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Liban - Polémique

Bassil et Hasbani s’écharpent autour de la santé sur fond de querelle politique

Le ministre FL s’étonne, via « L’Orient-Le Jour », qu’un congrès sur la santé soit organisé en l’absence de toute coordination avec son ministère.

Une polémique fiévreuse s’est prolongée durant le week-end entre le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et celui de la Santé, Ghassan Hasbani, alimentée par des critiques réciproques qui ont revêtu un caractère particulièrement virulent, concernant leurs prestations respectives au sein de leurs postes ministériels. La querelle s’est amorcée samedi lorsque M. Bassil a attaqué de front M. Hasbani, l’accusant de pratiquer des discriminations dans les dépenses allouées aux hôpitaux par le ministère de la Santé, discriminations commandées, selon lui, par des considérations politiques et clientélistes.

« Le plus scandaleux est la distribution politique injuste des services et dépenses sanitaires dans les régions », a lancé le ministre des AE, alors qu’il représentait le président de la République, Michel Aoun, à un « congrès national de l’Association de l’énergie libanaise pour la santé », tenu samedi à l’Université libanaise (Hadeth).

M. Bassil a affirmé à titre d’exemple que l’Hôtel-Dieu de France reçoit 7,9 millions de livres libanaises par lit et par an (…), l’hôpital al-Rassoul al-Aazam (banlieue sud de Beyrouth) reçoit 36,5 millions, l’hôpital de Aïn Ouzain (Chouf) 73,4 millions et un autre hôpital (qu’il ne nomme pas) 124 millions. « Nous avons élevé notre voix pour rectifier cette faute politique intentionnelle, mais les mises en garde que nous avons répétées intra-muros n’ont pas eu de réponse, en raison de la vassalité et de la volonté de satisfaire des parties politiques », a affirmé M. Bassil, avant d’enfoncer le clou : « Ils étaient occupés (en référence aux ministres des Forces libanaises) à inventer des histoires sur les transactions dans le secteur de l’électricité au lieu de faire face aux transactions scandaleuses pratiquées au sein de leurs ministères. » Une réponse âpre de M. Hasbani ne s’est pas fait attendre. « Après dix ans que vous avez passés au ministère de l’Énergie et de l’Eau, vous l’avez transformé en non-énergie et non-eau. Le résultat est le suivant : des eaux polluées, des égouts dans les fleuves et la mer, du gaz toxique émanant des centrales électriques et un taux de cancer qui augmente, a écrit le ministre de la Santé sur son compte Twitter, avant de poursuivre : Et vous osez tenir des propos trompeurs sur la Santé ! »

Reprenant à son compte l’expression « intra-muros » utilisée par M. Bassil, le ministre de la Santé a poursuivi : « Vous n’avez soutenu ni intra-muros ni sur les toits la proposition scientifique qui rend justice aux hôpitaux, mais l’opportunité vous est toujours ouverte. » « Depuis plus d’un an, nous avons lancé une action pour instaurer la carte de santé », a-t-il en outre écrit, indiquant que la proposition de loi autour de cette carte a été adoptée par plusieurs commissions parlementaires. « Vous n’y prêtez attention que maintenant ? Mieux vaut tard que jamais, M. le Ministre », a ironisé M. Hasbani.


(Pour mémoire : CPL-FL : chronique d’un divorce consommé ?)


Dans l’attente d’un ordre du jour
Au sujet de « la proposition scientifique » qu’il a évoquée dans son tweet, M. Hasbani indique à L’Orient-Le Jour que dès la prise en charge de ses fonctions, il a mené une étude en vue d’une répartition plus équitable des aides du ministère de la Santé. « Nous avons présenté une proposition basée sur le volume des services présentés par chacun des hôpitaux, ainsi que sur les besoins et demandes de ces hôpitaux », indique-t-il, soulignant que « cette proposition attend depuis dix-huit mois d’être inscrite à l’ordre du jour du Conseil des ministres ». « Lors de la dernière séance législative de nécessité (en septembre dernier), nous avons réclamé que la question soit débattue en dehors de l’ordre du jour, mais M. Bassil ne nous a pas appuyés », ajoute-t-il.

