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Liban - scrutin

Partielle de Tripoli : les sunnites du 8 Mars hors course, le scrutin menacé de désaffection

Taha Nagi ne prend pas part à la compétition et Karamé appelle au boycottage.

Fayçal Karamé et Taha Nagi entourés des membres de leur liste aux législatives de mai 2018. Photo ANI

Envers et contre tous les efforts du secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, la partielle de Tripoli visant à pourvoir au siège sunnite vacant de la ville, après l’annulation de la députation de Dima Jamali (courant du Futur), semble menacée de démobilisation du fait d’un désintérêt populaire.

C’est cette impression qui se dégage après la décision, attendue et prévisible, de Taha Nagi, candidat malheureux des Ahbache (islamistes prosyriens), qui avait mené bataille en mai dernier aux côtés de Fayçal Karamé, de ne pas prendre part au scrutin partiel prévu le 14 avril, ce choix étant à même de réduire l’importance politique de la bataille, le 8 Mars étant désormais hors course.

M. Nagi a annoncé sa décision lors d’une conférence de presse qu’il a tenue conjointement avec Fayçal Karamé hier à Tripoli à l’issue d’une réunion avec les membres de la liste dont il avait fait partie lors des dernières législatives. Il a expliqué qu’il ne se présente pas pour ne pas donner à la compétition sa légitimité. Il s’exprimait quelques heures avant l’expiration du délai de dépôt des candidatures, samedi à 0h00. Il s’est par ailleurs livré à une violente diatribe contre le Conseil constitutionnel qui avait décidé de convoquer à une partielle au lieu de proclamer sa victoire. « En termes de chiffres, nous sommes vainqueurs, mais c’est une décision (politique) qui nous a fait perdre la bataille », a-t-il lancé, remerciant Fayçal Karamé pour s’être tenu à ses côtés sur toute la ligne.

M. Karamé s’en est, lui aussi, violemment pris à la haute juridiction. Soulignant que celle-ci s’est laissé aller à « un dangereux précédent » en convoquant le collège électoral à une partielle, il a déclaré: « Le CC s’est rendu coupable d’une hérésie constitutionnelle (...) sans motif logique. »

Le député de Tripoli a également accusé le CC de céder aux « flagrantes interférences politiques » et attaqué le courant du Futur, estimant que ce parti se livre à « une opération de mainmise sur le cinquième siège sunnite de Tripoli ». « La décision du CC, notamment la tenue de la partielle, est une comédie montée de toutes pièces au profit du Futur », a-t-il lancé, appelant ses partisans à boycotter le scrutin d’avril.

Si Taha Nagi a tenu à assurer que sa décision ne saurait être expliquée par des craintes quant à un éventuel échec, des observateurs interrogés par L’Orient-Le Jour soulignent que les sunnites du 8 Mars sont conscients de la difficulté de remporter la bataille face à la candidate du Futur qui bénéficie de l’appui de plusieurs ténors de la ville. Il s’agit, bien entendu, de l’ex-Premier ministre Nagib Mikati et de Mohammad Safadi, ancien ministre des Finances. Mais il y a aussi et surtout Achraf Rifi, ancien ministre de la Justice et plus grand opposant aux choix de Saad Hariri depuis 2016. À la faveur d’efforts déployés par Fouad Siniora, faucon du parti haririen, le Premier ministre est parvenu à tourner la page de sa querelle avec l’ex-ministre, le 12 mars. M. Rifi a donc accepté d’appuyer Mme Jamali.


(Lire aussi : À Tripoli, une partielle qui réserve des surprises, le décryptage de Scarlett HADDAD)


Le Futur: Gare aux approches simplistes

Le retrait de Taha Nagi de la course, doublé du large éventail de soutien dont bénéficie la formation de Saad Hariri, fait dire à certains analystes que Dima Jamali est désormais donnée favorite en l’absence de compétition sérieuse. Et pour cause: la députée déchue devrait affronter huit candidats indépendants. Il s’agit de Misbah Aouni Ahdab, ancien député de la capitale du Liban-Nord, Samer Tarek Kabbara (neveu de Mohammad Kabbara, député de Tripoli, relevant du courant du Futur), Talal Mohammad Ali Kabbara, Hamed Omar Amcheh, Mahmoud Ibrahim Samadi, Yehya Maouloud et Omar Khaled Sayyed, journaliste. Ce sont les noms annoncés à minuit par le ministère de l’Intérieur, à l’expiration du délai réglementaire pour le dépôt des candidatures. Le délai de retrait des candidatures expire mercredi prochain à minuit.

Mais Moustapha Allouche, ancien député de Tripoli et membre du bureau politique du Futur, met en garde, via L’OLJ, contre une approche simpliste de la bataille partielle. « Il est très nocif pour le Futur de se montrer très sûr de la victoire de Dima Jamali, dans la mesure où cela pourrait se répercuter sur le taux de participation au scrutin », explique-t-il, insistant sur l’importance, pour sa formation, de ramener Mme Jamali à son siège avec un score important afin de confirmer la prééminence du parti dans les rangs de la communauté sunnite.

Commentant la candidature Ahdab, M. Allouche l’interprète comme une tentative de l’ancien député de se confirmer comme un des ténors de la ville. « Mais il n’est pas à même de partager les voix des électeurs hostiles au Hezbollah, de façon à menacer notre candidate », nuance Moustapha Allouche.


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Envers et contre tous les efforts du secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, la partielle de Tripoli visant à pourvoir au siège sunnite vacant de la ville, après l’annulation de la députation de Dima Jamali (courant du Futur), semble menacée de démobilisation du fait d’un désintérêt populaire. C’est cette impression qui se dégage après la décision, attendue et...

commentaires (3)

Extrait de "l'essai sur l'histoire ancienne": d'après la légende, le Liban d'il y a 1000 ans, plus précisément en 2019, essayait toujours de comprendre ce que démocratie voulait dire. On dit que c'était un ingrédient essentiel qui manquait au peuple, la maturité, qui empêchait la compréhension de ce concept.

Wlek Sanferlou

16 h 48, le 31 mars 2019

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Commentaires (3)

  • Extrait de "l'essai sur l'histoire ancienne": d'après la légende, le Liban d'il y a 1000 ans, plus précisément en 2019, essayait toujours de comprendre ce que démocratie voulait dire. On dit que c'était un ingrédient essentiel qui manquait au peuple, la maturité, qui empêchait la compréhension de ce concept.

    Wlek Sanferlou

    16 h 48, le 31 mars 2019

  • Of course!

    Tina Chamoun

    11 h 56, le 30 mars 2019

  • Pour tout avouer , j'ai lu pour voir si Mme Yara A.A allait encore nous sortir une de ses expressions "hors course" .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 31, le 30 mars 2019

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