La députée indépendante Paula Yacoubian a dénoncé lundi l'existence d'un "consensus pour protéger la corruption", affirmant que "le pouvoir politique s'est ligué" contre elle, alors qu'elle s'est attirée ces dernières semaines les foudres du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et du Premier ministre Saad Hariri, sur fond d'accusations de corruption.
Lors d'une conférence de presse, Mme Yacoubian a affirmé qu'il existe "un consensus pour protéger la corruption et les corrompus". "Je ne fais rien hors du cadre de la loi", a-t-elle affirmé, soulignant que le pouvoir politique "s'est ligué" contre elle. Ces responsables "n'ont pas d'autres armes pour se protéger que de détourner l'opinion publique sur les réseaux sociaux", a-t-elle souligné, affirmant qu'elle a été la cible de campagnes "ciblant sa vie privée". "Il y a une véritable organisation de la corruption dans le pays", a-t-elle accusé, soulignant qu'elle n'avait "aucun intention" d'arrêter de lutter contre cette corruption. Elle s'est notamment interrogée sur la présence "au sein du ministère de l'Energie d'une ONG qui reçoit 4 millions de dollars par an", annonçant qu'elle allait présenter un dossier à la justice à ce sujet. Elle a également soulevé le fait que le ministère de l'Energie n'importe du fioul pour alimenter les centrales "que via des importateurs privés", appelant l'institution à "importer directement" les hydrocarbures, "comme tous les autres pays du monde".
Ces derniers temps, Paula Yacoubian, ancienne journaliste, s'est attirée les foudres du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, ainsi que du Premier ministre et chef du Courant du Futur, Saad Hariri, de même que son ancien bras droit, Nader Hariri, le tout sur fond d'accusations de corruption. Fin février, lors d'une émission de télévision, Mme Yacoubian avait déclaré qu’il y avait beaucoup de points d’interrogation concernant l’implication de M. Bassil dans l’affaire des navires-centrales et indiqué avoir demandé au procureur général d’entendre M. Bassil sur cette question. "Le fait qu’une seule partie, le Courant patriotique libre, détienne le portefeuille de l’Énergie depuis 10 ans est assez effrayant, d’autant plus que rien n’a été fait (au sein de ce ministère)", avait lancé la députée. Elle avait ensuite accusé Gebran Bassil et Nader Hariri d’être à l’origine du marché douteux articulé autour des navires-centrales, tout en assurant que M. Bassil avait obtenu une commission de 8 %.
La députée a par ailleurs déclaré que les raisons pour lesquelles elle a été désavouée par Sabaa sont liées "à des problèmes personnels" avec le secrétaire général du parti Jad Dagher.
La semaine dernière, le parti Sabaa, issu de la société civile, qui avait soutenu la candidature de Mme Yacoubian aux élections législatives, avait annoncé se démarquer de cette dernière, notamment en raison de son "refus d’exercer la pression (au sein du Parlement) pour faire adopter la proposition de loi sur le recouvrement des fonds pillés" et de déclarer son patrimoine financier".
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16 h 00, le 19 mars 2019