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Santé - Oncologie

Le cancer colorectal, une tumeur détectable et guérissable

Désormais, le FIT – un test qui consiste à détecter du sang occulte dans les selles – est adopté en première ligne de dépistage. Il est recommandé de l’effectuer annuellement à partir de 50 ans.

Le cancer colorectal peut être guéri dans plus de 70 % des cas, s’il est détecté à un stade précoce. Photo Bigstock

Annoncée en mars dernier lors de la présentation de la stratégie nationale pour la sensibilisation et le dépistage précoce du cancer colorectal, la première campagne de sensibilisation à cette forme de cancer a été lancée en grande pompe la semaine dernière, au cours d’une conférence de presse tenue au ministère de la Santé publique. Cette campagne, qui s’inscrit dans le cadre du mois de mars dédié à l’échelle internationale à la sensibilisation au cancer colorectal, revêt une importance particulière, d’autant que ce cancer constitue, selon le Registre national du cancer 2015, la quatrième tumeur la plus diagnostiquée au Liban chez les hommes après les cancers de la prostate, des poumons et de la vessie (20 nouveaux cas pour 100 000 hommes) et la deuxième tumeur chez la femme après le cancer du sein (17 nouveaux cas pour 100 000 femmes), formant ainsi 8 à 10 % de l’ensemble des cas de cancer. Selon le Registre national du cancer également, en l’espace d’une décennie, l’incidence du cancer colorectal a presque doublé, passant de 583 cas en 2005 à 1 093 cas en 2015. « Dans 80 % des cas, la tumeur est diagnostiquée à un stade très avancé, ce qui fait chuter considérablement les chances de guérison », déplore le Dr Walid Ammar, directeur général du ministère de la Santé publique et président de la commission nationale pour la lutte contre le cancer colorectal.


(Lire aussi : Zoom sur les cancers ORL et leur traitement)


Un test fiable
Malgré ces chiffres alarmants, le Liban est en retard par rapport aux pays occidentaux pour le dépistage précoce de ce cancer. En cause, « des recommandations que nous ne pouvions pas assurer sur le plan national », explique le Dr Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth. En effet, il était conseillé au Liban d’effectuer une colonoscopie, tous les dix ans, à partir de l’âge de 50 ans. Or il s’agit d’un examen cher que le ministère ne peut pas couvrir dans le cadre d’une politique nationale de dépistage précoce, au même titre que la mammographie. Désormais, c’est le test FIT qui est adopté en première ligne de dépistage. « Il s’agit d’un test fiable qui permet de détecter du sang occulte dans le sang », assure le Dr Adib, soulignant que ce moyen de dépistage est utilisé dans plusieurs pays occidentaux dont la France. « Ce test doit être effectué annuellement, à partir de l’âge de 50 ans, insiste-t-il. En cas de résultat positif, le patient est référé à un gastroentérologue pour un examen plus poussé, éventuellement une colonoscopie. Cette procédure permet de visionner le côlon et de faire un geste thérapeutique si nécessaire en réséquant les lésions suspectes qui seront par la suite envoyées à la pathologie. »

Mais tout sang détecté dans les selles n’est pas forcément un indicateur d’un cancer colorectal. « Celui-ci survient dans 4 à 5 % des cas de résultat positif », précise de son côté le Dr Ala’ Sharara, gastroentérologue à l’hôpital du centre médical de l’Université américaine de Beyrouth et membre du comité de l’Organisation mondiale d’endoscopie pour le dépistage du cancer colorectal. « La colonoscopie est également conseillée chez les personnes qui ont une histoire familiale de cancer colorectal, c’est-à-dire que la tumeur a été détectée chez un parent du premier degré, souligne-t-il. Dans ce cas, le dépistage doit être initié dix ans plus tôt que l’âge auquel le parent a été diagnostiqué, ou à partir de 40 ans. »


(Lire aussi : Cancer du poumon : agir sur les gènes TBX pourrait permettre une meilleure prise en charge de la maladie)

On peut guérir...
À l’échelle internationale, le cancer colorectal est la troisième cause de décès, faisant chaque année plus de 770 000 morts, d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé. En 2012, l’incidence du cancer colorectal était de dix-huit nouveaux cas pour 100 000 personnes, selon l’agence onusienne.

Et pourtant, ce cancer est facile à détecter et à traiter. « Il est guérissable dans plus de 70 % des cas, d’autant que nous disposons de procédures fiables qui nous permettent d’intervenir sur les polypes précancéreux », avance le Dr Sharara.

Le risque de développer un cancer colorectal durant sa vie est de près de 6 %, soit une personne sur dix-huit, selon les sociétés médicales internationales. En ce qui concerne les causes de la maladie, elles ne sont pas encore connues. Néanmoins, plusieurs facteurs de risque sont pointés du doigt, principalement l’histoire familiale. Au nombre des facteurs de risque également, le syndrome métabolique observé chez des personnes qui ont trois des cinq pathologies suivantes : obésité abdominale, hypertriglycéridémie, hypercholestérolémie, intolérance au glucose ou diabète de type 2 et hypertension, ainsi que le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et de viande rouge, surtout de la charcuterie, et la rectocolite, qui est une inflammation chronique du côlon.

À l’instar de nombreux autres cancers, celui colorectal « n’est symptomatique que lorsque la tumeur est grande, c’est-à-dire qu’elle est à un stade avancé, ou lorsqu’elle est proche de l’anus », constate le Dr Sharara, affirmant que malgré cela, « il est toujours possible de vaincre la maladie, sachant que les chances de survie à cinq ans s’élèvent à 95 % si la tumeur est diagnostiquée à un stade précoce et chutent à 20 à 25 % si celle-ci est détectée à un stade avancé ».

Si la tumeur est superficielle, « le traitement repose sur la colonoscopie », précise le Dr Sharara. « Nous avons recours au traitement endoscopique lorsque la tumeur est localisée dans la muqueuse du côlon, poursuit-il. Dans les cas plus avancés, nous avons recours à la chirurgie célioscopique. Une chimiothérapie pourrait aussi être indiquée. »


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Mode de vie sain
Prévenir le cancer colorectal rime avec un changement du mode de vie. Ainsi, il est conseillé de « privilégier les aliments riches en fibres et en antioxydants, comme les légumineuses et les fruits et légumes, et d’éviter autant que possible la viande rouge, notamment la charcuterie, et la graisse animale », recommande le Dr Adib. « Il est également souhaitable d’arrêter le tabac au cas où on est fumeur, de consommer de l’alcool de façon modérée, de perdre du poids en cas d’obésité ou de surcharge pondérale et de pratiquer une activité physique de manière régulière », ajoute-t-il, insistant de nouveau sur l’importance du dépistage.

Le test FIT n’est pas encore systématiquement couvert par le ministère de la Santé publique ni par les tiers payants. « Mais c’est un test abordable qui coûte moins de 15 000 livres libanaises, assure le Dr Ammar. Toutefois, si une colonoscopie s’avère nécessaire, le ministère de la Santé publique couvre les frais de cet examen à tous les patients qui sont pris en charge par lui. Cet examen est également couvert par les tiers payants publics et par les assurances. » Il note en outre que le ministère a adressé une lettre à tous les tiers payants publics les informant que le FIT est désormais le test de référence à adopter dans le dépistage du cancer colorectal. Ce test est disponible dans les hôpitaux gouvernementaux et privés, ainsi que dans la majorité des laboratoires.



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