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Santé - Oncologie

Cancer du sein : toutes ces questions que l’on se pose...

La tumeur mammaire est la plus fréquente chez la femme. La maladie est pourtant guérissable si elle est diagnostiquée à un stade précoce. D’où l’importance du dépistage régulier.

La campagne nationale de sensibilisation au cancer du sein se poursuivra jusqu’au 31 janvier 2019. Photo Bigstock

Le cancer du sein reste la tumeur la plus fréquente chez la femme au Liban avec 2 473 cas, selon le Registre national 2015, soit près de 37 % de l’ensemble des cancers féminins. Dans environ 36 % des cas, la maladie survient chez les femmes âgées de moins de 50 ans. En cet « Octobre rose » dédié à la sensibilisation au cancer du sein et aux moyens de prévention, le Dr Christina Khater, oncologue, fait pour L’Orient-Le Jour un tour d’horizon de la maladie. Elle insiste sur l’importance du dépistage précoce et les avancées thérapeutiques, et tire au clair quelques idées préconçues qui continuent à entourer le cancer du sein. Le point.

Quelle est la spécificité du cancer du sein au Liban ?

Le cancer du sein au Liban se manifeste à un âge plus jeune que dans les pays occidentaux. L’âge médian du diagnostic au Liban est autour de 50 ans, contre 65 en Amérique du Nord par exemple. Nous ne connaissons pas encore les causes exactes de cette différence.

Quelle est l’importance du dépistage ? Quand faut-il commencer ?

Le dépistage peut sauver des vies parce qu’il permet de détecter un cancer du sein à un stade plus précoce, donc potentiellement guérissable. Il est généralement recommandé de commencer le dépistage annuel par mammographie (souvent couplée à une échographie) à partir de 40 ans. Pour les femmes qui ont des facteurs de risque héréditaires, le médecin traitant pourra recommander un protocole de dépistage adapté.

Les rayons X subis lors d’une mammographie augmentent-ils le risque de développer un cancer du sein ?

La dose de rayons reçue lors d’une mammographie annuelle, en particulier numérique, est très faible. Il est admis que les bénéfices de la mammographie sont supérieurs aux risques encourus.

Pourquoi continue-t-on à voir des cas avancés malgré les campagnes organisées de dépistage ?

Certaines femmes ne se plient pas au dépistage, par peur du cancer, par pudeur, pour ne pas déranger leurs proches ou encore par manque d’information ou de moyens. Les deux dernières lacunes sont en partie comblées par la campagne annuelle de sensibilisation et de dépistage organisée par le ministère de la Santé et couvrant plusieurs régions (la campagne, qui se poursuit jusqu’au 31 janvier 2019, offre la mammographie gratuitement dans les hôpitaux gouvernementaux et au prix réduit de 40 000 livres libanaises dans les hôpitaux et les centres privés qui y participent, NDLR). Dans certains cas, le type du cancer est plus agressif et se manifeste entre deux dépistages.

Parfois, le cancer apparaît quelques mois après avoir effectué la mammographie. Est-ce une mauvaise lecture de la mammographie ?

La mammographie n’est pas parfaite et peut passer à côté de petites tumeurs, surtout sur des seins très denses. Dans ce cas, l’échographie peut être utile, de même que d’autres techniques complémentaires (comme la tomodensitométrie mammaire ou l’imagerie par résonance magnétique). Il arrive aussi que certains cancers soient suffisamment agressifs pour se manifester entre deux mammographies de dépistage. Enfin, il faut signaler que les dépistages, de plus en plus performants, sont en train de dévoiler un grand nombre de cancers à évolution lente et ayant un très bon pronostic. Il est important d’expliquer cela aux femmes qui ont tendance à penser que tous les cancers du sein se ressemblent.

Pourquoi les cas du cancer du sein augmentent-ils ? Cela est-il dû à des facteurs environnementaux ou au vieillissement de la population ?

L’incidence du cancer du sein augmente avec l’âge. Par conséquent, le nombre des tumeurs mammaires diagnostiquées augmente pour chaque tranche d’âge. Vu l’espérance de vie actuelle pour les femmes au Liban, en moyenne 86 ans, plus une femme avance en âge et plus elle risque de développer un cancer du sein. En fait, une femme qui vit jusqu’à 80 ans a 12 % de chance de développer un cancer du sein, soit une femme sur huit.

