Rechercher
Rechercher

Liban - Polémique

Hamadé à « L’OLJ » : Que Fattouche aille donc exploiter des carrières dans les fermes de Chebaa...

L’ancien député de Zahlé avait accusé Walid Joumblatt de « haute trahison » et appelé à des poursuites à son encontre.

Marwan Hamadé a qualifié de « risibles » les accusations portées par Nicolas Fattouche contre Walid Joumblatt. Michel Sayegh/Archives « OLJ »

La campagne menée par le camp de la « Moumanaa » contre le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, semble loin de s’estomper. C’est dans ce cadre que s’inscrit la violente diatribe contre le leader druze à laquelle s’est livré hier Nicolas Fattouche, ancien député de Zahlé et allié du Hezbollah. Il a même été jusqu’à accuser M. Joumblatt de « haute trahison » et s’est attiré, ce faisant, une réponse cinglante de Marwan Hamadé, député du Chouf.

Dans une conférence de presse tenue à son bureau à Zahlé, l’ancien député a réagi aux propos tenus par M. Joumblatt, dans une interview accordée à la chaîne Russia Today. Le leader du PSP avait alors déclaré que les fermes de Chebaa ne sont pas libanaises, accusant des officiers libanais et syriens d’avoir falsifié les cartes de la zone frontalière libano-syrienne, à l’issue du retrait israélien en mai 2000 pour justifier le maintien d’un prétexte pour la « résistance ».

« M. Joumblatt a fait une déclaration piégée en estimant que les fermes de Chebaa et les hauteurs de Kfarchouba ne sont pas libanaises. Il a ainsi commis un acte de haute trahison et une entorse à la Constitution en vigueur. Il ne s’agit aucunement d’un moment d’égarement, mais d’un crime prémédité, conformément à des volontés suspectes », a tonné M. Fattouche.

Détaillant quelques articles du code pénal portant sur la nécessité de préserver l’intégrité territoriale du pays, M. Fattouche a ouvertement plaidé pour que le leader de Moukhtara soit « arrêté, placé en détention et privé de ses droits civils et politiques », et demandé au parquet de se saisir du dossier et d’engager des poursuites contre le chef du PSP.


L’affaire Aïn Dara

Outre la poursuite de la campagne visant à « assiéger Walid Joumblatt politiquement », comme le soulignent les milieux du PSP, la violente attaque de M. Fattouche contre le leader de Moukhtara ne saurait être dissociée de la récente polémique suscitée par le Conseil d’État. Jeudi dernier, celui-ci avait pris un arrêt en vertu duquel il a cassé une décision du ministre de l’Industrie Waël Bou Faour (joumblattiste) d’interdire l’édification d’une cimenterie à Aïn Dara (caza de Aley). Il s’agit d’un projet géré par la société al-Arz qui appartient à Pierre Fattouche, frère de Nicolas Fattouche.

D’ailleurs, Walid Joumblatt n’avait pas tardé à réagir au jugement rendu par le CE, tout en s’en prenant à l’axe de la « Moumanaa ». « Il n’est guère étonnant de voir une instance judiciaire décider de porter atteinte à la réserve des Cèdres du Chouf et aux propriétés privées de Aïn Dara », avait-il écrit sur son compte Twitter jeudi dernier. Et d’ajouter, dans une claire allusion au Hezbollah : « Le pays est entièrement spolié au profit de la “Moumanaa”, à commencer par les carrières. Même le fait de mentionner la déclaration de Baabda (du 11 juin 2012) est devenu un crime. Mais nous poursuivrons le combat pacifique et civil pour faire face à la déformation de la réalité, en vue d’un Liban meilleur. »


Comportements risibles

Quoi qu’il en soit, les milieux proches de Walid Joumblatt voient dans les attaques de M. Fattouche un comportement « risible » de la part des alliés du régime Assad. C’est ainsi que Marwan Hamadé, député joumblattiste du Chouf, commente pour L’Orient-Le Jour la conférence de presse de Nicolas Fattouche. « Ce genre de comportements risibles nous rappelle les assassinats et tentatives d’assassinats perpétrés contre les leaders libanais qui ont osé exprimer leurs opinions en toute liberté et mettre en garde contre les dérives du système autoritaire qui était celui du régime syrien et qui se renouvelle sous l’égide du parti de Dieu et de ses alliés, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays », lance l’ancien ministre de l’Éducation. Répondant directement à M. Fattouche, Marwan Hamadé ne mâche pas ses mots : « M. Fattouche, qui est une autorité en matière de droit constitutionnel, est conscient que s’il y a des gens à juger au Liban, ce serait bien ceux qui usurpent le pouvoir par la seule force des armes et détruisent (l’environnement) pour le compte de leurs alliés extérieurs. » « Nous invitons M. Fattouche et ses alliés syriens et iraniens à exploiter les carrières des fermes de Chebaa une fois qu’ils les auraient libérées », lance encore le député du Chouf.

