Groupe franco-libanais, CMA CGM est aujourd’hui un leader mondial à la fois du transport et de la logistique. Nous réalisons 30 milliards de dollars et employons pas moins de 110 000 personnes dans plus de 160 pays.
Pouvez-vous revenir sur les raisons de l’acquisition de CEVA ?
La logistique et le transport maritime sont complémentaires. Et beaucoup de clients nous demandent aujourd’hui de leur offrir des solutions « bout en bout ». Nous avons étudié plusieurs projets d’acquisition pour nous renforcer dans la logistique. CEVA était la bonne cible, en raison de l’ampleur de son réseau (plus de 750 sites dans le monde), de son chiffre d’affaires conséquent (plus de 7 milliards de dollars en 2018) et de sa bonne répartition de ses activités de freight forwarding et de logistique.
Nous détenons aujourd’hui plus de 99,5 % de CEVA. Avec CEVA, nous allons créer davantage de valeur auprès de nos clients et continuer à nous développer. Notre objectif premier est le retour à la rentabilité de CEVA. Nous avons pris plusieurs mesures pour y parvenir d’ici à la fin de l’année. La direction générale de CEVA a été confiée à un des cadres expérimentés de CMA CGM. Nous avons aussi ouvert à Marseille un centre opérationnel pour accélérer la prise de décision et mieux coordonner les opérations dans le monde.
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La direction de CMA CGM envisage-t-elle à terme d’absorber CEVA ?
Non, ce n’est pas prévu. La logistique et le transport maritime sont deux métiers différents mais complémentaires. Les synergies entre ces deux domaines d’activité sont faibles. Cela dit, nous mutualiserons les fonctions qui pourront l’être.
Qu’en est-il de la présence de CEVA au Liban ?
CEVA n’avait pas sa propre structure au Liban. Une des premières décisions prises lors de l’acquisition de CEVA a été de l’implanter ici. CEVA Liban a désormais son équipe – une quinzaine de personnes déjà actives – et ses bureaux à Beyrouth, juste en face du siège de CMA CGM. En termes de stockage, nous pouvons d’ores et déjà mobiliser les 40 000 m² du port sec de Taanayel (Békaa) en plus des 5 000 m² du terminal de conteneurs de Tripoli dont nous sommes actionnaires. L’implantation de CEVA correspond aussi à notre volonté forte de contribuer au développement du Liban et de la région. Nous avons créé ici à Beyrouth une direction régionale de CMA CGM qui pilote toute la région du Levant : le Liban, l’Arabie saoudite, Chypre, l’Égypte, l’Irak, la Jordanie et la Syrie. Nous en avons confié la responsabilité à Joseph Dakkak.
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CMA CGM se positionne aujourd’hui dans la course pour obtenir la concession de gestion du terminal de conteneurs du port de Beyrouth. Quelles sont les raisons qui motivent ce choix ?
Un appel d’offres doit être lancé dans les prochaines semaines pour remettre cette concession en jeu. La durée n’est pas encore connue. Nous allons candidater et nous espérons l’emporter. Nous avons de nombreux arguments à faire valoir. Nous avons l’expérience nécessaire, puisque nous gérons avec succès plus d’une trentaine de terminaux dans le monde. Nous apportons déjà 30 % des volumes du terminal et en sommes le premier client. Et notre engagement envers le Liban va bien au-delà de l’activité transport et logistique. Nous investissons dans ce pays, dans des entreprises de premier plan et dans les start-up via notre fonds d’investissement Merit Ventures. Nous soutenons l’éducation des jeunes Libanais à travers des partenariats avec l’École supérieur des affaires et l’Université américaine de Beyrouth.
Le développement du port de Tripoli va-t-il aussi vite que vous le souhaitez ?
Oui. Le port de Tripoli nous permet de desservir toute la Syrie et la région. Tripoli permettra d’ailleurs de desservir l’Irak, une fois les routes sécurisées. Avec le terminal de conteneurs qui est équipé de grues depuis deux ans, nos volumes ont été multipliés par 5 entre 2018 et 2019. En même temps, nos volumes à Beyrouth ont eux-mêmes progressé de 13 %.
Comment voyez-vous l’évolution des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et quel en est pour l’instant l’impact sur les transporteurs maritimes ?
Aujourd’hui, les États-Unis ont imposé de nouvelles taxes sur plusieurs produits importés de Chine. Le risque d’impacter négativement l’activité sur le transport maritime existe. Pour l’instant, le secteur résiste, et j’espère qu’une solution se profilera dans les prochaines semaines.
En ce qui concerne CMA CGM, nos volumes sont en hausse au premier trimestre (+4,4 % en rythme annuel), malgré une marge opérationnelle en léger recul. Nous avons mis en place un plan de réduction des coûts – dont les objectifs ont été rehaussés au printemps de 1,2 à 1,5 milliard de dollars, avec plusieurs pistes, dont la mutualisation de certaines de nos lignes maritimes ou la réorganisation de nos marques. Le groupe est solide. Il poursuit son développement, et continuera à en faire bénéficier son pays d’origine, le Liban.
À l’issue de votre déplacement au Liban, quelle est votre impression ?
C’est toujours un plaisir de revenir ici. Nous sommes très attachés à ce pays. Nos origines sont ici. C’est là que mon père a débuté. Je crois beaucoup dans le développement du Liban, malgré les difficultés actuelles. Le Liban a beaucoup d’atouts. Les Libanais sont très bien formés. Nous en recrutons beaucoup, ici au Liban mais aussi dans le monde entier. Le Liban peut compter sur nous.
Pour mémoire
Voila ce que j'appelle efficacité, sobriété, performance et surtout patriotisme. Merci Rodolphe
13 h 24, le 15 juin 2019