En marge de la réunion du mercredi qui rassemble chaque semaine nombre de députés chez le président du Parlement Nabih Berry, celui-ci a affirmé hier que les propositions du Liban concernant le litige sur les frontières terrestres et maritimes avec Israël avaient été acceptées et que l’émissaire américain David Satterfield, qui effectue la navette entre Beyrouth et Tel-Aviv, pourrait rapporter une « réponse définitive » la semaine prochaine. M. Berry a même parlé de « victoire pour le Liban » à ce propos.
« Il y a une avancée claire sur le dossier des frontières avec Israël, et un accord sur les propositions libanaises », a déclaré le député Ali Bazzi, membre du groupe parlementaire de M. Berry, à l’issue de la réunion hebdomadaire des députés à Aïn el-Tiné, ajoutant que les discussions avec M. Satterfield avaient été « positives ». Selon lui, le diplomate « pourrait transmettre une réponse définitive la semaine prochaine ». « M. Berry est optimiste concernant le dossier des frontières. Il estime que la position libanaise unifiée a joué un rôle essentiel dans ce développement positif ». « Je suis optimiste quant à la victoire de la position libanaise, officielle et populaire », a-t-il ajouté.
Interrogée par L’Orient-Le Jour, une source bien informée souligne que le développement perçu comme « positif » est la possibilité de former un comité tripartite similaire à celui mis en place en avril 1996, après le bombardement meurtrier par l’artillerie israélienne du village de Cana, au Liban-Sud. À cette époque, ce comité avait réussi à aboutir à un accord sur le tracé de la ligne bleue. Ce n’est pas la première fois que M. Berry affiche une position ferme à ce propos : il avait déjà insisté pour la formation d’un tel comité lors de précédentes visites de M. Satterfield.
(Lire aussi : Litige frontalier : avancées dans la médiation de Satterfield entre le Liban et Israël)
Mardi, deux responsables libanais avaient déclaré sous le couvert de l’anonymat à l’AFP que M. Satterfield, qui mène la médiation entre les deux pays techniquement toujours en guerre, a assuré aux responsables libanais lors de son dernier passage à Beyrouth qu’Israël était prêt à mener des négociations avec le Liban sur le litige frontalier. Interrogé par l’agence, le ministère israélien des Affaires étrangères n’avait pas souhaité faire de commentaire.
Toujours selon la source précitée, le Liban insiste pour que les frontières terrestres et maritimes soient délimitées en même temps, pour éviter les surprises. Le comité tripartite serait, comme celui qui l’a précédé, formé de représentants libanais et israéliens, avec une présence de l’ONU. Mais la différence avec le premier est le rôle de médiateur joué par les Américains, un rôle auquel le Liban avait été hostile par le passé, note un observateur, étant donné que ce pays considérait les États-Unis comme portant un soutien indéfectible à Israël. Tout montre que le Liban affiche une position bien plus flexible à ce niveau. Par ailleurs, souligne la source interrogée, la proposition libanaise aurait été accueillie favorablement en Israël du fait qu’elle est aussi dans son intérêt : en effet, toute compagnie qui s’engagerait pour le forage de pétrole en Méditerranée préférerait des garanties de stabilité à long terme.
D’autres observateurs soulignent cependant que l’émissaire américain ne se limiterait pas, dans ses entretiens avec les responsables, aux discussions en vue du forage d’hydrocarbures. La rhétorique américaine de ces derniers mois n’est en effet pas étrangère à ces réunions : M. Satterfield réitérerait devant ses interlocuteurs « la nécessité de se désolidariser du Hezbollah », à la lumière des sanctions américaines grandissantes frappant l’Iran, allié du parti chiite, et des tensions qui vont croissant dans la région, selon ces observateurs.
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Selon David Satterfield dans un journal arabophone : "Le Hezbollah ajourne provisoirement la discussion sur la libanité des fermes de Chebaa. Les fermes de Chebaa sont syriennes, on n'en parle plus, le débat est clos. Les sujets d'ordre territorial se discutent entre Etats et non avec des milices étrangères.
19 h 11, le 23 mai 2019