Rechercher
Rechercher

À La Une - Disparition

Le Liban pleure le "patriarche de la souveraineté et de l'indépendance", deux jours de deuil officiel décrétés

"Avec la mort du cardinal Nasrallah Sfeir, le Liban perd un homme qui savait faire preuve de raison dans ses prises de position nationales, qui a toujours défendu la souveraineté, l'indépendance du Liban et la dignité de son peuple", salue le chef de l’État.

Le patriarche maronite émérite Nasrallah Sfeir, lors de la célébration d'une messe en Afrique du Sud, le 11 mai 2008. Photo d'archives AFP / PABALLO THEKISO

Deux journées de deuil officiel ont été décrétées mercredi et jeudi suite au décès dans la nuit de samedi à dimanche du 76e patriarche de l’Église maronite, le cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, figure engagée de l'histoire du Liban moderne et fer de lance de l'opposition à l'occupation syrienne du (1990-2005). L'annonce de la mort du patriarche émérite, qui allait avoir 99 ans le 15 mai, a provoqué une pluie d'hommages de la part des responsables libanais qui ont pleuré "le patriarche de la souveraineté et de l'indépendance".

Dans un communiqué, la présidence du Conseil a annoncé que jeudi, le jour des funérailles du patriarche émérite, sera chômé dans les administrations publiques, les municipalités et les organisations publiques et privées. Lors des deux jours de deuil, les drapeaux seront mis en berne dans toutes les administrations. Le secrétaire général des écoles catholiques, le père Boutros Azar, a également décrété la fermeture des établissements scolaires catholiques jeudi.

Annonçant tôt le matin le décès de son prédécesseur, le patriarche Béchara Raï a proclamé "L'Église maronite orpheline, le Liban en deuil" et appelé les églises du pays à sonner le glas à 10h et à prier pour l'âme du cardinal Sfeir lors des messes de ce dimanche. Lors de la messe dominicale au siège du patriarcat maronite à Bkerké, à laquelle assistait la famille du défunt, le patriarche Raï a affirmé qu'avec la mort de Nasrallah Sfeir, l’Église qu'il dirigeait a "perdu une icône, mais nous avons tous gagné un saint patron au ciel".

Premier à réagir, le président de la République, Michel Aoun, a affirmé que le patriarche Sfeir avait été "un des patriarches les plus importants du Liban, qui a laissé une empreinte lumineuse sur le pays". "Avec la mort du cardinal Sfeir, le Liban perd un homme qui savait faire preuve de raison dans ses prises de position nationales, qui a toujours défendu la souveraineté, l'indépendance du Liban et la dignité de son peuple".


Le patriarche Nasrallah Boutros Sfeir recevant Michel Aoun, qui était alors commandant en chef de l'armée libanaise, à Bkerké, le 21 septembre 1988. Photo d'archives AFP / Joseph BARRAK

Le Premier ministre, Saad Hariri, qui a présenté ses condoléances à l’Église maronite "en son nom, celui de sa famille et du gouvernement", a de son côté estimé que "le patriarche Sfeir a écrit une page lumineuse de l'histoire du Liban". "Il restera vivant dans les consciences de ceux qui l'ont connu", a-t-il ajouté dans un communiqué, soulignant que l'on doit au cardinal Sfeir d'avoir "amené le Liban à la paix après les conflits sanglants et destructeurs". 

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a affirmé sur son compte Twitter que les personnalités comme Mgr Sfeir "ne meurent pas".

"Le patriarche Sfeir a laissé une rare leçon en résistance et constance dans les principes, il n'a jamais fait de compromis. Il a su répondre, avec des arguments, à ceux qui tentaient de le mener là où il refusait d'aller", a ensuite dit M. Geagea, lors d'une conférence de presse en fin d'après-midi.

Le leader druze Walid Joumblatt a dit un dernier adieu au "patriarche de l'indépendance, de la réconciliation, de la charité et de la paix", en référence notamment à la réconciliation entre druzes et chrétiens dans la Montagne libanaise, à laquelle avait travaillé d'arrache-pied le cardinal Sfeir, jusqu'à ce qu'elle soit scellée, en 2001.


