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Liban - Écologie

Le recyclage et le réemploi à l’honneur aux Dunes Verdun

La galerie marchande accueille, pendant une semaine, les stands de plusieurs associations engagées en faveur de la valorisation des déchets.

Les associations proposent à la vente des objets du quotidien conçus à partir de matériaux de récupération.

Une exposition dédiée au recyclage et au réemploi au cœur d’un centre commercial, temple de la consommation s’il en est ? L’image peut surprendre, mais c’est le pari que relève la poignée d’associations qui investissent cette semaine la galerie commerçante des Dunes, rue de Verdun, dans le cadre de l’« Exposition des innovations et des success stories dans le domaine du recyclage ». Lancé à l’occasion de la Journée mondiale du recyclage, lundi 18 mars, l’événement donne à voir la myriade de solutions possibles pour réutiliser ses déchets de manière utile et écologique. Face aux enjeux liés au traitement des ordures ménagères au Liban, les ONG souhaitent montrer que tout déchet renferme encore de la valeur, à condition de savoir l’exploiter. L’exposition se tient chaque jour de midi à 21 heures, jusqu’au samedi 23 mars, à l’étage inférieur du centre commercial.

Instigatrices de ce mini-Salon, les associations Operation Big Blue et Cedars for Care ont installé au centre des stands leur « eco gallery », qui présente des objets et des meubles à vendre, créés à partir de matériaux recyclables. Les bénéfices serviront à financer les projets des deux ONG. « On espère pouvoir acheter un tracteur qui pourra nettoyer les plages libanaises », explique Souhaila Edriss, désignant une image en carton grandeur nature de l’engin espéré. Les caisses de vin et palettes de chantier ont été métamorphosées en poufs et en tabourets dans son atelier situé à Hamra. « Et si certains veulent des idées pour réutiliser leurs propres déchets, ils peuvent nous écrire et venir à l’atelier ! » invite avec entrain la militante.

Pour montrer que le réemploi est à la mode, les deux associations ont convié à leurs côtés des acteurs menant des ateliers similaires, comme Papyrus, une des nombreuses branches de la Fondation Imam Sadr, qui se concentre sur la réutilisation de déchets en papier. « L’artisanat présenté ici a été réalisé avec huit femmes et cela leur a permis d’acquérir un savoir-faire et leur donne des opportunités économiques », précise Badrieh Osta, artiste et responsable du projet, tout en tricotant un porte-clefs composé d’opercules de cannettes.

À quelques mètres de là, positionné en face du McDonalds, le stand de Fady Sayegh attire l’œil. Ce Beyrouthin à la cinquantaine de printemps, en fauteuil roulant depuis un accident, présente avec fierté les meubles et ustensiles qu’il a imaginés à son domicile pour faciliter les gestes du quotidien, à l’image de ces étagères modulables bricolées à partir d’un four de boulangerie. L’inventeur astucieux veut montrer que chaque objet peut connaître une seconde vie. « En plus, ça ne m’a rien coûté du tout ! » ajoute-t-il avec malice, déployant une antenne télé qu’il utilise comme crochet pour se saisir d’objets éloignés.

Si l’exposition se concentre sur la partie la plus ludique du traitement des déchets, à savoir leur réemploi de manière créative, l’enjeu des associations est aussi de sensibiliser le public à l’épineuse question de la gestion des déchets et du recyclage au Liban. La Fondation Makhzoumi, fondée par l’homme d’affaires éponyme, présente ainsi l’initiative Yalla Nefroz, qui consiste à mettre à disposition des écoles et des municipalités une benne destinée à recevoir les ordures recyclables, que l’association collecte ensuite régulièrement. « Nous sensibilisons au préalable les écoliers au tri sélectif », précise Ilhem Khelifa, coordinatrice de projet. Khalid, bénévole pour Cedars for Care, invite de son côté les visiteurs à signer la pétition de la « Waste Management Coalition » contre l’incinération des déchets. « Le gouvernement a décidé de récupérer tous les déchets et de les brûler, alors qu’il y a d’autres moyens de les traiter, comme les recycler ou les réutiliser », explique l’étudiant en finance.

« On a les solutions, mais le gouvernement ne les applique pas », souffle Souhaila Edriss, et ce sont les associations qui doivent prendre le relais des municipalités pour s’occuper du recyclage des déchets ! Malgré ce constat amer, les associations veulent montrer à chaque citoyen qu’il est possible d’agir à son échelle en faveur du recyclage. Il faut respecter le principe des trois R : « réduire », en limitant nos déchets, « récupérer », en réutilisant les déchets valorisables, et enfin « recycler », explique Khalid, qui évoque aussi la possibilité de faire soi-même son compost.

Une exposition dédiée au recyclage et au réemploi au cœur d’un centre commercial, temple de la consommation s’il en est ? L’image peut surprendre, mais c’est le pari que relève la poignée d’associations qui investissent cette semaine la galerie commerçante des Dunes, rue de Verdun, dans le cadre de l’« Exposition des innovations et des success stories dans le domaine du...

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