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Liban - scandale

La CGTL accepte la démission d’Asmar, mais appelle à sa libération

Les procédures judiciaires menées à l’encontre du syndicaliste se poursuivent cependant.

Le président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Béchara Asmar, le 25 septembre 2017 à Beyrouth. Photo ANI

La Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) a accepté hier la démission de son président, Béchara Asmar, qui a provoqué un tollé dans le pays pour avoir tenu des propos insultants à la mémoire du cardinal Nasrallah Sfeir.

Après avoir condamné avec véhémence « le comportement individuel » de M. Asmar, les membres du bureau de la confédération ont souhaité que cet incident, quoique « répréhensible et condamnable », ne soit pas instrumentalisé pour faire passer des politiques économiques qui favorisent les inégalités, alors que le gouvernement planche sur les mesures d’austérité qu’il s’apprête à avaliser dans le sillage de l’examen de l’avant-projet du budget 2019.

Lors d’une réunion d’urgence, les membres du bureau de la confédération ont annoncé avoir « accepté la démission de Béchara Asmar », précisant que le vice-président, Hassan Fakih, occupera la présidence par intérim. Dans un communiqué, ils ont toutefois appelé à ce que M. Asmar soit « immédiatement libéré afin qu’il puisse retourner à ses occupations privées ».

« Une vidéo a été diffusée dans laquelle le président de la CGTL tient des propos insultants à l’encontre du patriarche émérite Nasrallah Boutros Sfeir, une personnalité nationale », ont rappelé les membres du bureau, affirmant « condamner ces insultes ». Et de poursuivre : « Nous nous excusons auprès des Libanais, des chrétiens et du patriarcat. »

Les membres du bureau ont exprimé leur refus que soit altérée l’image de la CGTL, regrettant « l’amalgame fait entre un comportement individuel, répréhensible et que nous rejetons, et une institution nationale qui a une fonction représentative (…) et qui constitue une garantie pour la défense des intérêts des travailleurs, des fonctionnaires et des salariés ».

Pas de motif légal

Réagissant à la décision prise la veille par le ministre de l’Économie, Mansour Bteich, de rompre le contrat de travail qui lie le ministère à Béchara Asmar dans les silos de Beyrouth, les membres de la centrale syndicale ont insisté sur la nécessité de le maintenir à son poste, précisant qu’il n’y a « aucun motif légal » justifiant une telle décision.

M. Bteich a expliqué il y a deux jours qu’en vertu de ce contrat « conclu depuis plusieurs années, le président de la CGTL, qui est également dentiste, examine les fonctionnaires des silos de Beyrouth ayant des problèmes dentaires, en contrepartie d’une rémunération d’un million neuf cent mille livres par mois, avant de les orienter vers des spécialistes ». « Face à une faute grave fustigée par une majorité de l’opinion publique, ma conscience m’impose de rompre le contrat avec Béchara Asmar », a souligné le ministre

Parallèlement, les procédures judiciaires menées à l’encontre du syndicaliste se poursuivaient dans la journée. Le procureur général par intérim près la Cour de cassation, Imad Kabalan, a déféré M. Asmar devant le bureau du procureur général près la cour d’appel de Beyrouth, chargée des procédures judiciaires à son encontre. L’accusant de diffamation et de dénigrement de pratiques religieuses, la cour d’appel a à son tour transféré le dossier au premier juge d’instruction de Beyrouth, Ghassan Oueidate, afin d’assurer le suivi nécessaire. Ce dernier a par la suite transféré M. Asmar et transmis son dossier au juge d’instruction de Beyrouth, Georges Rizk. Le président de la CGTL doit comparaître aujourd’hui devant le juge d’instruction.

Polémique

Il reste que l’arrestation de M. Asmar a fait polémique sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes trouvant cette mesure injustifiée.

Réuni dans la nuit de dimanche à lundi, le gouvernement avait appelé à la démission ou au licenciement du syndicaliste. « Le gouvernement condamne à l’unanimité les propos du président de la CGTL, qui doivent l’amener à démissionner ou à être démis de ses fonctions », avait affirmé le ministre de l’Information, Jamal Jarrah, à l’issue du Conseil des ministres.

Dans une vidéo ayant fuité sur internet, le président de la CGTL s’était moqué du défunt patriarche émérite. « Ils en ont fait un saint », avait-il ironisé, provoquant des éclats de rire à gorge déployée des autres intervenants assis auprès de lui, avant de tenir des propos insultants sur la propension du patriarche défunt « à effectuer des miracles » désormais. M. Asmar s’est immédiatement attiré les foudres de plusieurs personnalités et formations politiques.

Le président de la CGTL avait été interrogé par la police criminelle avant d’être placé en garde à vue. Cinq membres du bureau de la CGTL ayant réagi dans la vidéo aux blagues grivoises de M. Asmar ont également été convoqués pour les besoins de l’enquête.

La Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) a accepté hier la démission de son président, Béchara Asmar, qui a provoqué un tollé dans le pays pour avoir tenu des propos insultants à la mémoire du cardinal Nasrallah Sfeir.Après avoir condamné avec véhémence « le comportement individuel » de M. Asmar, les membres du bureau de la confédération ont...

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