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À La Une - Nouvelle-Zélande

Les Néo-Zélandais rendent un hommage émouvant aux 50 fidèles tués à Christchurch

"Nous nous tenons au côté de nos frères et sœurs musulmans", peut-on lire sur une grande banderole prés d'un des sites où s'entassent des fleurs, dans un mémorial improvisé.

Deux femmes s'enlaçant devant la mosquée al-Nour de Christchurch, deux jours après la tuerie qui a fait une cinquantaine de morts, le 17 mars 2019. Photo REUTERS/Jorge Silva

Les Néo-Zélandais multipliaient dimanche les hommages émouvants à la mémoire des 50 fidèles tués vendredi dans deux mosquées de Christchurch, alors que le voile se lève progressivement sur le déroulement d'un massacre qui a aussi donné lieu à des actes héroïques.

De nombreux habitants de Christchurch ont recommencé dimanche à sortir de chez eux pour aller déposer fleurs et mots près des deux lieux de culte pris pour cible par Brenton Tarrant, un extrémiste australien de 28 ans qui, lors de son inculpation samedi, a fait de la main un signe de reconnaissance des suprémacistes blancs.

"Nous nous tenons aux côtés de nos frères et sœurs musulmans", peut-on lire sur une grande banderole près d'un des sites où s'empilent des fleurs dans un mémorial improvisé. Dans tout le pays, un élan de solidarité interconfessionnelle a été observé, avec notamment des millions de dollars de dons et des achats de nourriture halal destinés aux victimes.
Des fidèles de l'Eglise anglicane de Christchurch ont prié dimanche dans leur "cathédrale en carton" bâtie après le terrible séisme de 2011. "Nous avons appris que dans les temps d'épreuves, il était bon de se retrouver ensemble", a déclaré le doyen Lawrence Kimberley.



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De trois à 77 ans
Les autorités se préparaient dimanche à remettre les premières dépouilles des victimes à leurs familles, de plus en plus impatientes de procéder aux funérailles. La coutume musulmane prévoit l'inhumation du corps dans les 24 heures suivant le décès.
"On fait un scan de tous les défunts, leurs empreintes sont relevées, on retire les objets qu'ils portaient ou avaient sur eux", a expliqué la Chief Coroner Deborah Marshall, qui dirige l'enquête.

La Première ministre Jacinda Ardern, qui a fait deux apparitions publiques, un voile noir sur ses cheveux pour témoigner sa solidarité à la communauté musulmane, a annoncé dimanche que les premières dépouilles seraient restituées dimanche soir, et les dernières d'ici mercredi.

Quatre femmes figurent parmi les victimes âgées de 3 à 77 ans, selon une liste encore incomplète. Plusieurs victimes étaient natives de la région mais plusieurs autres étaient des immigrés originaires de pays éloignés comme l'Egypte ou la Jordanie.

Les victimes venaient des quatre coins du monde musulman, a souligné Jacinda Ardern. Quatre Égyptiens, un Saoudien, un Indonésien, quatre Jordaniens, six Pakistanais et cinq Indiens figurent notamment parmi les victimes.



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"Viens par ici" 
Quarante-huit heures après la tragédie, le déroulement de la tuerie se précise avec les témoignages des rescapés, dont certains relatent de véritables actes d'héroïsme.

Comme Abdul Aziz, Australien d'origine afghane, qui était avec ses quatre enfants dans la mosquée de Linwood quand il s'est précipité vers le tireur. Après avoir entendu un de ses fils lui crier de se mettre à l'abri dans la mosquée, Abdul s'est emparé d'un fusil vide laissé par le tueur en lui criant plusieurs fois "Viens par ici!" dans le but de l'éloigner de la mosquée. "Je voulais juste sauver autant de vies que possible, quitte à perdre la mienne", a-t-il dit à l'AFP. Abdul Aziz a continué à poursuivre le tireur qui s'enfuyait en voiture avant d'être interpellé.



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 Le "pardon" 
Farid Ahmad, lui, a perdu son épouse Husna, 44 ans, tuée alors qu'elle aidait à sauver des fidèles. Mais son mari se refuse à sombrer dans la haine à l'égard de Brenton Tarrant, un "fasciste" autoproclamé qui a expliqué ce massacre et les deux années de sa préparation dans un long "manifeste" islamophobe de 74 pages. A la question de savoir s'il pardonnait au tueur, Farid Ahmad a répondu: "Bien sûr. La meilleure chose, c'est le pardon, la générosité, l'amour et l'affection".

Mme Ardern a révélé dimanche que son cabinet avait reçu ce "manifeste" neuf minutes avant le début du carnage. "Il n'incluait aucun lieu ni aucun détail spécifique", a-t-elle dit, ajoutant que le document avait été aussitôt transmis aux services de sécurité.

Les autorités ont également indiqué que 34 blessés demeuraient hospitalisés. Parmi eux, la petite Alin Alsati, quatre ans, entre la vie et la mort, après avoir été touchée par au moins trois balles alors qu'elle se trouvait avec son père dans la mosquée al-Nour. Son père jordanien, également blessé, avait récemment émigré en Nouvelle-Zélande.


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Aéroport fermé 
Cette tragédie a provoqué une onde de choc en Nouvelle-Zélande, pays de cinq millions d'habitants dont 1% se disent musulmans, réputé pour sa douceur de vivre et sa tradition d'accueil.

Émotion également en Australie, par delà la mer de Tasman. Une image de fougère argentée, symbole de la Nouvelle-Zélande, a été projetée sur l'opéra de Sydney.

Lundi, Mme Ardern réunira son cabinet pour discuter d'un éventuel durcissement des législations sur les armes. Le gouvernement doit prendre connaissance des conclusions des services de renseignement sur la façon dont un Australien ne cachant pas ses sympathies fascistes a pu se procurer un tel arsenal d'armes sans attirer l'attention des autorités.

Après 48 heures d'avertissements officiels sur le niveau de sécurité, la police de Christchurch a finalement appelé les Néo-Zélandais à reprendre leurs activités normales. La tension reste cependant palpable dans l'archipel après la fermeture dimanche soir de l'aéroport de Dunedin en raison d'un colis suspect.



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De nombreux habitants de Christchurch ont recommencé dimanche à sortir de chez eux pour aller déposer fleurs et mots...

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