Rappelant que ce n’est pas la première fois qu’on accuse Walid Joumblatt de haute trahison quand il dit la vérité, M. Hamadé insiste toutefois sur le fait que cela n’empêchera ni le PSP ni le Rassemblement démocratique (groupe parlementaire parrainé par la formation de M. Joumblatt) de poursuivre leur action sur le double plan populaire et judiciaire pour empêcher toute mainmise sur le Mont-Liban.

Les principaux adversaires du leader de Moukhtara, en l’occurrence l’ancien ministre Wi’am Wahhab et le député Talal Arslane, s’en sont également à nouveau pris à M. Joumblatt en raison de ses prises de position concernant les fermes de Chebaa. En face, les joumblattistes s’abstiennent globalement de réagir.


Lire aussi

Joumblatt plus que jamais dans le collimateur de la « Moumanaa »

Fermes de Chebaa : Joumblatt persiste et signe et accuse ses détracteurs de légitimer son meurt

La campagne menée par le camp de la « Moumanaa » contre le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, semble loin de s’estomper. C’est dans ce cadre que s’inscrit la violente diatribe contre le leader druze à laquelle s’est livré hier Nicolas Fattouche, ancien député de Zahlé et allié du Hezbollah. Il a même été jusqu’à accuser M. Joumblatt de...

commentaires (5)

Aïn Dara doit sa célébrité à la Bataille de Aïn Dara qui s'était déroulée en 1711 entre deux clans druzes, les Kaysites et les Yéménites. "La nécessité de préserver l'intégralité territoriale du pays" exige que la fratrie Fattouche ne vienne pas de Zahlé pour envahir un village paisible, tranquille, propre, heureux de vivre dans son relief rocheux cher au coeur de tous les Libanais anxieux de l'avenir du patrimoine qui devient la cible des concasseurs, des broyeurs, des voleurs de la nature de leurs ancêtres. Quant aux fermes de Chebaa, c'est l'histoire du clou de Géha... Il sert de faux prétexte du Hezbollah pour garder ses armes contre l'intérieur et non contre l'extérieur. Ces fermes ne sont pas libanaises. C'est clair et net. Point à la ligne.

Un Libanais

14 h 00, le 01 mai 2019

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Aïn Dara doit sa célébrité à la Bataille de Aïn Dara qui s'était déroulée en 1711 entre deux clans druzes, les Kaysites et les Yéménites. "La nécessité de préserver l'intégralité territoriale du pays" exige que la fratrie Fattouche ne vienne pas de Zahlé pour envahir un village paisible, tranquille, propre, heureux de vivre dans son relief rocheux cher au coeur de tous les Libanais anxieux de l'avenir du patrimoine qui devient la cible des concasseurs, des broyeurs, des voleurs de la nature de leurs ancêtres. Quant aux fermes de Chebaa, c'est l'histoire du clou de Géha... Il sert de faux prétexte du Hezbollah pour garder ses armes contre l'intérieur et non contre l'extérieur. Ces fermes ne sont pas libanaises. C'est clair et net. Point à la ligne.

    Un Libanais

    14 h 00, le 01 mai 2019

  • J’admire toujours les lieutenants de Walid Joumblatt. D’un côté de la balance, Marwan Hamadé, et de l’autre Ghazi Aridi. Non pas une question de modération, mais d’équilibre !

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    11 h 19, le 01 mai 2019

  • Faudrait savoir ce que vous voulez, Messieurs ! Libanaises...pas libanaises...syriennes... Si les fermes de Chebaa sont libanaises...qu'attend le grand et proclamé libérateur de la Palestine, Jérusalem et tutti quanti...le parti divin, pour enfin libérer ces petits 20 Km2 ? Et si ce petit bout de terre brusquement si précieux est syrien...que fait le héros de Damas pour le récupérer ensemble avec le Golan...syrien...ou israélien...on ne sait plus trop...? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 41, le 01 mai 2019

  • OU EN SYRIE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 07, le 01 mai 2019

  • Mieux vaut tard que jamais et la déclaration de Joumblatt est courageuse donc admirable. Cependant je n'oublie pas que les fermes de Chebaa ont été inventées suite à la défaite du Hezbollah du 25 mai 2000 lorsque, contre toute attente, Israel a appliqué la 425 et, en se retirant a enlevé le tapis de sous les pieds de la racaille qui faisait mine de défiler sous le slogan "rien que la 425". Le Hezbollah n'a jamais voulu que son business s'arrête et est aussi résistant qu'Al Capone l'était à Chicago. Lui aussi avait ses pauvres. Est-ce que Hassan Nasrallah paie ses impôts?

    M.E

    00 h 56, le 01 mai 2019

Retour en haut