Le ministre libanais de la Santé lance une nouvelle stratégie anti-tabac

Le ministre libanais de la Santé, Jamil Jabak, a lancé samedi, au lendemain de la journée mondiale sans tabac, un nouveau plan stratégique pour lutter contre le tabagisme au Liban, qui comprend notamment des mesures sévères pour empêcher la consommation de tabac par les moins de 18 ans.

S'exprimant lors de l'événement marquant le lancement de cette stratégie, en présence de nombreux responsables, M. Jabak a indiqué avoir "eu honte" lorsqu'il a été amené à répondre à des questions sur le tabagisme au Liban lors de l'Assemblée générale de l'Organisation mondiale de la Santé. "Les gens fument beaucoup, dans les maisons, les restaurants, les hôpitaux et les lieux publics. Certains parents laissent les adolescents fumer le narguilé à la maison", a-t-il déploré. Le ministre s'est également dit "désolée que le Liban "prétend être civilisé alors que les responsables sont incapables de faire appliquer les lois, à commencer par la loi anti-tabac". Il a regretté que cette incapacité soit notamment liée à "la crainte que baissent les revenus des restaurants dans lesquels il est permis de fumer".

Le ministre Jabak a souligné que les conséquences du laxisme en matière de lutte contre le tabagisme au Liban "coûte pas moins de 200 millions de dollars par an au ministère de la Santé, qui paie les médicaments des personnes souffrant de maladies chroniques". "Le Liban fait d'ailleurs partie des pays ayant les plus hauts taux de cancer des voies respiratoires et des poumons, et le nombre de personnes atteintes de ces maladies a triplé au cours de la dernière décennie", a-t-il poursuivi, citant des statistiques fournies par le Centre international de recherche sur le cancer.

Le ministre s'est longuement attardé sur les dangers du tabac sur la santé et sur les bienfaits de l'arrêt du tabagisme.

(Lire notre dossier : Lutte contre le tabac : décryptage d’un fiasco libanais)

Augmentation des prix
Dévoilant ensuite son plan pour lutter contre le tabagisme, M. Jabak a notamment insisté sur l'importance de mettre en application l'interdiction totale des publicités pour le tabac. Il a appelé à appliquer les lois anti-tabac libanaises adoptées entre 1995 et 2012, qui "prévoient toutes la mise en place d'avertissements sur les risques du tabagisme et l'établissement de conditions de production et d'importation" des produits tabagiques. Le ministre Jamil Jabak a encore insisté sur l'importance d'augmenter les prix des cigarettes et du tombac et de lutter contre le trafic, d'empêcher la distribution d'échantillons gratuits, et, surtout, d'empêcher aux mineurs de pouvoir acheter du tabac. "Nous allons renforcer ces mesures et nous irons jusqu'à fermer les restaurants qui permettent aux jeunes de moins de 18 ans de fumer le narguilé, ou leur imposer de sévères amendes", a-t-il mis en garde. 

Pour mettre en œuvre ces mesures, le ministre de la Santé a appelé à une coopération sérieuse et constructive entre les ministères de la Santé, de l’Économie, de l'Intérieur, du Tourisme et de l'Information. Il a invité le gouvernement et le Parlement à "adopter et mettre en application des législations permettant d'augmenter les prix du tabac".

A ce sujet, le président de la commission parlementaire des Finances et du Budget, le député Ibrahim Kanaan, prenant la parole lors du même événement, a souligné que "de nombreux projets de loi ont été discutés ces dernières années sur l'augmentation des prix du tabac", soulignant que ces projets n'ont pas été accueillis favorablement par les députés. Nombre d'entre eux craignent en effet une augmentation de la contrebande en cas d'augmentation des prix. "La fermeture des frontières à tout trafic est nécessaire pour éviter au Trésor de perdre des milliards de dollars", a-t-il souligné.

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