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Liban - Partis

La présidentielle de 2022 dans l’antichambre de la lutte pour le leadership chrétien ?

La visite de Gebran Bassil à Zghorta est une « provocation à l’encontre des Marada », estiment les détracteurs du chef du CPL.

Gebran Bassil et Michel Moawad lors de leur tournée à Zghorta. Photo Gebran Bassil/Twitter

La bataille de la présidentielle de 2022 se joue-t-elle déjà à partir du Liban-Nord ? Il serait peut-être très tôt de trancher ce point à plus de trois ans de l’expiration du mandat du général Michel Aoun. Une donnée est toutefois sûre : la lutte pour le leadership chrétien bat son plein, opposant notamment le Courant patriotique libre aux Forces libanaises et… aux autres chefs de file chrétiens.

C’est cette impression qui se dégage de la tournée effectuée le week-end dernier par M. Bassil dans le caza de Zghorta. Un déplacement particulièrement significatif par son timing : le leader du CPL a choisi de se rendre dans le fief historique du chef des Marada Sleiman Frangié, à l’heure où les deux formations sont en froid depuis 2016. Dans la foulée de la présidentielle tenue le 31 octobre de la même année, les relations entre les deux alliés stratégiques de longue date ont connu une rupture presque totale, à la suite de l’appui qu’avait accordé le leader du courant du Futur Saad Hariri à M. Frangié, avant de conclure un compromis politique avec le fondateur du CPL, Michel Aoun.

Mais il serait peu rigoureux de confiner l’importance de la tournée à Zghorta à la seule dimension liée à son timing. Et pour cause : Gebran Bassil n’a pas manqué de défier M. Frangié sur ses terres, où sa présence politique traditionnelle est incontestable. « Lors des prochaines législatives, nous voulons avoir un député CPL à Zghorta », avait lancé le chef du courant aouniste dimanche dernier, en présence du chef du Mouvement de l’Indépendance Michel Moawad, héritier d’une rivalité ancestrale avec les Frangié tant au plan local qu’au niveau des options politiques, et de Fayez Karam, un ancien officier de l’armée proche du général Michel Aoun et qui avait été le candidat du parti à l’un des trois sièges maronites du caza lors des législatives de 2005. En 2010, M. Karam avait été arrêté par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure, poursuivi en justice pour collaboration avec Israël et condamné à deux ans de prison. Il avait été libéré en 2012, après 22 mois de détention. Les législatives de 2018 avaient d’ailleurs été l’occasion d’un retour à de meilleures relations entre l’ancien officier et le CPL après une longue période de froid, notent des sources politiques bien informées.


(Lire aussi : Bassil lance un défi à Frangié sur ses terres)


Le contexte politique particulièrement perturbé entre les formations de Gebran Bassil et Sleiman Frangié pousse certains observateurs politiques contactés par L’Orient-Le Jour à qualifier le comportement de M. Bassil de « provocation politique » à l’encontre du leader des Marada, soulignant que c’est surtout dans la perspective de la présidentielle de 2022 que le député de Batroun opte pour ce genre d’agissements, à même d’envenimer davantage ses relations avec Sleiman Frangié et les autres leaders chrétiens. Tentant de profiter de son alliance avec Michel Moawad, tissée dans le cadre des législatives de mai 2018, le leader du CPL cherche à affirmer la présence de son parti sur l’ensemble du territoire libanais, en dépit de tous les calculs à caractère familial, local ou traditionnel, analysent les milieux précités, soulignant toutefois qu’il sera très difficile pour le CPL de faire irruption dans le paysage politique zghortiote, jusque-là majoritairement favorable à Sleiman Frangié, envers et contre tous les efforts de ses détracteurs.

Mais dans certains milieux politiques, on ne manque pas de rappeler que lors des législatives de mai, le parti de Gebran Bassil a enregistré des résultats susceptibles de rendre sérieuse une possible confrontation politique avec les Marada, insistant sur l’importance de sortir de la mentalité axée sur le monopole de la représentation politique de certaines régions.

