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À La Une - Liban

Pourquoi Zahlé fait-elle face à un afflux de coléoptères cette année ?

L'apparition en masse de carabes est un phénomène naturel en cette saison après les pluies, lorsque la terre est toujours humide, selon Nabil Nemer, professeur d’entomologie à l’USEK.

Sur cette une image tirée d'une vidéo filmée par le père Elie Khneisser, du Couvent Saint Elie à Zahlé, l'on peut voir le sol couvert de carabes.

Chaque année, au début du printemps, plusieurs régions du Liban notent une recrudescence de carabes, un insecte de la famille des coléoptères qui ressemble à un scarabée mais n'en est pas un. Cette année toutefois, les habitants de certaines villes, dont Zahlé et Jezzine, ont fait état de la présence d'un nombre impressionnant de ces insectes.

Dimanche soir à Zahlé, capitale de la Békaa, des milliers de carabes étaient ainsi visibles au niveau de la tour de la Vierge, illuminée. "J’en vois chaque année, mais cette année il y en a vraiment beaucoup", confie à L’Orient-Jour, Elie Homsi,  un habitant de Zahlé. C'est le 18 avril, jeudi saint et jour de la "tournée des sept églises", que M. Homsi a noté leur présence accrue, pour la première fois, surtout "au niveau du sanctuaire de Notre-Dame de de Zahlé". Mais dimanche et lundi, "leur nombre a explosé, il y en avait des milliers" dans cette zone-là. "Dans les ruelles de la ville, il y en a beaucoup moins", précise-t-il.

Assad Zgheib, président du Conseil municipal de Zahlé, confirme la présence d'un grand nombre de carabes du côté du sanctuaire, tout en soulignant que le phénomène a également été relevé à Ksara, Bar Elias et Jeb Jenine.

Le père Elie Khneisser, du couvent Saint Elie à Zahlé, a, pour sa part, diffusé sur sa page Facebook des photos de boîtes et de sacs poubelle remplis de ces insectes ainsi qu’une vidéo filmée lundi où l’on voit des images des carabes que le religieux commente en ces termes : "Des cafards noirs ont envahi Zahlé (..) et courent sur le sol du sanctuaire de la Vierge".



"J’avais commencé à en voir samedi, mais dimanche soir il y en avait des milliers, dit le père Khneisser. Lundi matin, c’était la catastrophe. Il y en avait des centaines de milliers, les sacs poubelles en étaient remplis. Des experts nous ont assuré qu’ils ne sont pas nocifs, il n'en demeure pas moins qu'ils sont horribles. Il y en a dans l’église, sous les bancs, partout et c’est horrible à voir".


"Des insectes utiles"
Interrogé par L’Orient-Le Jour, Nabil Nemer, entomologiste à l’USEK, se veut rassurant. Il précise d’abord qu’il ne s’agit pas de cafards ou de scarabées, comme il a pu être dit sur les réseaux sociaux et certains médias, mais de carabes. "Ce sont des insectes qui se nourrissent d’autres insectes, notamment ceux qui ravagent les cultures, tels que les chenilles, les limaces ou les escargots, explique-t-il. Ils sont donc utiles", explique-t-il. Selon lui, l'apparition en masse de carabes est un phénomène naturel en cette saison après les pluies, lorsque la terre est toujours humide. Or ces dernières semaines, les pluies ont été denses.

"C'est un phénomène qui dure deux à trois semaines au maximum", ajoute le scientifique. "Ensuite, ils retournent dans les sols car ils ne supportent pas les chaudes températures", précise-t-il, confirmant que les carabes sont attirés par la lumières et actifs la nuit.

Ces insectes, utiles pour les agriculteurs donc, ont néanmoins deux inconvénients majeurs. "Ils peuvent dégager une odeur nauséabonde, note M. Nemer. C’est leur mécanisme de défense contre les autres animaux et insectes. Ils peuvent aussi engendrer une nuisance lorsqu'ils sont en grand nombre, ajoute-t-il. Le mieux est de les dégager avec un balai et de s’en débarrasser dans un jardin. Il n'est pas nécessaire de recourir aux insecticides virulents utilisés en agriculture".

