Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a affirmé samedi que sa formation, le Courant patriotique libre, mettrait en échec les tentatives d'implantation des réfugiés palestiniens, au moment où le plan pour la paix au Proche-Orient que doit présenter sous peu Washington refuse tout retour des Palestiniens réfugiés dans les pays de la région, selon certaines informations ayant fuité dans la presse.
"Il ne suffit pas de dire que l'implantation est prohibée par la Constitution. Ce qui empêche la naturalisation, c'est notre volonté immuable (...)", a dit le leader maronite, lors d'une tournée partisane dans la Békaa. "Le danger de l'implantation a augmenté aujourd'hui, car il ne s'agit plus seulement de réfugiés, mais de déplacés aussi", a estimé M. Bassil, en faisant référence au million de réfugiés syriens présents au Liban depuis 2011, date du début de la guerre en Syrie voisine. "Il y a une volonté claire de les garder chez nous, alors qu'il est de notre devoir de les rapatrier une fois la crise terminée, ce qui est le cas actuellement, car ils (le régime du président syrien Bachar el-Assad) ont remporté la victoire, comme nous l'avons fait le 25 mai" 2000, date du retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud, a ajouté M. Bassil.
"Nous allons mettre en échec le plan d'implantation et les Palestiniens ainsi que les Syriens vont rentrer chez eux. Voilà notre objectif, voilà le Liban que nous connaissons : celui de la dignité de toute personne libre, et non une terre d'asile dont la dignité est bafouée", a ajouté le chef du CPL.
A en croire les fuites concernant la teneur du plan de paix préparé par le gendre du président américain Donald Trump, Jared Kushner, ce document ne prévoit aucune opportunité pour les Palestiniens de rentrer chez eux et propose donc leur implantation dans les pays d'accueil. La Constitution libanaise rejette toutefois, dans son préambule, toute implantation au Liban.
Les Etats-Unis doivent dévoiler les 25 et 26 juin lors d'une conférence à Bahreïn le volet économique de ce plan de paix israélo-palestinien, dont la teneur politique n'a toujours pas été annoncée. L'Autorité palestinienne a annoncé qu'elle n'y participerait pas, les Palestiniens y voyant une contrepartie financière en échange de l'acceptation de l'occupation israélienne.
Le Liban accueille plus de 174.000 Palestiniens, selon un recensement officiel en 2017. Il s'agit essentiellement de Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la création d'Israël en 1948, et de leurs descendants. D'autres pays voisins comme la Jordanie accueillent aussi des réfugiés palestiniens.
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a lui aussi mis en garde samedi contre "le danger de l'implantation des réfugiés palestiniens qui se rapproche fortement".
(Lire aussi : Geagea : Le plan de paix américain pour le Proche-Orient est mort-né)
Par ailleurs, Gebran Bassil a répondu à la polémique qu'a suscité l'accueil qu'il a réservé au président de la commission des Affaires étrangères du Congrès américain, Eliot Engel, à son domicile à Batroun, ce dernier étant accusé d'être pro-Israélien.
Photo Twitter/@Gebran_Bassil
"Un ami du bon vieux temps. C'était un plaisir de te recevoir à Batroun, Eliot Lance Engel (...)", a écrit M. Bassil sur son compte Twitter, avec une poignée de photos de sa rencontre avec le responsable américain.
Un peu plus tard, M. Bassil a dit : "J'ai reçu aujourd'hui chez moi le président de la commission des Affaires étrangères du Congrès américain, qui est un vieil ami du président Michel Aoun et de moi-même, à l'époque où le général Aoun se rendait aux Etats-Unis. Certains nous en veulent car nous avons reçu le responsable le jour du 25 mai. Voyez comment on nous attaque! Comme si j'étais le seul à avoir reçu M. Engel. Ce responsable américain était à la tête de ceux qui ont soutenu au Congrès le recouvrement de la souveraineté du Liban, et la souveraineté est indivisible. (...) Il est de notre devoir de convertir les autres à notre cause, et non le contraire".
Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, avait lui aussi reçu ce matin M. Engel à Aïn el-Tiné. La visite de ce dernier au Liban intervient alors que les Etats-Unis sont actuellement engagés dans le processus de médiation entre le pays du Cèdre et l'Etat hébreu concernant le tracé des frontières.
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commentaires (9)
Si l’on accepte les désidératas des États Unis d’implanter 174000 palestiniens ( calcul totalement aléatoire et ô combien sous évalué) soit 3,50 % de la population actuelle, Ces États Unis accepteraient ils d’absorber proportionnellement, le même pourcentage au prorata de leur population, 4050000 de réfugiés, compte non tenu de la présence « provisoire » mais dans les faits définitifs des réfugiés syriens et autres 250000 travailleurs étrangers ... sur un territoire qui ne fait plus 10452 km2..chiffre érodé suite aux occupations successives.
C…
12 h 57, le 26 mai 2019