Perçue sous cet angle, la tournée de Gebran Bassil au Liban-Nord ne saurait être dissociée de ses déplacements hebdomadaires dans toutes les régions du pays, dans la perspective des élections interpartisanes que le CPL (dont les milieux reconnaissent que Sleiman Frangié est un adversaire politique, en dépit des principes stratégiques sur lesquels les deux formations convergent) devrait organiser en septembre prochain, rappellent certains proches du chef de la diplomatie, via L’OLJ. Et d’ajouter que le CPL a toujours prôné le pluralisme politique et l’ouverture sur tous les protagonistes, y compris ceux avec lesquels le parti ne s’accorde sur aucun objectif. À l’instar de toute autre formation, le CPL est en plein droit d’afficher ses ambitions pour remporter des sièges parlementaires là où il le juge convenable, poursuivent ces mêmes milieux.


(Lire aussi : L’électricité plus que jamais au cœur de la lutte pour le leadership chrétien)


Un rapprochement Marada-FL ?
Il est vrai que depuis la dégradation de ses rapports avec Sleiman Frangié, Gebran Bassil n’a jamais mâché ses mots en critiquant son ancien allié, sans réaction de la part de ce dernier. Mais dans certains milieux politiques, on rappelle que cette fois, M. Bassil a lancé une flèche à l’ex-député du Liban-Nord au cœur de son propre fief. Il faut donc s’attendre à une probable riposte des Marada à la « provocation » qu’ils ont subie, avertissent les analystes, estimant que la conjoncture dans laquelle est intervenue la tournée à Zghorta n’est pas sans rappeler des circonstances similaires de l’histoire moderne du pays, et qui avaient débouché sur certains épisodes noirs.

Quoi qu’il en soit, et face aux rebondissements qu’ont connu les relations entre Marada et CPL, les regards sont braqués sur les Forces libanaises, récemment réconciliées avec Sleiman Frangié et sa formation, et dont les rapports avec le CPL n’en finissent pas de « s’électriser ». C’est donc un probable rapprochement FL-Marada qui serait à même de faire face aux futures ambitions du courant aouniste. Sauf que contrairement à ce qu’auraient pu espérer les détracteurs du CPL, les milieux de Samir Geagea excluent, via L’OLJ, toute possible rencontre entre les deux leaders maronites, du moins pour le moment, tout en confiant que la coordination avec le CPL est toujours de mise, et que les rapports avec les Marada sont bons.


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commentaires (4)

Il est plus facile d'aller danser la dabké à Zghorta escorté par des vigiles aux frais de la princesse que d'aller affronter Israél pour préserver nos droits dans nos terres offshore des hydrocarbures.

Un Libanais

22 h 43, le 11 avril 2019

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Commentaires (4)

  • Il est plus facile d'aller danser la dabké à Zghorta escorté par des vigiles aux frais de la princesse que d'aller affronter Israél pour préserver nos droits dans nos terres offshore des hydrocarbures.

    Un Libanais

    22 h 43, le 11 avril 2019

  • Il est plus facile d'aller danser la dabké à Zghorta escorté par des vigiles aux frais de la princesse que d'aller affronter Israél pour préserver nos droits dans nos terres offshore des hydrocarbures.

    Un Libanais

    22 h 09, le 11 avril 2019

  • tant que baabda est reserve aux maronites seulement, tant que meme le patriarche des maronites libanais limite le nombre de candidats a 2 OU 3 maronites , alors que les patriarches des autres confessions chretiennes ne pipent mot, C perdu d'avance nous n'avancerons jamais. faut que tout libanais puisse acceder - si on veut bien - aux 3 presidences a tour de role. pareil aux fonctions de la 1ere Categorie. TOUT AUTRE politique est vouee a l'echec.

    Gaby SIOUFI

    15 h 42, le 11 avril 2019

  • LE PAYS SE NOIE ET CERTAIN REVE DE POUVOIR. QUELLE HONTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 20, le 11 avril 2019

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