En fin d’après-midi, le mohafez de la Békaa, Kamal Abou Jaoudé, a présidé en son bureau une réunion consacrée à ce phénomène, en présence de nombreux experts, dont la présidente du laboratoire d’entomologie, Zeinat Moussa, qui a expliqué les avantages de la présence massive des carabes pour l’agriculture. "Ces insectes, dont deux variétés existent au Liban, se nourrissent des chenilles qui détruisent les récoltes et les arbres, dont la chenille processionnaire" qui ravage les pinèdes au Liban, a-t-elle expliqué. Le chef du département de santé du mohazat, Ghassan Zalaket, a pour sa part assuré qu’il n’y a pas eu de cas d’allergies dus aux carabes. Les personnes réunies étaient toutes d’accord sur la nécessité de ne pas les détruire dans les régions agricoles, et ont envoyé le procès-verbal de leur réunion aux ministères de l’Intérieur, de l’Environnement, de la Santé, ainsi qu’aux caïmacamat des deux cazas de la Békaa et de Rachaya, au Centre national de recherches agricoles et aux municipalités du caza de Zahlé.


Des carabes à Beyrouth?

Alors que sur les réseaux sociaux, certains ont établi un lien entre l'apparition en masse des carabes et plusieurs secousses sismiques ressenties, lundi, au Liban-Nord et dans la Békaa-Ouest, l'expert est catégorique : il n'y a aucun lien. De même, M. Nemr assure que, contrairement à ce qui a pu être relayé également sur les réseaux sociaux, ces carabes ne viennent pas de Syrie. "Ce ne sont pas des insectes migrateurs, ils peuvent faire un maximum de dix kilomètres", note-t-il. Et si l'on a noté la présence de carabes en Syrie, également, ces derniers jours, c'est en raison, ajoute le professeur d’entomologie, de l'existence de conditions climatiques similaires. "Ce phénomène existera là où il y a beaucoup de pluie, d’humidité dans le sol, et où le climat est tempéré", dit-il.

Sur l’éventualité de voir des carabes débarquer à Beyrouth, M. Nemer répond que "cela est possible, surtout à côté d’un endroit où il y a de la verdure, une petite forêt ou un jardin".

Pour contenir le phénomène, la municipalité de Zahlé a éteint les lumières dans la zone du sanctuaire de la Vierge, a indiqué à L’OLJ Assad Zgheib, président du Conseil municipal de Zahlé. Depuis, le nombre des carabes a diminué. Si plusieurs sources assurent que la municipalité a pulvérisé des insecticides, M. Zgheib dément ces informations. Selon l’Agence nationale d’information, la municipalité de Jezzine a, pour sa part, effectivement opté pour la pulvérisation d'insecticides dans la région après l’apparition "d’une quantité énorme cafards"...


Chaque année, au début du printemps, plusieurs régions du Liban notent une recrudescence de carabes, un insecte de la famille des coléoptères qui ressemble à un scarabée mais n'en est pas un. Cette année toutefois, les habitants de certaines villes, dont Zahlé et Jezzine, ont fait état de la présence d'un nombre impressionnant de ces insectes.Dimanche soir à Zahlé, capitale de la Békaa, des milliers de carabes étaient ainsi visibles au niveau de la tour de la Vierge, illuminée. "J’en vois chaque année, mais cette année il y en a vraiment beaucoup", confie à L’Orient-Jour, Elie Homsi,  un habitant de Zahlé. C'est le 18 avril, jeudi saint et jour de la "tournée des sept églises", que M. Homsi a noté leur présence accrue, pour la première fois, surtout "au niveau du sanctuaire de Notre-Dame de de Zahlé"....
commentaires (2)

MEME PHENOMENE DANS LES PAYS DE L,EST MEDITERRANEEN. CE SONT DES INSECTES DU PRINTEMPS. ILS SE MANIFESTENT UNE SEMAINE, PEUT-ETRE DEUX ET PUIS SE RAREFIENT BEAUCOUP ET DISPARAISSENT.

LA LIBRE EXPRESSION.

17 h 38, le 30 avril 2019

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Commentaires (2)

  • MEME PHENOMENE DANS LES PAYS DE L,EST MEDITERRANEEN. CE SONT DES INSECTES DU PRINTEMPS. ILS SE MANIFESTENT UNE SEMAINE, PEUT-ETRE DEUX ET PUIS SE RAREFIENT BEAUCOUP ET DISPARAISSENT.

    LA LIBRE EXPRESSION.

    17 h 38, le 30 avril 2019

  • C'est triste qu'on utilise "pulvérisation d'insecticides" quand les experts disent que c'est un organisme auxiliaire en protection des cultures, ami du jardinier, et un bon indicateur de la biodiversité.

    Stes David

    17 h 28, le 30 avril 2019

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