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Liban - Bonnes feuilles

Face à la tutelle syrienne, la résistance du patriarche-patriote

Parution du second tome des Mémoires du patriarche émérite Nasrallah Sfeir (1992-2000).

La couverture de l’ouvrage.

Sous le titre Contre vents et marées, le second tome des Mémoires du patriarche Nasrallah Sfeir, dont nous présentons aujourd'hui quelques bonnes feuilles tirées du premier chapitre de la deuxième partie, est en librairie. L'ouvrage, traduit par Michel Hajji Georgiou et supervisé par Michel Touma, couvre les années 1992-2000. Œuvre de l'éditeur Antoine Saad, la parution de ce volume consacre en même temps l'activité d'un journaliste courageux et entrepreneur dont la maison – Saër el-Machrek – comprend déjà une quinzaine de titres, dont quatre sont coédités avec L'Harmattan.

« Le fil conducteur des Mémoires du patriarche Sfeir, souligne l'auteur, Antoine Saad, et cela dès le départ, c'est que rien ne peut se faire au Liban sans la coopération de toutes les communautés. Cette conviction est la première des qualités que je relève dans sa personne. Le patriarche Sfeir a été souvent critiqué, parfois avec une virulence injustifiée. Il l'a été par Walid Joumblatt, Rafic Hariri, Nabih Berry ; il l'a été par les Syriens. Il n'a jamais répondu à ces attaques, soucieux d'éviter tout ce qui nourrit les antagonismes communautaires. C'était pour lui une sorte de boussole. Je crois que c'est l'une des principales qualités de cet homme qui fut à la tête de l'Église maronite durant les années les plus cruciales de l'histoire du Liban. »

(Lire aussi : Le cardinal Nasrallah Sfeir, toujours « Contre vents et marées »...)

« Le patriarche Sfeir savait que le Liban ne parviendrait pas à obtenir le départ des troupes syriennes si les communautés musulmanes ne se joignaient pas à la campagne. C'est la raison pour laquelle il a attendu son heure, ne réclamant ce qu'on appelait pudiquement "le redéploiement" de l'armée syrienne, en fait le respect des accords de Taëf, qu'après le retrait israélien du Liban-Sud, en 2000. » « Une seconde et éclatante caractéristique du discours national du patriarche Sfeir, c'est qu'il n'a jamais parlé des "droits des chrétiens", ajoute Antoine Saad. Ces termes ne sont jamais sortis de sa bouche, ni en public ni en privé. Pour lui, c'étaient les droits des Libanais, les droits du Liban à être un État indépendant, souverain et libre. »

« Troisième caractéristique du patriarche Sfeir, une parfaite intégrité personnelle, ajoute l'éditeur des Mémoires. Il n'a jamais demandé quoi que ce soit pour lui-même ou pour son entourage familial. Qui sait, par exemple, que l'un de ses neveux est général dans l'armée ? Son abnégation totale, son désintéressement ont fait sa force, face aux Syriens, qui cherchaient toujours la faille, chez leurs opposants, pour les embarrasser et les rendre dociles à leurs desiderata. »

(Lire aussi : Le chevalier de la cité vertueuse, le patriarche Nasrallah Sfeir)

« Clarté de vision, discours national, probité absolue sont, à mon avis, les trois vertus du long mandat du patriarche Sfeir », conclut Antoine Saad, avant d'ajouter : « Ah si, il faut citer aussi son courage. Nous avons affaire à un homme courageux ; non pas téméraire, mais courageux. Un homme qui ne se laisse pas impressionner. Ainsi, il reste de marbre après les actions de vandalisme commises à Achrafieh par des islamistes rendus furieux par la publication, au Danemark, de caricatures du Prophète ; il ignore superbement les "avertissements" de ne pas se mêler de politique que lui adresse, indirectement, le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam ; il hausse les épaules quand les renseignements militaires l'informent que sa vie et celle de l'abbé Boulos Naaman pourraient être menacées. »

S'il faut reprocher quelque chose à ce volume passionnant, c'est qu'il est un peu touffu, ce qui en retarde par moments la lecture. Nous avons choisi pour nos lecteurs des extraits illustrant les rapports que le patriarche Sfeir a cherché à établir, après 1992 et le boycottage des législatives par les chrétiens du Liban, avec Rafic Hariri, nommé Premier ministre. Un homme à qui il a voulu « donner ses chances », sans pour autant occulter la mainmise syrienne sur tous les rouages administratifs et sécuritaires du pays (abus et tortures dans les prisons) et la curée communautariste qui s'en est suivie.


Pour mémoire

À Bkerké, les 95 ans du patriarche Sfeir

Sous le titre Contre vents et marées, le second tome des Mémoires du patriarche Nasrallah Sfeir, dont nous présentons aujourd'hui quelques bonnes feuilles tirées du premier chapitre de la deuxième partie, est en librairie. L'ouvrage, traduit par Michel Hajji Georgiou et supervisé par Michel Touma, couvre les années 1992-2000. Œuvre de l'éditeur Antoine Saad, la parution de ce volume...

commentaires (4)

Le Patriarche Sfeir aura certainement marqué de façon exceptionnelle une page de notre Histoire contemporaine, car il a été, et restera un socle inébranlable et inestimable de notre entité libanaise et de notre souveraineté nationale...! Grâce à son courage, son humilité et sa ténacité, il a réussi à préserver la dignité de ce pays déchiré et meurtri par une tutelle insupportable. Son action aura soutenu et scellé à jamais le sens profond et sacré de nos martyrs morts et vivants pour que le Liban indépendant, libre et souverain perdure à jamais...! Un grand merci à Antoine Saad pour son travail, car il aura permis à tous les citoyens de mieux connaitre un grand personnage de la République.

Salim Dahdah

11 h 20, le 15 janvier 2016

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Commentaires (4)

  • Le Patriarche Sfeir aura certainement marqué de façon exceptionnelle une page de notre Histoire contemporaine, car il a été, et restera un socle inébranlable et inestimable de notre entité libanaise et de notre souveraineté nationale...! Grâce à son courage, son humilité et sa ténacité, il a réussi à préserver la dignité de ce pays déchiré et meurtri par une tutelle insupportable. Son action aura soutenu et scellé à jamais le sens profond et sacré de nos martyrs morts et vivants pour que le Liban indépendant, libre et souverain perdure à jamais...! Un grand merci à Antoine Saad pour son travail, car il aura permis à tous les citoyens de mieux connaitre un grand personnage de la République.

    Salim Dahdah

    11 h 20, le 15 janvier 2016

  • "Son abnégation totale, son désintéressement ont fait sa force, face aux Syriens, qui cherchaient toujours la faille, chez leurs opposants, pour les embarrasser et les rendre dociles à leurs desiderata." ! Quid du "râââëéh" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 17, le 15 janvier 2016

  • C'EST LA FIERTÉ DES PATRIOTES. HONNÊTETÉ ET COURAGE.

    Gebran Eid

    03 h 37, le 15 janvier 2016

  • UN GRAND PATRIARCHE ! UN GEANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    02 h 30, le 15 janvier 2016

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