Le leader druze libanais Walid Joumblatt (à gauche sur la photo) et le patriarche maronite émérite Nasrallah Boutros Sfeir, à Moukhtara, dans le Chouf, le 4 août 2001. Photo d'archives AFP / Joseph BARRAK

Le président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Abdel Amir Kabalan, a affirmé que "toutes les communautés spirituelles du Liban ont perdu une personne engagée et un homme qui aimait son pays". "Le défunt a contribué à renforcer le vivre-ensemble et à protéger le Liban", a-t-il ajouté.

Le mufti de la république, le cheikh Abdellatif Deriane a, lui, salué "un grand symbole religieux et national". "Le patriarche Sfeir était un exemple de justice, d'ouverture, de dialogue, de charité et de vivre-ensemble pour les musulmans et les chrétiens, il défendait les causes de tous les Libanais, sans faire de différence".

Le cheikh akl druze Naïm Hassan a exprimé "sa profonde tristesse" pour le décès du cardinal Nasrallah Sfeir. "Il était un pilier national, spirituel et souverain, qui a posé les jalons de la coexistence dans des temps difficiles, qui croyait au Liban indépendant et qui a ouvert la page de la réconciliation nationale", a-t-il souligné.



(Pour mémoire : Le patriarche Sfeir, un homme de paix et de résistance)



"Droit comme un cèdre"
Le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, a exprimé "sa grande tristesse pour la perte d'un des grands patriarches de l’Église maronite". Le vice-président du Conseil, Ghassan Hasbani, a de son côté rendu hommage au "patriarche de la souveraineté du Liban". "Nous nous souviendrons de lui pour toujours", a-t-il ajouté sur les réseaux sociaux.

Le ministre de l’Économie, Mansour Bteiche, qui a également qualifié le cardinal Sfeir de "patriarche de la liberté, de la souveraineté et de l'indépendance", a affirmé qu'"il parlait dans une langue d'or et s'en est allé droit comme un cèdre du Liban". Son collègue ministre du Travail, Camille Abousleimane, a rendu hommage à "la voix qui s'élevait haut et fort contre l'oppression et l'occupation". "Vous resterez une inspiration pour la lutte pour le Liban et la dignité humaine", a-t-il écrit. Le ministre des Affaires sociales, Richard Kouyoumjian, a, lui, affirmé que si l’Église maronite a perdu un patriarche, "les Libanais, arméniens et chrétiens d'un Orient torturé ont perdu un pilier de leur présence dans la région".

La ministre d’État pour la réforme administrative, May Chidiac, a quant à elle rendu hommage "au patriarche qui a résisté contre toutes sortes d'occupations, qui nous a rassurés sur la résurrection prochaine du Liban". "Nous disons à très bientôt au symbole de la fierté du Liban et des chrétiens d'Antioche et de tout l'Orient".

Le ministre de l'Information, Jamal Jarrah, a quant à lui rendu hommage sur les ondes de Radio Liban au "patriarche de la parole, de la sagesse et de l'Indépendance". "(...) Sans la sagesse, la conscience et les conseils du patriarche, le Liban n'aurait pas été sauf, après avoir été menacé de disparition", a affirmé M. Jarrah. "En perdant le patriarche Sfeir, nous perdons un sage, une figure nationale et un leader exceptionnel et historique (...)", a-t-il ajouté.



(Pour mémoire : Timbre commémoratif à l’effigie du cardinal Sfeir,« fondateur de la 2de indépendance du Liban »)



"Sagesse et fermeté"
Présent à Bkerké, l'ancien président de la République Amine Gemayel a déclaré : "Nous ne pouvons que contempler les accomplissements du patriarche Sfeir. Aujourd'hui, nous récoltons ce qu'il a semé".
"Comme vous allez nous manquer ! Votre sourire, votre sagesse et votre fermeté restent gravés dans nos cœurs", a posté de son côté le chef des Kataëb, Samy Gemayel.

