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Liban - Libertés

Le Liban épinglé par Amnesty

Torture, répression de la liberté d’expression, droits des femmes, des réfugiés et des minorités... Le rapport régional annuel de l’organisation internationale rendu public hier évoque de nombreuses violations en 2018.

Une exposition de photos a été organisée en même temps que la conférence de presse pour présenter le rapport annuel régional 2018 d’Amnesty International.

Dans son rapport annuel publié hier, Amnesty International a accusé les différents appareils sécuritaires libanais d’avoir « arrêté et interrogé de nombreux défenseurs des droits de l’homme, des militants politiques pacifiques et des personnes ayant critiqué des responsables politiques, religieux et économiques sur les réseaux sociaux ». Les droits des personnes arrêtées ont été violés, ajoute le rapport, et lors des interrogations, leurs données personnelles ont été consultées sans autorisation. « De nombreux militants arrêtés ont été la cible de chantage et ont été obligés de s’engager à ne plus participer à certaines activités, en échange de leur libération », affirme le rapport.

Amnesty reproche par ailleurs aux responsables libanais de n’avoir rien mis en œuvre depuis l’adoption, en septembre 2017, de la loi contre la torture. « L’Institut international pour les droits de l’homme, mandaté pour superviser la mise en application de cette loi, est toujours inactif, le gouvernement n’ayant pas alloué de budget indépendant à cette institution et n’ayant pas nommé les cinq membres requis pour former le Mécanisme international de prévention contre la torture », souligne-t-elle.

L’organisation évoque dans ce contexte le témoignage de l’acteur Ziad Itani, emprisonné de manière injustifiée pendant trois mois et demi sur base de fausses accusations d’espionnage pour le compte d’Israël, et qui a affirmé avoir été « battu, attaché, pendu par les poignets, frappé à la figure, menacé de viol et de représailles contre sa famille » pendant sa détention. « Les autorités libanaises n’ont pas enquêté sur ces allégations », souligne le rapport.

« Lois discriminatoires »

En ce qui concerne les réfugiés syriens au Liban, l’ONG dénonce « les difficultés financières et administratives » auxquelles ils font face pour obtenir ou renouveler leur permis de résidence au Liban, « ce qui les expose à un risque constant d’arrestations arbitraires, de détention et de retours forcés en Syrie ». Elle salue toutefois la décision prise en août par le ministre de l’Intérieur de faciliter l’inscription des naissances de Syriens au Liban, avec effet rétroactif pour la période s’étendant de janvier 2011 à février 2018.

Amnesty dénonce encore les « lois discriminatoires » à l’égard des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens, qui les empêchent d’« acheter une propriété ou d’en hériter, d’accéder aux services de santé et d’éducation publics et d’exercer au moins 36 professions ». « Au moins 3 000 réfugiés palestiniens qui n’ont pas de documents d’identité officiels font face à encore plus de restrictions et ne peuvent pas enregistrer leurs naissances, mariages et décès », souligne encore le rapport.

Droits des femmes et des LGBT

Se penchant ensuite sur la situation de la femme libanaise, Amnesty reproche aux « codes pénal et de statut personnel de continuer à discriminer les femmes ». L’organisation souligne que dans de nombreux cas, des femmes ont été accusées d’adultère par des maris ou proches « pour se venger » et dénonce la criminalisation de certains services relatifs à la santé féminine, notamment l’avortement.

Amnesty fait également mention de « pratiques discriminatoires » à l’égard des travailleuses domestiques étrangères, dénonçant « le système de la kafala qui restreint les droits à la liberté de mouvement, l’éducation et la santé ».

L’ONG fait par ailleurs état d’informations selon lesquelles « la police continue de harceler et maltraiter les personnes LGBT, surtout dans les communautés réfugiées et migrantes ». L’organisation dénonce l’interdiction de plusieurs événements organisés par la communauté LGBT à Beyrouth, et notamment la Beirut Pride, et l’incarcération temporaire de son organisateur. Elle accueille toutefois favorablement la décision prise en juillet par une cour d’appel libanaise, qui reconnaissait que des relations consensuelles entre personnes de même sexe ne constituent pas « un acte criminel ».

Amnesty salue par ailleurs l’adoption de la loi pour la création d’une commission nationale chargée d’enquêter sur le sort des milliers de personnes disparues ou enlevées lors de la guerre civile (1975-1990), réclamée depuis plus de trente ans par les familles des victimes et plusieurs associations.

Amnesty mentionne également l’adoption, en novembre, par le Parlement de la loi sur la gestion des déchets « malgré les nombreuses inquiétudes concernant ses conséquences pour la santé des citoyens et l’environnement ». Cette loi vise à permettre au secteur privé de construire des usines de traitement des déchets solides et de les transformer en énergie électrique, pour la vendre à Électricité du Liban. La Coalition civile pour la gestion des déchets (rassemblement de la société civile) avait qualifié cette loi de « dangereuse », disant craindre une prolifération des incinérateurs dans les régions. L’organisation souligne en outre que « l’accès aux services de base, comme l’électricité et l’eau, reste sévèrement limité dans le pays ».

Dans son rapport annuel publié hier, Amnesty International a accusé les différents appareils sécuritaires libanais d’avoir « arrêté et interrogé de nombreux défenseurs des droits de l’homme, des militants politiques pacifiques et des personnes ayant critiqué des responsables politiques, religieux et économiques sur les réseaux sociaux ». Les droits des personnes...

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