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Liban - Communautés

La fête nationale du 25 mars, « un rendez-vous de civilisation »

Pour Saad Hariri, « le Liban ne peut accomplir sa mission de pays-message sans l’unité de tous ses citoyens. Le 25 mars est un point de rencontre supplémentaire sur cette voie. »

Au Grand Sérail, Nagi Khoury et Mohammad Nokkari remettant l’écusson de la rencontre Ensemble autour de Marie à la députée Bahia Hariri.

Après le chef de l’État, qui avait ouvert l’année dernière les portes du palais présidentiel à la célébration de la fête nationale islamo-chrétienne à l’occasion de l’Annonciation et à la Rencontre Ensemble autour de la Vierge Marie, c’était cette année au tour du Premier ministre Saad Hariri d’ouvrir les portes du Grand Sérail à cette cérémonie.

Opéré en urgence, le chef du gouvernement s’est fait représenter à la cérémonie par la députée de Saïda, Bahia Hariri. Le ton de la cérémonie a été donné lorsque, à l’unisson, s’élèvent les sons des cloches et la voix du muezzin appelant à la prière, tandis que deux enfants récitent en chœur le Notre Père et la Fatiha. Vient ensuite la première allocution, celle de Nagy Khoury, chargé par le président de la République du suivi du dialogue islamo-chrétien, secrétaire général et coordinateur de la Rencontre islamo-chrétienne autour de Marie.

De sa voix enjouée et enthousiaste, M. Khoury a exhorté les Libanais à donner l’exemple de la modération et de la vie en commun dans « un monde aujourd’hui malade, souffrant de fanatisme, de haine, de refus de l’autre » ; un monde « où se propage la culture de l’extrémisme et de la violence commise au nom de la religion ». Pourtant, reprend-il en substance, c’est bien cette religion qui, dans le document sur la fraternité humaine signé par le pape François et le grand imam d’al-Azhar, à Abou Dhabi, en février dernier, appelle à la paix, à la réconciliation, à l’amour et à la coexistence harmonieuse. « Face aux tensions régionales, le Liban doit continuer à jouer véritablement son rôle de pays-message, de pont entre l’Occident et l’Orient, de lien entre les différentes religions », a poursuivi Nagy Khoury.

Et de dénoncer « la violence meurtrière, la radicalisation religieuse et l’obscurantisme », en appelant à œuvrer pour répandre la culture de l’ouverture, promouvoir et défendre le vivre-ensemble, afin que le Liban continue à porter haut le flambeau de la paix et du dialogue interreligieux.


(Lire aussi : Le Liban, seul pays au monde doté d'une Journée nationale pour le dialogue islamo-chrétien)


Abou Dhabi : une rencontre historique

De son côté, Daoud Sayegh, conseiller du président du Conseil des ministres, a mis l’accent sur « la rencontre historique d’Abou Dhabi entre le pape François et le grand imam d’al-Azhar ». « Cette démarche, a poursuivi M. Sayegh, est la consécration naturelle d’un rendez-vous inévitable de civilisations (…) tant au niveau de la pensée et des sciences que de la créativité humaine. Un rendez-vous perturbé par l’arrivée d’une tempête soufflant mort et destruction. »

Pour M. Sayegh, le document conjoint « est venu renforcer, non fonder, la tolérance, la rencontre islamo-chrétienne et le dialogue interreligieux étant profondément ancrés dans la conscience et les esprits des peuples orientaux ».

Quant au cheikh Mohammad Nokkari, juge des tribunaux chériés sunnites et également secrétaire général de la Rencontre islamo-chrétienne autour de la Vierge Marie, il a souligné « la primauté du rôle de la Rencontre autour de Marie dans la construction de nouveaux ponts entre les communautés ».

S’adressant au chef de l’État et au Premier ministre, le cheikh Nokkari a affirmé qu’il leur « confie la responsabilité de maintenir le pays du Cèdre au premier rang des pays œuvrant au dialogue entre les hommes et les religions ».

Plusieurs interventions, ponctuées de chants et de récitatifs à la Vierge, ont suivi, notamment celle du sayyed Ali Fadlallah, pour qui « le 25 mars ne doit pas devenir juste un rituel annuel, mais un mode de vie au quotidien ».

De son côté, le père Rifaat Badr, directeur du Centre catholique de l’information en Jordanie, a annoncé que le royaume hachémite « se dirige à son tour vers l’instauration d’une Journée nationale pour le dialogue ».


L’unité, fondement des nations

Enfin, la députée Bahia Hariri a donné lecture du discours du Premier ministre. Ce dernier a commencé par déplorer la tuerie dans les mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande, qu’il a rapprochée d’un massacre similaire perpétré dans deux mosquées de Tripoli, en août 2013. Ces attentats avaient fait 42 morts. L’Occident comme l’Orient souffrent du fléau d’un terrorisme « ambulant », a-t-il constaté.

Et de se féliciter de la décision prise en 2010 par le gouvernement qu’il présidait à l’époque de décréter le 25 mars de chaque année fête nationale chômée islamo-chrétienne : « Un pas de plus sur le chemin de notre unité nationale, renforcé par l’invocation commune à la Vierge Marie, point de convergence entre les diverses communautés religieuses du pays. »

« Dès la première minute de mon accession au poste de Premier ministre, a déclaré Hariri, j’ai réalisé que le Liban ne pouvait accomplir sa mission de pays-message sans l’unité de tous ses citoyens. Le 25 mars est donc un point de rencontre supplémentaire sur cette voie. »

« Les slogans ne construisent pas des États. Ils n’aident pas non plus à la lutte contre la corruption. Seule l’unité fonde les nations » a insisté M. Hariri.

La cérémonie a été clôturée par une prière d’intercession commune, récitée harmonieusement par des religieux représentant les dix-sept communautés du pays.


Dimension christocentrique

La fête nationale islamo-chrétienne a également été commémorée par la Rencontre internationale œcuménique des jeunes réunie sur le front de mer (Seaside Arena). Organisée à l’initiative des Églises du Liban, du Conseil œcuménique du Moyen-Orient et de la communauté œcuménique de Taizé, en France, la réunion s’est tenue sous une immense image de Jésus, donnant une belle dimension christocentrique à la rencontre internationale.

Un dîner a été offert hier soir par l’archevêché maronite de Beyrouth en l’honneur des organisateurs de la rencontre, qui a réuni quelque 1 600 jeunes du monde entier, en présence du chef de la communauté de Taizé, frère Aloïs, au restaurant d’application de l’École de gestion hôtelière de l’Université La Sagesse.


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