Le Liban et Chypre ont annoncé jeudi œuvrer à la mise en place d'une "alliance pétrolière et gazière" concernant l'exploration des fonds marins riches en hydrocarbures à la lisière entre leurs zones maritimes respectives en Méditerranée.
Les deux pays ont déjà amorcé distinctement le processus de prospection des ressources offshore après d'importantes découvertes, ces dernières années, de gisements pétroliers et gaziers dans plusieurs pays du bassin est de la Méditerranée. Le Liban, qui a signé en février 2018 son premier contrat d'exploration offshore avec un consortium dominé par le groupe français Total, a découpé son espace maritime en dix blocs, dont quatre situés le long de la délimitation avec l'espace maritime chypriote. Le 4 avril, Beyrouth a annoncé le lancement d'un deuxième appel d'offres pour l'exploration de cinq nouveaux blocs, dont trois jouxtent les eaux chypriotes, invitant les consortiums internationaux à déposer leurs offres d'ici janvier 2020.
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"Nous avons convenu de mener des discussions en vue d'un accord bilatéral concernant l'exploitation des ressources énergétiques à cheval sur nos zones économiques exclusives (ZEE) respectives", a déclaré jeudi le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, lors d'une conférence de presse avec son homologue chypriote, Nikos Christodoulides, dans la capitale libanaise. Un premier rendez-vous a été fixé au "7 mai pour discuter des points d'accord et d'éventuels points de divergence", a précisé M. Bassil. Il sera suivi d'un "sommet" en juin entre les deux pays pour une "évaluation plus précise" du potentiel de coopération bilatérale.
Le ministre libanais des AE a dit espérer aboutir à un accord final en septembre. Celui-ci s'étendrait "aux frontières, circuits et installations pouvant être partagées pour le transport et l'exportation (...) du pétrole et du gaz" offshore, a-t-il déclaré. La conclusion d'un accord est d'autant plus urgente que Chypre débute l'an prochain les travaux de forage dans un gisement accolé aux eaux maritimes libanaises, a insisté M. Bassil.
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Nikos Christodoulides a affirmé pour sa part qu'un éventuel accord avec le Liban rassurerait les investisseurs. "Un tel accord enverrait un message fort de coopération entre nos pays, offrant la sécurité juridique indispensable aux entreprises internationales désireuses d'investir dans le vaste potentiel en hydrocarbures de la région", a-t-il déclaré.
Dans l'après-midi, M. Christodoulides a été reçu par le Premier ministre Saad Hariri au Grand Sérail. "Le Liban et Chypre sont deux pays très proches", a-t-il déclaré à l'issue de l'entretien. "Notre échange de vues était excellent. Nous avons essentiellement évoqué le développement du secteur de l'énergie dans la région et comment nos deux pays peuvent travailler ensemble", a-t-il ajouté.
L'accord conclu l'an dernier par le Liban avec le consortium composé de Total, de l'italien ENI et du russe Novatek, portait sur deux blocs adjacents aux fonds-marins israéliens, dont un bloc situé dans une zone contestée par Israël. Les deux pays sont encore techniquement en guerre, même après le retrait d'Israël du sud du Liban en 2000.
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commentaires (3)
CORRECTION : LE MOT HYDROCARBURES ETANT MASCULIN PLURIEL PRIERE LE LIRE DANS MA REACTION AVEC SES ADJECTIFS ET REFERENCES AU MASCULIN PLURIEL. MERCI.
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 11, le 12 avril 2019