Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a clarifié dimanche ses propos sur le "sunnisme politique" qui lui ont valu de violentes critiques de la part de responsables politiques sunnites ces derniers jours, laissant entrevoir une détérioration des relations entre le CPL et le courant du Futur de Saad Hariri.
"Tout ce qui s'est passé n'a pas été causé par des propos que j'ai tenus, mais des propos virtuels. Ils ont inventé des phrases et ont commencé à réagir à des propos sur le sunnisme politique, sur les professeurs de l'Université libanaise et la mise à pied du directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI). Ils m'attaquent sur des propos qui n'existent pas", a assuré M. Bassil à Chiyah dans le cadre d'une tournée partisane dans le caza de Baabda.Selon des propos qu'auraient tenus le chef du CPL lors d’une tournée dans la Békaa-Ouest ayant circulé sur les réseaux sociaux, M. Bassil aurait estimé que "le sunnisme politique (incarné par le camp Hariri de l’après-guerre) est né sur le cadavre du maronitisme politique (qui prévalait depuis l’indépendance de 1943), et lui a arraché tous les privilèges". "Nous voulons recouvrer ces droits intégralement", aurait-il ajouté.
Plusieurs responsables sunnites ont critiqué ces propos. A Dar el-Fatwa, le député de Beyrouth Nouhad Machnouk, membre du courant du Futur du Premier ministre Saad Hariri, a appelé à une révision de "l’alliance politique (avec le CPL) et ses fondements". "Nous empêcherons toute atteinte à l’accord de Taëf et aux prérogatives, ainsi que toute atteinte aux droits des sunnites", avait-il déclaré plus tôt dans la semaine. Achraf Rifi, ancien ministre de la Justice, farouche opposant au compromis présidentiel (qui a permis l'élection de Michel Aoun à la présidence) et récemment réconcilié avec Saad Hariri, a tenu des propos similaires.
Dans la journée, Mohammad Kabbara, député de Tripoli, a estimé que "les mésaventures de Bassil sapent le mandat Aoun", accusant le leader du CPL de "renverser l'accord de Taëf".
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"Pacte national"
"Nous ne voulons pas d'un retour du maronitisme politique. Le Liban ne peut se fonder dessus, ni sur le sunnisme politique ou le chiisme politique", a assuré le leader du CPL. "Nous ne cessons de parler du Pacte national. C'est sur sa base que nous avons scellé un partenariat et recouvré nos droits. Nous défendons les droits des gens, quelle que soit leur appartenance communautaire. C'est ce que nous avons fait après la guerre de juillet 2006 et après l’assassinat de Rafic Hariri en 2005", a-t-il ajouté.
Dimanche soir, la ministre de l'Intérieur Raya el-Hassan a réagi aux propos de M. Bassil dans un communiqué. "Comme à son habitude, Gebran Bassil insiste pour procéder à une escalade politique lors de chacune de ses tournées hebdomadaires, a dénoncé la ministre de l'Intérieur. Il a réussi à susciter davantage de divisions autour des choses les plus simples". "Je comprends et je connais très bien le programme de mon cher collègue et ses motivations, mais qu'il se serve de cela pour faire croire qu’il est le seul réformateur du pays m’incite à lui demander avec respect et cordialité, et en lui présentant mes excuses, de ne pas s'immiscer dans le travail des autres ministères", a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, M. Bassil a assuré n'avoir jamais évoqué le sort du patron des FSI, Imad Osman. "Pour autant, personne n'a le droit d'être au-dessus du Premier ministre", a-t-il souligné. "Personne ne peut nous intimider. Le rôle du Premier ministre et du président est de dévoiler la corruption, pas de la couvrir. Le CPL va démontrer qu'il ne couvre aucun corrompu", a lancé le ministre des Affaires étrangères.
Ces dernières heures, une polémique a opposé le CPL au Futur concernant le jugement rendu jeudi dans le procès de l'ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité des Forces de sécurité intérieure, Suzanne el-Hajj.
Mme el-Hajj, en procès après avoir été accusée d'avoir fabriqué de fausses preuves pour incriminer le réalisateur Ziad Itani de collaboration avec Israël, avait été acquittée vendredi et toutes les poursuites contre elle abandonnées.
Le secrétaire général du Courant du Futur, Ahmad Hariri avait estimé que ce jugement était "politisé, répondant à une volonté judiciaire vindicative et revancharde, et portant la signature d’un juge qui règle des comptes personnels au prix de la justice". Il a accusé le ministre de la Défense, Elias Bou Saab, membre du parti de M. Bassil, d'avoir "fait pression sur la justice", lors d'une visite au Tribunal militaire quelques jours avant la remise du jugement. Le verdict dans l'affaire Itani a également été critiqué par plusieurs responsables du Futur.
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WALLAH JE N,AI PAS DIT CA... CAD J,AI DIT MAIS ILS M,ONT MAL COMPRIS... OU ILS ONT COMPRIS CE QUE J,AI DIT... JE NE PEUX PAS RETENIR MA LANGUE ET LES BULLES D,AIR S,ECHAPPENT D,ELLES-MEMES... LOOOL !
15 h 53, le 03 juin 2019