » traînait à l’âge d’homme son désœuvrement à Manchester, créant lui-même ses vêtements, jouant sa propre musique et passant ses nuits dans les clubs à faire la fête. Selon sa légende, c’est au moment où Margaret Thatcher lance l’idée d’envoyer les chômeurs d’Angleterre se battre aux Malouines qu’il décide de s’inscrire en études de mode à Manchester Poly pour échapper à la conscription. Jusque-là, rien dans le parcours de ce créatif aussi génial que discret ne le prédispose à poursuivre sa carrière dans le manteau camel pour executive women. Or si. Car il voit en Maramotti l’inventeur du « power dressing », ce vestiaire qui donne aux femmes un sentiment d’invincibilité. Il voit dans l’esthétique de Max Mara une redoutable modernité, doublée d’un esprit rebelle joliment déguisé. Il va y injecter sa propre culture, sa passion pour David Bowie et un art de manipuler l’apparence propre à la pop star.

Marlene donc, parce que les années 80 et la folle jeunesse de Griffiths étaient éminemment Berlin. Et Bowie parce que Bowie. Deux icônes absolues qui se donnent la main dans une collection croisière incarnée par Ute Lemper qui participe au défilé. Manteaux, bien sûr, amples sur des vestes étroites (Bowie nous regarde), vestes d’officiers et trench-coats (qui dit Berlin dit guerre froide), un zeste d’esprit cabaret (Heil Marlene !), des finitions à bords francs, des bijoux inspirés de l’art antique exposé au Neues Museum. Le tour est joué, c’est beau, c’est classe, c’est fou, mais ça ne se voit pas.



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