Par ailleurs, le dépistage permet de détecter un plus grand nombre de cancers, heureusement souvent à un stade très précoce. Même si le nombre de cas augmente, la survie après un cancer du sein s’améliore. Notre mode de vie (sédentarité, obésité, alcool, première grossesse à un âge tardif, stimulations hormonales répétées) et notre hérédité peuvent augmenter le risque. Il faut savoir cependant, que dans la grande majorité des cas, aucun facteur de risque n’est retrouvé. Toutes les femmes sont donc à risque.

Quelles sont les nouveautés thérapeutiques dans la prise en charge des cancers du sein ?

D’une part, il y a les chirurgies plus conservatrices, comme la technique du ganglion sentinelle et les chirurgies dites « oncoplastiques », qui sont efficaces contre le cancer tout en respectant l’aspect cosmétique du sein. Ces techniques assurent les mêmes taux de guérison tout en offrant aux femmes plus de confort et un aspect plus plaisant du sein.

Depuis quelques années, des tests permettant d’identifier les femmes qui bénéficieront de la chimiothérapie « préventive » ont été mis sur le marché. Ces tests sont effectués sur la tumeur opérée et visent à sélectionner les femmes qui tireront plus de bénéfice de la chimiothérapie postopératoire et à éviter une chimiothérapie inutile chez un bon nombre de femmes.

Quid des thérapies ciblées ? Et de l’immunothérapie ?

Il faut se rappeler que les récepteurs hormonaux à œstrogène et progestérone sont la cible la plus importante et la plus fréquente dans les cancers du sein. Les récepteurs hormonaux sont retrouvés dans trois cas sur quatre. Quand ils sont présents, un traitement « hormonal » est proposé, que ce soit dans les cas précoces ou avancés. Ces traitements agissent soit en bloquant des récepteurs à œstrogène, soit en diminuant drastiquement la production d’œstrogènes. Actuellement, de nouveaux médicaments, les inhibiteurs CDK4/6, permettent d’améliorer les résultats des traitements hormonaux dans les cancers du sein avancés et hormonodépendants.

Le récepteur Her-2 est une seconde cible importante. S’il est présent en abondance sur les cellules cancéreuses (un cas sur cinq), une thérapie ciblée anti-Her-2 est proposée quel que soit le stade auquel le cancer a été détecté.

En ce qui concerne l’immunothérapie, elle pourrait s’avérer utile pour les cancers dits triple-négatifs, c’est-à-dire les cancers où les récepteurs à œstrogène, progestérone et Her-2 sont tous trois négatifs. Son rôle est activement investigué pour ces cas.

Est-il possible de traiter un cancer du sein chez une femme enceinte ?

Oui. La prise en charge dépendra du trimestre de la grossesse où le cancer est détecté. Si c’est au premier trimestre, on discute d’une terminaison de la grossesse. Lors des deuxième et troisième trimestres, il est possible d’opérer le sein et même de donner une chimiothérapie tout en gardant le bébé.

Est-il vrai que l’alimentation trop grasse ou trop sucrée favorise le cancer du sein ?

Il ne faut pas diaboliser systématiquement le sucré et le gras. Il est vrai qu’une alimentation riche en graisses saturées et en sucres industriels favorise l’obésité, un des facteurs de risque reconnus pour le cancer du sein. Ceci dit, il n’est pas interdit de déguster de temps en temps un dessert, une glace ou un verre d’alcool, à condition que cela s’inscrive dans le cadre d’un mode de vie sain qui englobe une alimentation de type méditerranéen et une activité physique régulière. Le surpoids, l’obésité et la sédentarité sont à éviter. Donc, il n’y a pas de mal à se faire plaisir. Tout est dans la dose. La modération s’impose.

Est-il vrai que les parabènes et sels d’aluminium favorisent le cancer du sein ?

Malgré les rumeurs qui circulent sur la toile, il n’y a pas de données scientifiques concluantes impliquant les parabènes et les sels d’aluminium dans la survenue du cancer du sein.

Le cancer du sein reste la tumeur la plus fréquente chez la femme au Liban avec 2 473 cas, selon le Registre national 2015, soit près de 37 % de l’ensemble des cancers féminins. Dans environ 36 % des cas, la maladie survient chez les femmes âgées de moins de 50 ans. En cet « Octobre rose » dédié à la sensibilisation au cancer du sein et aux moyens de...

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