Et d’affirmer dans un autre tweet que « les chiffres cités par M. Bassil sur les plafonds financiers datent de 2016, plus précisément de l’époque du gouvernement de (l’ancien Premier ministre) Tammam Salam ». « M. Bassil avait participé à leur adoption, et aucun des dix ministres du Courant patriotique libre qui faisaient partie du cabinet ne s’y était opposé. »

Le ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, que L’OLJ a tenté vainement de contacter hier, est ensuite venu en renfort au chef de la diplomatie, via Twitter. « M. Hasbani vient du monde des chiffres. Or, les chiffres ne trompent pas et les procès-verbaux du Conseil des ministres sont témoins des faits. » « Par vos paroles, vous reconnaissez que vous avez reproduit le passé et vous n’avez pas réussi à arranger les choses au ministère de la Santé », a-t-il lancé à l’adresse du ministre concerné.

Du tac au tac, ce dernier a répondu en ces termes, toujours sur Twitter : « Je viens du monde des chiffres et de l’humanisme, et je souhaite que l’on soit précis sur les informations et les chiffres que l’on détient. »

À propos de ces chiffres, M. Hasbani s’étonne via L’OLJ que « le ministre des AE allègue que le budget du ministère de la Santé représente plus de 10 % du budget global du gouvernement, alors que le président de la commission du Budget, Ibrahim Kanaan, qui est du camp de M. Bassil, affirme lui-même qu’il ne constitue que 3,5 % de ce budget ».


(Pour mémoire : Feu vert de la commission des Finances pour débloquer 75 milliards de LL au profit du ministère de la Santé)


« Arrêtez de jeter de la poudre aux yeux »
À noter que M. Hasbani a écrit en début de soirée plusieurs autres tweets. « La distribution des rôles et les renvois de balles dans l’agression politique injustifiée (…) ne modifient en rien ma méthode moderne d’administrer mon ministère, une méthode qui a fait du secteur de la santé le premier dans la région, alors qu’aucun progrès n’a été réalisé dans les secteurs de l’électricité et de l’environnement », a-t-il affirmé dans l’un d’eux. « Arrêtez de jeter de la poudre aux yeux et amorcez un travail sérieux et constructif si vous en êtes capables, sinon, que vous remplacent des gens capables de produire avec moins de bruit et plus de rentabilité », a-t-il proposé dans un autre tweet.

Deux cadres des Forces libanaises se sont également invités dans la polémique. Imad Wakim, député de Beyrouth, s’est ainsi étonné de l’intrusion du ministre de la Justice, Salim Jreissati, dans la querelle, critiquant en même temps les prestations de son ministère : « Des criminels sont innocentés, des citoyens sont poursuivis pour avoir exprimé leurs opinions, l’Institut d’études judiciaires fait face à de graves problèmes, les nominations judiciaires se font sur base de clientélisme. Tous ces éléments n’ont pas attiré l’attention du ministre de la Justice, tandis qu’il est entrain de traiter de manière explicite les questions du ministère de la Santé (…) »

Fadi Karam, ancien député FL du Koura, s’est félicité pour sa part que « le ministère de la Santé n’a pas suivi les plafonds financiers des ministères de la Justice et de l’Énergie et de l’Eau ».

À la question de savoir pourquoi M. Bassil a provoqué cette escarmouche samedi, le ministre de la Santé affirme à L’OLJ que « c’est à cause d’une volonté connue de ternir l’image des Forces libanaises ». Rappelant que c’est en sa qualité de représentant du chef de l’État que le ministre des AE a participé au congrès de l’Association de l’énergie libanaise pour la santé, il s’étonne du contenu du discours du chef de la diplomatie, mettant en doute que « le président Aoun ait eu connaissance de sa teneur ». « M. Bassil ne s’est pas non plus exprimé en sa qualité de chef de parti ou de ministre débattant au sein d’un Conseil des ministres », note-t-il, déplorant dans ce cadre qu’« il a utilisé cette plate-forme, une association dans le sillage de la Lebanese Diaspora Energy (LDE), pour faire part de ses demandes politiques ». « L’événement était censé réunir des intervenants de la diaspora et un public représentant également les pays d’émigration », estime en outre le ministre de la Santé, faisant constater « l’absence de toute participation de la diaspora ».

