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L'Iran ne cherche pas une guerre ouverte avec Washington, selon des analystes

Si l'Iran était derrière cette attaque, l'hypothèse "la plus probable" serait "qu'il envoie un message pour prévenir les Etats-Unis et ses alliés dans la région qu'il a la capacité de riposter contre le renforcement des sanctions énergétiques", selon un expert.

Un homme tenant un drapeau iranien près d'un drapeau américain. AFP/Archives/CARLOS BARRIA

L'Iran, accusé par Washington d'être à l'origine des attaques contre deux pétroliers dans la région du Golfe, ne cherche pas un conflit ouvert, estiment des analystes, même s'ils n'excluent pas que Téhéran puisse vouloir envoyer des avertissements.

Les tensions sont montées d'un cran en mer d'Oman, près du stratégique détroit d'Ormuz, après les attaques, non revendiquées, jeudi de deux pétroliers. Le président américain Donald Trump a affirmé vendredi que "l'Iran a fait ceci", s'appuyant sur une vidéo publiée par le Pentagone et présentée comme l'accostage d'un des tankers par une vedette rapide des Gardiens de la Révolution, armée idéologique iranienne, qui retirent une mine non explosée de la coque du pétrolier. Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a estimé sur Twitter que les Etats-Unis avaient "immédiatement sauté sur l'occasion pour lancer des allégations contre l'Iran [sans] le début d'une preuve fondée ou circonstancielle".



Pour Neil Partrick, expert du Golfe, "(le guide suprême iranien Ali) Khamenei et les Gardiens de la Révolution iraniens sont des acteurs rationnels --malgré la façon dont ils sont présentés par certains-- et ils ne voudront pas, indûment, occasionner l'anéantissement de l'Iran". "Cependant, comme toujours, le danger d'une escalade, accidentelle ou intentionnelle, persiste", dit-il à l'AFP.

L'attaque des deux pétroliers, dont l'un est japonais, est survenue au moment même où le Premier ministre japonais Shinzo Abe, en visite inédite à Téhéran, rencontrait l'ayatollah Ali Khamenei dans l'espoir de calmer les tensions déjà vives depuis des mois entre Washington et les Iraniens. L'idée selon laquelle l'Iran voudrait "directement saper" la visite de M. Abe et "faire un cadeau à ses ennemis, les Etats-Unis et des pays du Golfe (alliés de Washington, ndlr), en organisant une attaque d'une telle importance, doit être mise en doute", selon M. Partrick.



(Lire aussi : Tensions régionales : l’Iran est-il en train de faire monter les enchères ?)



"Capacité de riposte"
Pour Torbjorn Soltvedt, expert pour le Moyen-Orient du cabinet de consultants Verisk Maplecroft, il est difficile, "à ce stade", de savoir pourquoi "l'Iran chercherait à perturber le trafic pétrolier en mer d'Oman". Si l'Iran était derrière cette attaque, l'hypothèse "la plus probable" serait "qu'il envoie un message pour prévenir les Etats-Unis et ses alliés dans la région qu'il a la capacité de riposter contre le renforcement des sanctions énergétiques", estime M. Soltvedt.

Les relations entre l'Iran et les Etats-Unis se sont vivement détériorées après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a rétabli une série de sanctions économiques contre Téhéran et s'est retiré en mai 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien, signé en 2015. Les Européens, la Chine et la Russie sont toujours partie à ce texte.

"Mais il est également possible que les partisans d'une ligne dure (contre les Etats-Unis) en Iran cherchent à attenter aux perspectives de nouvelles négociations entre Téhéran et Washington pour atténuer les tensions", d'après M. Soltvedt.

Les Etats-Unis ont aussi accusé l'Iran d'être "très vraisemblablement" derrière les sabotages le 12 mai de quatre pétroliers au large des Emirats arabes unis, ce que Téhéran avait aussi nié. Une enquête multinationale avait conclu à la responsabilité probable d'un "acteur étatique" mais aucune preuve ne permet à ce stade de dire qu'il s'agit de l'Iran, avaient dit les Emirats, rivaux de l'Iran et alliés de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis.

Les cours du pétrole ont grimpé après les attaques de jeudi, qui ont fait craindre un embrasement près du détroit d'Ormuz --proche de l'Iran-- par où transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde. Les Iraniens "ne vont pas fermer (le détroit). (...) Il ne va pas être fermé pendant longtemps et ils le savent. Cela leur a été dit dans les termes les plus forts", a affirmé vendredi Donald Trump.

"Nous pouvons nous attendre à davantage d'incidents plutôt qu'à des attaques attribuables à un Etat contre un autre", prédit Karen Young du centre de réflexion American Enterprise Institute. "Ni les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), ni l'Iran ne veulent un conflit militaire direct", explique-t-elle, en référence au groupement régional réunissant notamment l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.



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