Capture d'écran de la vidéo publiée ce jeudi par l'armée américaine, montrant, selon cette dernière, l'armée iranienne retirant une mine-ventouse de la paroi de l'un des pétroliers. U.S. Military/Handout via REUTERS
Les Etats-Unis ont accusé vendredi l'Iran d'avoir perpétré les attaques de la veille contre deux pétroliers dans la région du Golfe, diffusant une vidéo à la faible résolution qui révèle, selon eux, l'implication des forces iraniennes dans l'une des opérations.
Deux navires, un méthanier japonais (le Kokuka Courageous) et un pétrolier norvégien (le Front Altair), battant respectivement pavillons panaméen et des îles Marshall, ont été la cible d’une attaque jeudi matin dans la mer de Oman, à proximité du détroit d’Ormuz. Les équipages des deux bâtiments ont été évacués.
Le Commandement central américain a publié une vidéo qu'il présente comme étant l'accostage d'un des tankers attaqués, le Kokuka Courageous, par une vedette des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime iranien, dont l'équipage retirerait une mine non explosée de la coque. Sur la vidéo, la vedette, avec à son bord entre huit et dix personnes apparemment vêtus de gilets de sauvetage, apparaît accoster près d'un pétrolier.
Les premières images montrent une personne se tenant debout à l'avant de la vedette qui semble retirer de la coque un objet de couleur claire, légèrement plus grand qu'une grande assiette. "Un bateau de patrouille (...) des Gardiens de la Révolution a approché le M/T Kokuka Courageous et a été observé et enregistré en train de retirer une mine ventouse qui n'avait pas explosé", a déclaré le Commandement central américain. Un autre plan, légèrement zoomé, montre la vedette, longue de 10 à 15 mètres (30 à 50 pieds), qui s'éloigne du gros navire. Avant, un autre plan apparaît montrer une mitrailleuse sur le petit bateau.
Sur les deux plans, les détails du navire semblent correspondre à ceux retrouvés dans des images d'archives de l'AFP du Kokuka Courageous.
Le Commandement central américain n'a pas donné de détails sur les circonstances dans lesquelles les images avaient été tournées mais il semble qu'elles aient été prises depuis les airs.
En plus de la vidéo, le Commandement central a publié une photo montrant la mine sur une paroi du tanker avant que l'objet ne soit retiré plus tard dans la journée. En général, il est difficile que de tels documents soient déclassifiés, ce qui tend à montrer la détermination des Etats-Unis à convaincre la communauté internationale de la responsabilité de l'Iran dans les attaques.
"Inexploitable"
Le commandement a dévoilé la chronologie détaillée des événements, à commencer par les deux appels de détresse reçus par les forces navales américaines, l'un de l'Altair à 6h12 et l'autre du Kokuka Courageous à 7h. L'armée américaine s'est focalisée sur les mouvements de navires iraniens se trouvant à proximité, indiquant que l'ordre avait, selon elle, été donné par l'Iran de récupérer l'équipage du Front Altair. Une heure après l'appel de détresse du Kokuka Courageous, un avion américain a aperçu une patrouille navale et plusieurs embarcations d'attaque rapide des GRI s'approcher du Front Altair.
A Oslo, les autorités maritimes ont fait état de trois explosions à bord du Front Altair. Propriété du groupe norvégien Frontline, le pétrolier a été "attaqué" entre les Emirats et l'Iran "à 06h03 locales", ont-elles indiqué, précisant qu'aucun membre d'équipage n'avait été blessé et que ce tanker de 111.000 tonnes était en flammes. La télévision d'Etat iranienne Irib a montré des images spectaculaires d'une épaisse colonne de fumée noire s'élevant du navire. Le Kokuka Courageous, un méthanier, a essuyé des tirs mais son équipage a été sauvé -un marin a toutefois été légèrement blessé- et sa cargaison de méthanol est intacte, a affirmé son opérateur japonais. Le navire se dirigeait vendredi vers le port omanais de Khor Fakkan.
L'analyste Ali Ansari, expert du Moyen-Orient à l'université de Saint-Andrews en Ecosse, met en garde contre des conclusions hâtives sur la vidéo américaine. "Les conséquences peuvent être importantes donc on ne devrait pas se dépêcher à tirer des conclusions", a-t-il dit.
Jean-Pierre Maulnay, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques à Paris, estime que la vidéo est "inexploitable". Selon lui, les personnes à bord du bateau semblent retirer quelque chose de la coque du navire mais "nous ne savons pas ce que c'est".
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Attaques "signées" de l'Iran
La tension était déjà élevée depuis de précédentes attaques, il y un mois quasiment jour pour jour, contre quatre navires au large des Emirats arabes unis, acte pour lequel Téhéran avait déjà été montré du doigt par Washington. Mais, à l'époque, l'administration de Donald Trump avait pris plusieurs jours avant de parvenir à cette conclusion.
Jeudi soir, la réaction américaine a été immédiate. Avant même la diffusion de cette vidéo, le secrétaire d'Etat américain Mike pompeo avait affirmé lors d'une allocution solennelle : "Le gouvernement des Etats-Unis estime que la République islamique d'Iran est responsable des attaques de ce jour en mer d'Oman". Tous les éléments pointent vers l'Iran, a ensuite dit en substance l'ambassadeur américain Jonathan Cohen à ses quatorze partenaires du Conseil de sécurité lors d'une réunion à huis clos convoquée en urgence par Washington. Le diplomate a évoqué la "sophistication" et le type de bombes utilisées, ont rapporté des diplomates.
Et vendredi, le président américain Donald Trump a affirmé que les attaques étaient "signées" de l'Iran, s'appuyant sur la vidéo. "Vous avez vu le bateau de nuit, retirant la mine", a-t-il dit. Centcom a indiqué que la vidéo avait été prise à 16h10 heure locale.
L'Iran rejette les accusations américaines
De son côté, réagissant aux accusations américaines, Press TV, la chaîne d'information en anglais de la télévision d'Etat iranienne, a écrit sur Twitter Voici "les faits": les Gardiens de la Révolution étaient "la force la plus proche du lieu de l'incident". "L'#Iran a été le premier à se rendre sur place pour sauver les équipages".
"L'Iran rejette catégoriquement les accusations infondées des Etats-Unis et les condamne dans les termes les plus forts", a en outre répliqué la mission iranienne auprès de l'ONU dans un communiqué jeudi soir. "Que les Etats-Unis aient immédiatement sauté sur l'occasion pour lancer des allégations contre l'Iran [sans] le début d'une preuve fondée ou circonstancielle fait apparaître en pleine lumière le fait que [Washington et ses alliés arabes] sont passés au plan B: celui du sabotage diplomatique [...] et du maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l'Iran", a également écrit le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif sur Twitter vendredi matin.
Plus tôt dans la journée, M. Zarif avait jugé hautement suspecte la coïncidence entre les attaques contre ces navires et la visite inédite du Premier ministre japonais Shinzo Abe à Téhéran.
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Il faut comprendre une chose que ces images ont été capter pas par une caméra conventionnelle comme on en voit sur les routes ... mais bien de plus loin que ça et les image venant de haute mer ne sont pas pareil que celle venant de la terre ...
15 h 21, le 14 juin 2019