Le leader chrétien du Liban-Nord (mouvement des Marada), Sleimane Frangié, a salué la mémoire "d'un grand homme, qui a fermement cru jusqu'à ses derniers instants dans ses principes et n'a jamais renié ses convictions".

Les anciens Premiers ministres ont également rendu hommage au dignitaire. "Il croyait au dialogue, au vivre-ensemble de tous les Libanais, il défendait l'identité du Liban et son histoire", a salué Nagib Mikati. Tammam Salam a affirmé que le Liban "a perdu un grand symbole du dialogue et de la tolérance et un fervent défenseur de la liberté et de la souveraineté", tandis que Fouad Siniora a qualifié le défunt de "cèdre imposant aux racines profondes".

A l'étranger, l'ambassadeur de France au Liban, Bruno Foucher, a été le premier à rendre hommage au patriarche Sfeir. "C’est avec une grande tristesse que j'ai appris le décès du patriarche Sfeir. Hommage à un homme de dialogue et de paix, farouche défenseur de l'indépendance et de la souveraineté du Liban", a-t-il écrit sur Twitter.


L'ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari, a pour sa part affirmé que "le Liban a perdu un de ses plus grands hommes, qui a joué un rôle fondamental dans la sauvegarde de l'unité et de la stabilité du pays".


L'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari (à gauche) et le patriarche maronite émérite Nasrallah Sfeir. Photo d'archives ANI


L'ambassadeur du Royaume-Uni au Liban, Chris Rampling, a de son côté qualifié le cardinal Sfeir "d'homme de foi exceptionnel, qui a toujours défendu la tolérance et la paix".


Pour mémoire
Face à la tutelle syrienne, la résistance du patriarche-patriote

Deux journées de deuil officiel ont été décrétées mercredi et jeudi suite au décès dans la nuit de samedi à dimanche du 76e patriarche de l’Église maronite, le cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, figure engagée de l'histoire du Liban moderne et fer de lance de l'opposition à l'occupation syrienne du (1990-2005). L'annonce de la mort du patriarche émérite, qui allait avoir 99 ans...

commentaires (6)

tout simplement un grand de grand !!

Bery tus

03 h 17, le 13 mai 2019

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • tout simplement un grand de grand !!

    Bery tus

    03 h 17, le 13 mai 2019

  • LES GRANDS HOMMES NE MEURENT PAS CAR LEUR MEMOIRE TOUJOURS VIVANTE ECLAIRE ET GUIDE LES MASSES. QU,IL EN SOIT DE MEME AU LIBAN. QUE LA MEMOIRE DE CE GRAND PATRIARCHE DE LA SOUVERAINETE NATIONALE NOUS GUIDE A NOUS TOUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 00, le 12 mai 2019

  • Le patriarche Nasrallah Sfeir est mort, notre communauté maronite est orpheline. La Nation maronite est triste. Le "De Gaulle libanais",le champion de la résistance à l'occupation étrangère du Liban a disparu. Le chevalier de la paix et de la réconciliation au Chouf nous a quittés. Le lion rugissant pour la liberté, l'indépendance et la grandeur de la Patrie est parti la tête aussi haute que la plus haute de nos montagnes et la plus haut de nos cèdres.

    Un Libanais

    14 h 06, le 12 mai 2019

  • Allah yirhamak batrakna wou-batrak lebnen el-kabir!

    Wlek Sanferlou

    13 h 51, le 12 mai 2019

  • Le Cardinal Sfeir mérite d'être béatifié puis canonisé par le Vatican. Ce saint homme a, en effet, contribué à la fin de l'occupation syrienne du Liban (tout comme le Pape Jean-Paul II avait contribué à la fin de l'empire soviétique et de sa domination sur la Pologne) ainsi qu'à la réconciliation interne entre druzes et chrétiens ...

    de Tinguy Corinne

    12 h 55, le 12 mai 2019

  • Je pleure mon Patriarche et je sais que de là où il est il veillera sur le Liban éternel. Repose en paix MON PATRIARCHE dans la félicité des cieux et garde toujours un oeil bienveillant sur ce Liban que tu as tant aimé.

    Nader Raymond

    10 h 32, le 12 mai 2019

Retour en haut