Cerise sur le gâteau, M. Hasbani fait remarquer à L’OLJ que « ce congrès sur la santé a été organisé en l’absence de toute coordination avec le ministère de la Santé ».


Pour mémoire

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Une polémique fiévreuse s’est prolongée durant le week-end entre le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et celui de la Santé, Ghassan Hasbani, alimentée par des critiques réciproques qui ont revêtu un caractère particulièrement virulent, concernant leurs prestations respectives au sein de leurs postes ministériels. La querelle s’est amorcée samedi lorsque M....

commentaires (9)

LE COQ BATAILLEUR QUI CHERCHE BATAILLE ET SE CROIT LE SEUL DETENTEUR DES DROITS DANS LA BASSE COURS FINIT EN DEPLUME !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 37, le 05 novembre 2018

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Commentaires (9)

  • LE COQ BATAILLEUR QUI CHERCHE BATAILLE ET SE CROIT LE SEUL DETENTEUR DES DROITS DANS LA BASSE COURS FINIT EN DEPLUME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 37, le 05 novembre 2018

  • Aux prochaines élections, même a la proportionnelle, je doute fort que le CPL puisse se faire représenter... mais ne nous étonnons pas que les FL augmentent les leurs suivit des Kataeb, PNL et meme BN. Notre but 64 parlementaires chrétiens souverains!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 26, le 05 novembre 2018

  • C sympa, critiquer l'un ET l'autre des 2 ministres, pour finalement ne pas prendre position avec ou contre l'un ou l'autre.

    Gaby SIOUFI

    09 h 57, le 05 novembre 2018

  • Ben dit donc les subventions qui doivent revenir aux hôpitaux sont établit selon leur occupations et leur grosseur ... et bien sûr d autre critère encore donc ne peuvent être harmoniser mais au contraire doivent montrer une Différence ... ce qui doit être harmonisée c est les critères de sélections les mêmes pour tous et je peux dire qu ils le sont pour tous

    Bery tus

    09 h 30, le 05 novembre 2018

  • celui qui a offert sur un plateau en or le poste de directeur general de la securite generale a un Chiite, ne peut pas prononcer cette phrase: l’Hôtel-Dieu de France reçoit 7,9 millions de livres libanaises par lit et par an (…), l’hôpital al-Rassoul al-Aazam (banlieue sud de Beyrouth) reçoit 36,5 millions, l’hôpital de Aïn Ouzain (Chouf) 73,4 millions et un autre hôpital (qu’il ne nomme pas) 124 millions

    George Khoury

    07 h 45, le 05 novembre 2018

  • Bref... l'eau du linge lavé en famille gouvernementale est d'une saleté...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 19, le 05 novembre 2018

  • "Celui dont la maison est en verre devrait s'abstenir de jeter des pierres". Or Bassil n'a guère brillé au poste de ministre de l'eau et de l'énergie, c'est le moins qu'on puisse dire!

    Yves Prevost

    07 h 05, le 05 novembre 2018

  • Non, Mr Hasbani, on ne veut pas vous donner le Bon Dieu sans confession, car tout le monde sait que tous les ministères de l’état sont victimes de corruption et de clientélisme, mais à des degrés divers... Mais on voudrait vous donner le bénéfice du doute car, au moins la Santé au Liban maintient un niveau de services acceptables à la population alors que les autres ministères, tels que l’électricité et l’eau sont encore dans un état lamentable et scandaleux... On répéterait à Mr Bassil: cessez de voir la paille dans l’œil du voisin sans voir la grosse poutre dans votre œil! Il faut cesser ce jeu d’enfant gâté, qui veut s’en prendre à tout le monde pour camoufler ses propres échecs en pensant faire des gains politiques.

    Saliba Nouhad

    02 h 12, le 05 novembre 2018

  • Le budget par lit et par hôpital : De telle disparité cela fait réfléchir. l'harmonisation même approximative, est d'une grande importance et c'est même urgent dans notre pays.

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 19, le 05 novembre 2018

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